Intrusion au camp de Carpiagne…

Jeune homme de 84 ans, Lucien Troiani est un de ces anciens en pleine forme, membre de l’Amicale d’Aubagne, qui réside à quelques encablures du camp de Carpiagne, fief du 1er Régiment Etranger de Cavalerie.

Vendredi 12 juin 2020, jour qui ressemble aux autres jours, Lucien comme à son habitude s'en allait de bon matin se balader au gré du vent qui le poussait, sans orientation particulière, en direction de n’importe où, guidé par le seul hasard.

Lucien n’avait que de bons souvenirs de ses escapades sauvages, il faut dire que Dame Providence avait toujours été très généreuse et attentionnée à rendre ses aventures agréables et notre ancien n’en gardait que de très bons souvenirs.

Ainsi donc, ce vendredi au tout début de l’après-midi, au cours de son parcours hasardeux, il se retrouva devant une magnifique grande bâtisse, érigée au beau milieu de nulle part.

Sortant du bois, débouchant sur une clairière, Lucien vit arriver vers lui, à grande vitesse, un véhicule militaire avec deux légionnaires à son bord.

Pour Lucien ce fut un véritable coup de cœur, il lui sembla revivre le temps où il était légionnaire, par un miracle incompréhensible, il était projeté dans le passé à revivre le temps où il était encore en activité de service dans cette Légion à laquelle il avait donné toute sa jeunesse.

Rapidement, la réalité s’imposa à lui; il venait, tout simplement, de s’introduire dans un terrain militaire, lieu de prédilection du 1er Régiment Etranger de Cavalerie, précisément au lieu dit : « La Gélade », et venait d’être intercepté par une patrouille sanctionnant sa pénétration en zone interdite !

Par bonheur, Lucien pouvait justifier de son identité, il ne se séparait jamais de sa carte de membre de son Amicale justifiant son identité d'ancien légionnaire. Transporté au Poste de Sécurité du camp, son aventure ne manqua pas d'amuser les jeunes légionnaires du service de garde qui étaient ravis de voir cet Ancien. Enfin, pensaient-ils, une distraction digne d'intérêt qui  venait casser l'horrible ennui d’un service de garde, bien entendu très honorable, mais où jamais rien ne venait bousculer la monotonie d'une rigoureuse routine habituelle.

Informé par le président des sous-officiers, le major Amilear Licurgo et l’adjudant Stéphane Trévien, le président de l’Amicale, le capitaine (er) José Gil, n’en croyait pas ses oreilles. Néanmoins, il récupéra rapidement son Ancien.

Sur le chemin du retour vers son domicile, Lucien n’avait que des propos élogieux et enthousiasmes quant à l’accueil que lui avaient réservé ces jeunes gens admirables à ses yeux. Naïvement (en apparence), il demanda à son Président: « si par le meilleur des hasards qui lui ont jamais fait défaut, il pouvait reprendre du service dans ce beau Régiment, pourquoi pas en tant que réserviste et rejoindre ainsi ses nouveaux camarades ?"

En conclusion à cette aventure originale, Lucien, inconsciemment, faisait sienne la devise inscrite en gras sur la vitre du siège social de son Amicale: « Légionnaire un jour, légionnaire toujours ».

Annecdote offerte par le Cne (er) José GIL, recueilli par CM.