L’autre jour deux de mes amis dînaient dans un marché couvert dont le centre a été transformé en zone de restauration aux saveurs les plus diverses où les repas se prennent, le soir, au son de petites formations de jazz, au cœur d’une belle ville européenne. Soudain, l’un d’eux vit un homme, la trentaine, barbe de trois jours,  cheveux à la Cabu,   pantalon tirebouchonné,   blouson léger pour la saison, chaussé de daim. Dans une main l’homme portait une petite sacoche d’ordinateur dans l’autre un sac à dos presque vide ; il se colla dos au mur à moins de deux mètres de mes amis. Celui d’entre eux qui lui faisait face fut surpris par l’attitude de l’individu qui n’avait pas l’aspect d’un clochard ou du SdF de nos villes. Il regardait à la ronde comme cherchant quelqu’un… au bout d’un long moment il posa ses sacs à terre et ne bougea plus. Comme planté là ! Mon ami qui l’observait, ressentit une sorte de malaise et le signala à celui avec qui il partageait le dîner. En effet l’homme intriguait. Mon ami imagina cet homme en difficulté. Cela lui gâcha un peu   le plaisir du repas et, à la fin, il décida de s’adresser à l’inconnu. S’étant excusé de son indiscrétion, il demanda à l’homme s’il cherchait quelqu’un, quelque chose… Le mystérieux inconnu lui répondit que non. Il venait là pour trouver une certaine tranquillité, ce que mon ami traduisit par chaleur. Insistant, il lui demanda s’il avait mangé. Oui, un croissant. Mon ami jugea cela insuffisant, l’autre lui assura avoir mangé une soupe à midi, qu’il résidait dans le coin et que « tout le monde le connaissait ». Mon ami décida d’aider l’homme en lui offrant une somme qui lui permettrait de se restaurer. L’inconnu refusa d’accepter à plusieurs reprises. Manifestement il avait honte et  dit plusieurs fois à mon ami : - Si vous me donnez cet argent c’est que vous attendez une contrepartie. Non, mon ami l’a rassuré, il n’en attendait aucune, même pas un remerciement et, joignant le geste à la parole, il glissa un billet dans une poche du blouson de l’inconnu. Et il partit. Bien sûr, le bénéficiaire de cette générosité anonyme dut remercier, mais mon ami ne l’entendit même pas. Déjà parti il n’attendait rien en retour.

Par une étrange coïncidence, le lendemain de cet événement j’adressais à cet ami le texte qui suit pour lui demander un avis à son sujet…


 

La générosité, ça s’apprend ?

 

Etre généreux dit-on, c’est donner sans compter ou plus qu’on serait tenu de le faire. En fait, on considère qu’une personne est généreuse si elle donne des objets, de l’argent aux autres, de son temps, de ses conseils ou qu’elle s’implique au profit d’une œuvre de bienfaisance.

Mais est-ce bien de la générosité ou plutôt un moyen pour se faire aimer et être reconnue comme étant une bonne personne et recevoir ainsi quelque chose en retour?

La générosité pure n’existerait-elle pas?

Nous avons tout au long de notre vie rencontré des personnes généreuses qui étaient déçues lorsque les gens envers lesquelles elles avaient été prodigues refusaient de les aider…

Ces personnes déçues l’étaient parce qu’elles attendaient quelque chose en retour. Donner véritablement, c’est donner pour le plaisir égoïste de donner, ceux qui disent aimer leur prochain mais qui ont de la difficulté à ne rien recevoir en retour, ne sont pas de véritables personnes généreuses.

Pourtant, donner et recevoir vont de pair puisque si l’on donne, même au plus pauvre, celui-ci donne quelque chose en retour… ne serait-ce que son sourire !

Être généreux, ça s’apprend et quand vous donnez avec amour du prochain, vous devenez une personne généreuse. Souvenez-vous et n’oubliez surtout pas le plaisir de donner sans vous inquiéter de ce dont vous pourriez récolter en retour.

Pensez à donner, vous ne pouvez pas imaginer le nombre de gens qui souffrent et la prise de conscience de leur situation miséreuse, ne saurait nous laisser indifférents et sans réaction.

Nous vous invitons à être généreux à défaut… solidaires.

AM et CM