Le 1er novembre 2023, lors d’une cérémonie émouvante autour de son monument aux morts, la municipalité de Chamarande avait décidé de mettre à l’honneur plusieurs de ses enfants, morts pour la France lors du second conflit mondial par l'apposition de deux plaques commémoratives dans les rues portant leurs noms.

 

La première plaque concerne le Commandant Maurice Arnoux, Maire de Chamarande et Conseiller Général de la Seine-et-Oise, mort au combat le 6 juin 1940 au-dessus d’Angivillers dans l’Oise à bord de son Morane 406.

La deuxième plaque concerne François Bolifraud, lieutenant à la 13ème Demi-brigade de la Légion étrangère, mort le 11 juin 1942 à Bir-Hakeim lors de la sortie de « Vive force ».

Et Philippe Bolifraud, sous-lieutenant à la 13ème Demi-brigade de la Légion étrangère, mort le 23 janvier 1945 à Elsenheim lors de la campagne d’Alsace.

L’A.A.L.E 91 sollicitée par la commune de Chamarande a pris en charge la préparation et le déroulement de cette cérémonie, réhaussée sur l'avis favorable du COMLE avec la présence d’un officier de la 13ème D.B.L.E, le capitaine Laurent Ripoche, venu spécialement du plateau du Larzac pour cet événement.

En présence du représentant du préfet de l’Essonne, des députés, du conseil général, des élus, de l’ONCvg, des porte-drapeaux et des anciens combattants du département, ainsi que des habitants et écoliers de la commune, la première plaque commémorative a été dévoilée par la fille du Commandant Maurice Arnoux et de sa petite fille.

 

La plaque concernant les deux officiers de la 13ème D.B.L.E a été dévoilée par le Capitaine Laurent Ripoche de la 13ème D.B.L.E.

 

Le Colonel Philippe Chasseriaud, a lu un texte en hommage à ces officiers morts pour la France au sein de la 13ème Demi-brigade de Légion Etrangère.

 

 

Extraits de l’hommage prononcé par l’AALE 91:

« Rien ne prédisposait François Bolifraud au destin qui va être le sien. Universitaire brillant, bachelier dès l’âge de 16 ans, et licencié en droit trois ans plus tard, il aurait pu faire le choix d’un avenir tout tracé, s’ouvrant sous les meilleurs auspices.

Qu’a-t-il pu se passer dans sa tête, en ces temps troublés par la montée du nazisme et les heures sombres qui s’annoncent, pour qu’il décide de devancer l’appel et de suivre un peloton d’élève officier de réserve ?

Mais ne dit-on pas que les événements exceptionnels forgent les hommes d’exception ?

Dès la déclaration de guerre, il est ainsi mobilisé comme lieutenant au 12ème bataillon de chasseurs alpins. Intégré au Corps expéditionnaire français en Scandinavie, il participe à la campagne de Norvège d’avril à juin 1940 et notamment à la fameuse bataille de Narvik, première victoire militaire des forces alliées au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Toutefois, la situation catastrophique des combats en France oblige le corps expéditionnaire à réembarquer précipitamment. A peine est-il arrivé le 16 juin à Lorient qu’il doit, devant l’avancée des troupes allemandes, réembarquer presque aussitôt pour l’Angleterre.

En dépit de l’armistice qui vient d’être signé, plutôt que de rentrer en France pour y être démobilisé, le Lieutenant François Bolifraud décide de rester sur place et rejoint, parmi les premiers, les rangs des forces françaises libres.

Affecté au 2ème bataillon de la 13ème D.B.L.E, le parcours du Lieutenant Bolifraud se confond désormais avec l’épopée de la France libre dans le désert libyen.

Il participe ainsi à la célèbre bataille de Bir-Hakeim, tournant historique de la Seconde Guerre mondiale, qui contribue à faire reconnaitre la place de la France libre parmi les Alliées.

La confrontation avec l’Afrikakorps, dix fois supérieur en nombre, est terrible et dure 15 jours. Alors que les Forces françaises libres sont encerclées, le Lieutenant François Bolifraud franchit de nuit les champs de mines et force avec témérité le blocus imposé par l’ennemi, permettant ainsi d’acheminer un ravitaillement indispensable aux défenseurs de Bir-Hakeim.

Dans la nuit du 10 au 11 juin 1942, sa mission terminée, 13ème D.B.L.E, procède alors à l’évacuation générale de ses positions, effectuant une sortie de vive force au cours de laquelle le Lieutenant Bolifraud est tué. Il n’a que 25 ans.

Le 7 août 1943 à Casablanca, le général de Gaulle remet à sa mère la croix de la Libération qui vient de lui être décernée.

Outre la croix de la Libération décernée à titre posthume, le Lieutenant François Bolifraud a été cité pour sa valeur au combat et a été fait Chevalier de la Légion d’Honneur.

Plus que jamais, l’expression « Bon sang ne saurait mentir ! » illustre l’engagement des frères Bolifraud : après la mort au combat de François Bolifraud à Bir-Hakeim, Philippe Bolifraud, son jeune frère, lui-même étudiant en droit, diplômé en Sciences Politiques, décide à son tour de s’engager en juin 1943 dans les rangs de la France Libre en Tunisie.

Affecté à la 1ère Division française libre comme sous-lieutenant, il marche à nouveau dans les traces de son frère en rejoignant la 13ème D.B.L.E.

C’est ainsi qu’il participe à la campagne d’Italie où son calme et son courage au feu sont immédiatement remarqués.

Commence alors la Libération de la France qui, de victoire en victoire, amène le Sous-lieutenant Philippe Bolifraud en Alsace. Combattant désormais aguerri, il se voit confier le commandement d’un avant-poste particulièrement exposé dans la région de Saint-Hippolyte. Le 23 janvier 1945 à Elsenheim, alors qu’il tente à la tête de sa section d’arrêter une contre-attaque de chars ennemis, il est mortellement blessé. Il n’a que 23 ans.

Ayant été précédemment cité à deux reprises pour sa conduite héroïque au combat, cette ultime action vaut au Sous-lieutenant Philippe Bolifraud d’être fait chevalier de la Légion d’Honneur.

Il est coutume de dire que la Légion ne pleure pas ses morts … mais qu’elle les honore. C’est pourquoi la Légion, d’hier et d’aujourd’hui, s’associe pleinement à l’initiative de la ville de Chamarande.

L’exemple des frères Bolifraud nous montre que le combat pour la liberté n’est pas qu’un simple concept philosophique. Il se révèle être tout autant une question de vie ou de mort, qu’un sacrifice nécessaire à la sauvegarde de notre démocratie.

Souvenons-nous de leur engagement, souvenons-nous de leur sacrifice …  et interrogeons-nous sur notre propre capacité aujourd’hui à accepter, si l’occasion venait à se présenter, de mettre notre vie en jeu pour la défense de la liberté ».