La coiffure du légionnaire de 1831 à nos jours

 

Lors de la création de la Légion étrangère, la coiffure de dotation était la « casquette d’Afrique ».

Prescrite dans la circulaire du 25 juillet 1833, elle a supplanté le shako qui occasionnait de nombreux cas de congestion cérébrale et n’était pas adapté au climat algérien et au service demandé surtout en saison chaude. Cette casquette utilisée depuis peu par les légionnaires a été retenue par un comité spécial réuni à Alger, mais devait cependant être confectionnée sans le couvre-nuque en carton bouilli.

Le modèle de la Légion possède un bandeau bleu de roi, un turban et un calot garance, des soutaches en laine bleu foncé, une large visière et une jugulaire en cuir noir. Innovation la plus remarquable dans l’habillement militaire de l’époque, la casquette devait constituer le premier chaînon d’une évolution conduisant à notre actuel képi.

            

   Casquette modèle 1833                 

Casquette modèle 1842

En 1848, cette coiffure subit un important changement dans son volume et dans sa forme, pour finalement ressembler à une sorte de haut « Képy » dont la visière emprunte un contour carré. L’adjonction au képi d’une visière carrée, concrétisant ainsi la silhouette des soldats de l’autre l’Empereur, est une modification significative de la coiffure. Sur le devant du bandeau du bonnet de police à visière, comme on le dénommait alors, était cousu le numéro du régiment en drap garance. En 1856, il fut toléré qu’il soit en cuivre et, bien que peu réglementaire, il sera utilisé jusqu’en 1861.

La coiffe avec couvre-nuque en toile vernie noire, adoptée en 1850, fut supprimée en 1853. En revanche, il est certain que le modèle en calicot blanc, dont faisait déjà usage le troupier d’Afrique, fut maintenu pour la saison chaude.

                     

 Képi à visière carrée                              

 

     Couvre-képi en calicot blanc 1850

En 1867, le képi garde sa forme générale à l’exception de sa visière et de ses dimensions. Il reçoit comme signe distinctif une étoile découpée en drap garance. La jugulaire retenue par deux petits boutons d’uniforme n’est pas réglementaire, mais apparaît sur les coiffures des légionnaires. Le nouveau képi adopté en 1875 comporte une visière arrondie et une ventouse d’aération de part et d’autre de la coiffe. Sur la face avant, une grenade à bombe pleine et à sept flammes, découpée dans du drap garance remplace l’étoile. Le képi a changé et par ordonnance du 24 décembre 1874, l’appellation « bonnet de police à visière » est abrogée.

                           

  Képi modèle 1867                                    

  

  Képi modèle 1884

L’année 1902 voit arriver un nouvel ensemble en deux parties, comprenant la coiffe et le couvre-nuque. La coiffe est munie de deux boutonnières et de trois brides destinées aux agrafes du couvre-nuque lui-même doté de deux boutonnières. Les légionnaires et les sous-officiers n’ont jamais porté le képi de première tenue de 1886 dit « képi-pompon ».

En revanche, en Afrique du Nord, avant 1914, les sous-officiers et les officiers portaient le képi blanc.

1914 sonne l’arrivée du nouveau képi confectionné en deux morceaux de drap bleu horizon. Pour le repos, on coiffe le bonnet de police taillé lui aussi dans du drap bleu horizon. Pour l’offensive de Champagne en septembre 1915, le casque en acier dit Adrian, du nom de son inventeur, est mis en service. Peint en gris-bleu, le modèle de la Légion est celui de l’infanterie de ligne, mais il garde la grenade simple.

                            

 Képi modèle 1914       

 

   Bonnet de police 1891-1915           

 

 Casque Adrian 1915

Le 28 mai 1915, le modificatif attribue aux troupes européennes de l’armée d’Afrique un képi du même modèle que celui de 1914, mais entièrement confectionné en drap kaki. Rarement porté par la troupe, sa fabrication est aussitôt ralentie. Au repos, on lui préfère le bonnet de police et pour les opérations, le casque Adrian désormais peint en kaki, qui est recouvert au combat d’un étui en toile « sable ». Après la Grande Guerre, la volonté de réforme est freinée par une très grave crise financière et seules quelques modifications seront apportées. Le légionnaire porte l’ancien casque colonial, recouvert d’un couvre casque.

Mais bien souvent, ce dernier est remplacé par un simple bonnet de police avec, en guise de couvre-nuque, le seul mouchoir réglementaire. Vers 1923, les bataillons engagés au Maroc reçoivent des képis entièrement confectionnés en drap kaki moutarde, provenant des stocks de guerre inutilisés en France.

Le légionnaire en tire immédiatement profit en le gainant, comme les anciens du Maroc, d’une coiffe blanche. Très vite l’engouement s’étend et la sollicitude qu’apporte le légionnaire à cette housse attire l’attention de tous, donnant ainsi à l’uniforme de la Légion un cachet qui lui est propre. Elle est alors la seule troupe à pouvoir l’utiliser et ceci, à l’encontre d’un règlement officiel. Ainsi débute l’histoire du képi blanc. Le chèche est également porté à partir de cette époque.

 

 Képi moutarde 1915

Un nouveau képi est distribué en 1935, celui de la Légion étant identique à celui de l’infanterie. Cependant, les petits boutons sont du type « Légion » et la grenade garance est conservée sur l’avant. En campagne, le képi est recouvert d’un manchon kaki clair. En manœuvre, on commence à utiliser de plus en plus le casque en acier ancien ou nouveau modèle 1926, modifié en 1937 et qui sera porté jusqu’en 1958 pour l’instruction du combat sur le terrain.

          

 Képi modèle 1935               

  

  Casque modèle 1926

Dans les années 1945-1949, les armées françaises sont équipées en majeure partie d’habillement américain. Les compagnies montées du Sud marocain conservent leurs effets d’avant-guerre. Le képi blanc demeure la coiffure quotidienne. Quelquefois, lors des randonnées sahariennes, l’étui de toile kaki ainsi que le chèche sont de rigueur.

Au début du conflit indochinois, nos troupes sont équipées de tenues britanniques. Les légionnaires sont également coiffés du casque colonial britannique ou français modèle 1931. Le modèle anglais est confectionné en liège avec six morceaux de toile de coton kaki clair. Il est haut avec un rebord plus prononcé et plus large à l’arrière. Le casque colonial français des légionnaires porte sur l’avant une grenade Légion en laiton doré à bombe pleine, éventuellement estampée à l’emporte-pièce du numéro du régiment. On trouvera également des bombes de grenades émaillées vert et rouge.

En 1948, le chapeau de brousse en sergé kaki surpiqué avec le bouton à pression sur le côté droit devient la principale coiffure du combattant au détriment du casque colonial qui disparaît totalement. Au repos ou en service, le calot vert et rouge du modèle 1946 commence à se répandre notamment chez les cadres. Le casque de combat est le modèle américain US M1, comportant le casque lourd et le casque léger Liner.

                       

   Casque colonial FR 1931                    

Calot légion modèle 1946

Le béret vert fut tout d’abord adopté par les légionnaires des bataillons étrangers de parachutistes du corps expéditionnaire français en Extrême-Orient dès 1948, tandis que les autres formations de Légion conservaient leur képi blanc. À partir de la guerre d’Algérie, l’usage du béret vert fut généralisé à l’ensemble de la Légion avec, sur le côté droit, une grenade au numéro du régiment en métal doré ou argenté. Pendant cette période, les coiffures sont complétées du chapeau de brousse vert armée et du casque du modèle général 1951 modifié en 1956. Les harkas des unités de Légion, remplacent le képi blanc par un turban blanc roulé à la façon des spahis.

                 

 Casque modèle 1951                     

 

 Chapeau de brousse vert-olive

Jusqu’à l’apparition en 1978 du casque modèle F1, le légionnaire est équipé du « casque troupes toutes armes modèle 1951 OTAN ». Le nouveau casque métallique, de forme arrondie, avec les bords inférieurs relevés à l’avant et à l’arrière, est fabriqué d’une seule pièce et en une seule taille en acier spécial amagnétique au manganèse. Plus léger que son prédécesseur, il n’y a plus de sous-casque, mais une coiffe réglable avec un bandeau et un disque amortisseur. La jugulaire est en deux parties et comporte une mentonnière. Il peut être recouvert du couvre-casque spécial de camouflage, dit « salade ». En 1993, le nouveau casque Spectra est mis en dotation. Fabriqué en matière composite « Spectra Shield », il offre une haute protection. De couleur vert armée, il comporte une calotte et une coiffe intérieure ajustable au tour de tête. Un couvre-casque en camouflage « Centre-Europe » est prévu avec un joint en caoutchouc.

                                                 

Casque F1 avec couvre-casque                                         

 

 Casque SPECTRA nu

Le théâtre afghan voit apparaître rapidement le casque de fabrication Gallet. En Kevlar peint en kaki armée et de forme bombée, il descend sur la nuque et les oreilles, mais reste dégagé sur l’avant. La coiffe intérieure et l’ensemble des sangles sont réglables à volonté par des systèmes de bandes Velcro.

                                           

Casque Gallet                                                     

 

Casque FELIN

Plus récemment une évolution majeure est apparue dans les équipements du soldat avec l’arrivée des tenues FELIN. Les premières unités de Légion ont été dotées en 2009.

Le casque de combat FÉLIN assure trois fonctions : la protection balistique de la tête, une compatibilité parfaite avec le bandeau de communication de la tenue et l'emport des équipements optroniques amovibles. Il peut être équipé par ailleurs d'une visière permettant de protéger le soldat des éclats du champ de bataille.

Réalisé en coque balistique de forme ronde, il est dégagé sur le devant et descendant droit sur la nuque et les oreilles. Il comporte en outre sur les côtés un système de fixation pour une visière et un maxillaire pare éclats balistiques. Un système de jugulaires en sangles, et un système de personnalisation à intérieur par la mise en place à volonté de petits coussins en caoutchouc viennent encore améliorer son ergonomie. Il est enfin totalement recouvert par un couvre casque camouflé « Centre Europe » 3 tons ou « Désert ».

La dernière évolution en matière de coiffure de combat est un nouveau casque balistique F3, évolution du casque de combat FELIN. Elle a pour ambition d’équiper tous les soldats de l’armée de Terre et répond à l’objectif global de renouveler les « petits équipements » des forces armées conformément à la Loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025. Dans la lignée du casque de combat FELIN, cette évolution du casque balistique de l’armée de Terre augmente nettement la capacité d’emport et donc la capacité opérationnelle du combattant. Il constitue un élément essentiel de son équipement. Cette modernisation du casque FELIN offre une augmentation de la surface d’accrochage grâce à de nouvelles pièces latérales et des supports auto-agrippants. Il est aussi doté de « rails de fonction » reliés par un arceau et permettant la fixation d’accessoires et de « petits matériels tactiques » (par ex. jumelles à vision nocturne), les visières et protection maxillaire sont conservées.

   

          Casque balistique F3

Sources :

-          Képi blanc hors-série n°1 – mai 2009 - L’uniforme légionnaire 1e à 4e partie ;

-          Travaux de M. Raymond Guyader – conservateur du musée de l’uniforme légionnaire ;

-          Article du maj Houssin au sein du livre : 2°REI - 175 ans d'histoires d'hommes – 2014 – éditions Pierre de Taillac – P 104 à 106 ;

-          https://www.defense.gouv.fr/terre/nos-uniformes-equipements-individuels;

-          https://www.passionmilitaria.com;

-          Wikipédia.

 

Major (er) Jean-Michel Houssin, chargé de la mémoire auprès de la FSALE