Les souvenirs nous jouent des tours. Nous en avons tous fait  l’expérience; ils sont souvent d’une couleur qui est celle de la nostalgie, embellis d’une part d’émotion. « Les souvenirs nous jouent des tours » surtout quand ils sont refoulés et que notre histoire parfois, ressemble bien à une boussole qui oriente nos opinions, ainsi, cela devrait-il être…

« La mémoire nous joue des tours » lorsqu’elle est manipulée et quand elle se présente en une question collective. Elle n’est jamais totalement innocente…

En un temps, je me souviens, j’étais accompagné dans mes pensées par mon ami PYC (Louis Perez Y Cid) afin de réaliser une “BD” sur les maîtres du monde. Il est vrai qu’en prenant l’habitude de se réunir pour traiter des problèmes planétaires, les responsables des Etats les plus influents et les plus riches de la planète avaient imprudemment accrédité l’idée d’un directoire ou d’un gouvernement mondial. Nous trempions dans le mystère des sectes, des rapports de forces obscures et notre héros finissait par échapper de mille et une façons à tous les pièges, ses missions étaient toutes impossibles…

Ainsi les rendez-vous de l’oligarchie mondiale, ce mal dissimulé, s’était coagulé, l’anonymat des processus orientait un cerveau impitoyable qui tirait les ficelles et dirigeait les opérations secrètes. Ces Dieux de l’univers renforçaient les contrôles. Notre scénario semblait insubmersible, nous y ajoutions la grande rébellion de la jeunesse contre la conspiration des prédateurs: “la mondialisation de l’économie avait fait naître la mondialisation d’une génération qui avait soif d’égalité, de justice et qui refusait la fatalité du chacun pour soi”. Pour nous, la “BD” était sur rails, elle ne pouvait qu’être un succès. L’histoire nous a rattrapés, les printemps arabes et l’Etat Islamique ont tout changé, les puissants n’étaient plus ce qu’ils étaient et affichaient leur impuissance, le scénario était à revoir, plus rien ne se tenait. C’était devenu pour nous une affaire à suivre… Qui sait ?

SUITE:

Pour concrétiser les derniers mots de mon billet ci-dessus, j’évoquerai Jacques Derrida, philosophe français qui a souvent dérangé bien des gens en France, et ailleurs, où il était surtout connu pour ses prises de position, écrivait: “à l’idée communiste, à l’idéal de justice qui a guidé et inspiré tant d’hommes et de femmes communistes, tous étrangers à quoi que ce soit du genre “Goulag”, on ne fera jamais correspondre en parallèle ou en équivalent, voire en opposé, en comparaison avec l’idéal nazi de justice. Autrement dit, conduite directe à Auschwitz”.

Ainsi, parler de totalitarisme affirme encore Derrida: “Ce n’est pas faire œuvre de compréhension, c’est faire acte d’allégeance à l’ordre libéral en étouffant la différence pourtant criante entre une perversion accomplie et le projet perverti de mettre fin à l’exploitation et à la misère”. Il n’en reste pas moins vrai que Derrida n’avait certainement pas lu Léon Trotski qui, deux ans avant son assassinat, proclamait l’idéal représenté par l’idée de: “l’abolition du pouvoir de l’homme sur l’homme justifie et même exige le crime: l’abolition violente de tous les liens moraux entre les classes ennemies”.

Derrida oublia également Robespierre qui, dans sa volonté de substituer la morale à l’égoïsme a fait un vibrant plaidoyer pour “l’exécution sans procès de Louis XVI: Les peuples ne jugent pas comme les cours de justice; ils ne rendent point de sentence, ils lancent la foudre, ils ne condamnent pas les rois, ils les replongent dans le néant et cette justice vaut bien celle des tribunaux”.

Devant l’insupportable spectacle d’êtres humains sautant des fenêtres du World Trade Center, certains esprits tordus disaient que: “les Américains ne l’ont pas volé !”. Par quoi ces gens étaient-ils habités sinon par une haine féroce pour les “Maîtres de l’univers”… Toni Negri, un des penseurs les plus connus du mouvement mondial contre la mondialisation capitaliste, s’exprimait en ces termes: “J’aurais été bien plus content si, le 11 septembre, le Pentagone avait été mis à terre et s’ils n’avaient pas manqué la “Maison Blanche”.

De ce fait, notre “BD” sur les “Maîtres du monde” n’avait plus de fondement, tout s’écroulait entrainé par la disparition des deux tours… Il nous faut remettre à plus tard ce que nous ne pouvons plus faire maintenant. Nous n’avons pas dit notre dernier mot, le monde  n’a jamais été à ce niveau de difficulté qu’il est aujourd’hui, nous aurons certainement l’occasion de penser un scénario d’une aventure qui se passera dans un futur très proche où nous aurons encore l’occasion de parler de ces souvenirs qui nous jouent des tours…

A suivre !

CM