Arbre de Noël au choix...

Conte de Noël :

Joseph n’avait jamais eu de chance, sa femme après les couches en mettant au monde leur fils Robert, fut emportée par une vilaine maladie inconnue de la science et des gens du village.

Il avait hérité de ses parents une petite maison et de son jardin ainsi que d’une écurie où il rangeait ses outils et tout le matériel de jardinage. Le jardin n’était pas très grand mais il y avait assez de place pour planter des légumes, de quoi lui assurer une "suffisance alimentaire".

Un soir qui ressemblait aux autres soirs, sans prévenir, âgé de dix huit ans, son fils le quitta sans dire adieu. Ce fut terrible pour Joseph, qui ne comprenait pas ce départ précipité et depuis lors, vue de loin, la petite propriété paraissait abandonnée au point que les gens du village voyaient l'état du jardin qui avait été bien entretenu, se disaient entre eux : "mais que pouvait donc faire cet homme toute la journée, il ne sortait pratiquement jamais à part le dimanche pour se rendre à la messe de dix heures, boire un verre au bar de la gare et vite rentrer chez lui".

Ainsi le temps passa, jamais il n’avait de nouvelles de son « fils prodigue », et souvent il se demandait ce qu’il était devenu et de quoi pouvait-il bien vivre.

Un matin qui ressemblait aux autres matins, se présenta à lui, un petit homme robuste et très vaillant qui souhaitait se mettre à son service au prix dérisoire d'une bonne soupe de légumes et de l'hébergement. Cet étranger bosseur remit rapidement le jardin en état, comme il était avant le départ de Robert.

Lors d’une conversation, Joseph apprit que l’inconnu s’appelait Aldo et qu’il était d’origine italienne. Depuis le début de leur rencontre, il s’était pris de sympathie pour cet étranger discret et bosseur; il lui expliqua qu’il avait un fils qui était parti il ne savait où et qui n'était  jamais revenu. Où pouvait-il bien être, nul ne le savait. Certains disaient qu’il était à Paris quand d’autres imaginaient qu’il avait dû se jeter dans le vieux port. La Police et la Gendarmerie firent de vaines recherches. C’est très dur, disait Joseph,  cherchant dans le regard de son interlocuteur une sorte de compassion.

Un soir qui ressemblait aux autres soirs, Aldo donna à Joseph les explications qui manquaient à toutes ses questions : "Robert disait-il, s’en voulait beaucoup d’avoir laissé ainsi son vieux père, mais l’attrait de l’aventure et un changement de vie étaient devenus pour lui indispensables et sa priorité. C’est ainsi qu’ils s’étaient retrouvés ensemble engagés à la Légion étrangère. Robert a été grièvement blessé et décéda. Avant de mourir, il demanda à Aldo, qui n’avait pas de famille, de venir à la maison de son Père tenir un temps la place qu’il n’avait pas tenu et donner ainsi un peu de réconfort à cet homme qui devait se sentir abandonné de tous".

Joseph prit ce message comme un don du ciel et un grand soulagement l’envahissait. Il retrouvait son fils et acceptait tout naturellement la mission généreuse du jeune homme. Petit à petit Aldo se sentait de plus en plus chez lui.

Parfois, les déments qui envahissaient la tête d'Aldo devenait franchement incontrôlables, alors pris de folies, il finissait par faire peur aux gens du village en s’acharnant, après boire, à taper sur les poubelles et en faisait grand bruit, chantant à hurler des chants légionnaires au point de réveiller ceux qui dormaient. Au comble de sa détresse, il allait ouvrir le poulailler de la bonne mère Germaine qui lui lâchait aux fesses son vieux chien "Clovis", bref, de quoi brosser un tableau original pour un peintre inspiré d'une scène campagnarde insolite.

En fait, Aldo pensait pouvoir, ainsi, se débarrasser des souvenirs qui l'envahissaient depuis son retour à la vie civile et tout rentra dans le calme quand il décida de prendre épouse en la personne d’une très charmante jeune fille prénommée "Claire".

Quelques années plus tard, on vit sur la place de l’église une famille qui s’en allait à la messe de minuit, l’ambiance de Noël opérait et envahissait l’atmosphère. Joseph tenait à la main le petit Robert, fils d’Aldo et de Claire. Une famille venait de naître.

Ce soir là, qui ne ressemblait pas aux autres soirs, dans le jardin, à côté d’une plaque où Aldo avait gravé le nom de son ami légionnaire, une splendide rose s’épanouissait au clair de lune.

CM