Mot du chef de bataillon (er) Christian Morisot prononcé lors des obsèques du général Vittorio Tresti:

Mon Général Tresti,

Les officiers issus des rangs légionnaires ont organisé pendant 17 ans la réunion des « TE ». A ces rendez-vous du 17 janvier, jour de la Saint Antoine,  presque jamais vous n’avez manqué. Avec votre humour caractéristique, lors d’une de ces réunions, vous m’avez demandé de dire un petit mot au moment de votre dernier voyage.

Il y a des personnes que l’on rencontre dans notre vie  qui nous ont impressionné au point de servir d’exemple. Vous êtes l’une d’elles mon général Tresti. 

Votre carrière, de simple légionnaire aux étoiles de général constitue une remarquable et rare exception. Il vous aura fallu une réelle force assez conséquente pour affronter, sans jamais vous décourager, les nombreux écueils imposés par cette carrière militaire peu commune.  Si nous devions, réfléchir et faire une sorte de bilan de votre passé, nous penserions sans doute que vous avez toujours mené tout au long de votre vie, un combat courageux et énergique pour surmonter les obstacles rencontrés…  Votre ténacité, votre façon particulière d’agir nous impose une incorruptible admiration. L’une des valeurs fondamentales de la Légion est bien celle de l’amour du chef. Mais si le respect s’oblige, nous savons au fond de nous même qu’une respectueuse estime teintée de fidélité n'est pas accordée systématiquement. Mon général Tresti, par votre caractère, votre empathie, votre sens de l’humain, votre amour du légionnaire, vous suscitez naturellement cette estime.

C’est un exercice délicat et quelque peu prétentieux de parler de quelqu’un d’exceptionnel sans sombrer dans ce qui pourrait ressembler à un éloge funèbre. Je ne saurais m’essayer à cette gymnastique des mots ayant conscience que ce rôle n’est pas de mon niveau de compétence. Pour l’heure, il s’agit de partager une émotion devant un événement qui nous bouleverse et qui honore un des nôtres, « un légionnaire de souche ». Je me reporte à l’année 2021qui est à marquer d’une pierre blanche dans les archives du musée du souvenir de la Légion ; le général commandant la Légion étrangère avait fait le choix d’honorer un général issu en ligne directe des rangs légionnaires. Ce choix de faire porter la main du capitaine Danjou par un officier général, ancien « képi blanc », honorait toute la corporation des légionnaires devenus officiers au service de la France, qui servent ou ont servi avec Honneur et Fidélité.

Je termine en citant Cicéron, un des grands noms de la Rome antique : « la vie des morts est de survivre dans l’esprit des vivants ».

Mon Général, sachez que c’est un privilège pour moi de vous avoir connu, mais aussi  pour les légionnaires et les officiers qui ont porté le képi blanc, vous êtiez un drapeau !

Nous ne pouvons vous oublier.

A Dieu, mon général, à bientôt !

CM

 

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Lettre du lieutenant-colonel (te) Eric Hildebert:

"Messieurs les officiers TE (d’active ou retraité),

A quelques semaines de prendre ma retraite (la date d’utilisation arrivant à échéance), le “vieux con” à l’annuaire des TE depuis 2005 vous présente mes meilleurs voeux pour l’année nouvelle. (je ne prends pas pour Dieu car je ne suis qu’un légionnaire).

Que celle-ci vous apporte joie, bonheur, santé aussi bien dans votre vie privée que dans votre vie professionnelle, vous les TE.Comme vos (nos) anciens qui ont montré le chemin,

Vous êtes les garants de la pérennité de l’esprit légionnaire,Vous êtes les garants des traditions au sein de la Légion étrangère,

Vous êtes les piliers sur lesquels le commandement et les légionnaires se reposent. N’oubliez jamais que vous avez été un jour légionnaire, pour que tous les matins vous puissiez “regarder la terre sans pâlir et le ciel sans rougir”. N’oubliez jamais que ce ne sont pas les galons qui font l’homme, l’officier, mais bien l’homme qui fait le légionnaire et qui fait l’officier.

La Légion n’existe qu’au travers du légionnaire, sans volontaire, pas de légionnaire, Sans vous, pas de Légion étrangère.

La Légion est une assise de l’armée française, elle n’a de richesse que d’homme, c’est un mur “fait d’hommes et non de pierres”. Et l’alchimie légion étrangère ne fonctionne qu’avec vos légionnaires, vos sous-officiers et vous-même.

Légionnaire un jour, légionnaire toujours.

Enfin, pour terminer ce verbiage déjà trop long à mon goût, je vous joins un petit texte que j’avais écrit il y a quelques années".

 

Destinée

Ils sont arrivés un jour de nulle part, Pour eux, la vie avait un goût amer.

Ils avaient de la chance, il n’était pas trop tard, Dans la nuit, scintillait

encore une lumière. Certains venaient de loin, de par-delà les mers,

D’autres avaient traversé la moitié de la terre. Ils avaient plongé

vers l’inconnu, tête  en  avant,  Ils avaient signé, en prenant

pour cinq ans. Tout  petit  au  début,  ils avaient cherché

l’ombre,  Eux,  qui  avaient  souvent  vécu  dans  la

pénombre. Ils avaient appris à obéir, appris à se

connaître, Ils avaient assisté à la renaissance

de leur être. Légionnaires, enfin, ils étaient

devenus,  Parfois  autrement  que  ce

qu’ils avaient cru. Comme tout homme

avec ses qualités, ses défauts, Ils ont

donné le meilleur, parfois même leur peau.

Mais ceux qui ont gravi doucement les échelons,

Devenant, peu  à  peu, les  décurions de notre institution,

Sont passés simplement de l’ombre à la lumière, Sans se faire

remarquer  et  sans  aucune  manière. Ainsi  naturellement, ils sont

devenus  les  maîtres, De  ce  corps d’élite que sont les sous-officiers, Ils lui

ont tout donné du plus profond de l’être, Par leurs pairs reconnus et définitivement

appréciés. Des confins de Russie, des  faubourgs  de  Paris, Des bidonvilles de Rio, des

ruelles de Porto, Des canaux de Venise, des forêts d’Outre-Rhin, Des fjords de Norvège, des

contreforts argentins, Diplômés  de  grandes  écoles  ou simplement lettrés, De cette drôle de vie,

vous connaissez le prix. Chassant soucis et doutes, recherchant toujours plus beau, Ne pensant

pas  au lendemain, vivant une destinée. Vous êtes devenus légionnaires accomplis, Ayant enfin

donné un sens à votre vie. Remplis d’espérance malgré les coups du sort, Enjoués et heureux,

parfois  pris  de  remords,  Sachant   tenir  le  cap  au  milieu  des   malheurs,  Vous  méritez

amplement  ce  coup  de  projecteur, Vous,  les  nouveaux Maréchaux de Légion, Vous qui

 continuez à en faire le renom. Merci pour votre action qui tisse tous ces liens, Entre ces

hommes qui  arrivent  sans rien, Qui  seront les Maréchaux de demain, Et ceux d’hier,

nos  très  grands  anciens.  Puissiez vous  toujours perpétuer Et crier à travers les

contrées Ces mots qui ont fait votre renommée, Votre devise: honneur et fidélité.

Messieurs, permettez-moi de vous saluer, Maréchaux à vous maintenant de jouer.

Eric Hildebert