Je partage ce poème de Victor Hugo: "Liberté, Egalité, fraternité" une chanson de rue (1865). Ce texte a probablement inspiré le capitaine de Borelli, officier de la Légion pour son poème: "A mes hommes qui sont morts" particulièrement réalisé à la mémoire de Tiebald Streibler qui lui a donné sa vie le 3 mars 1885. "Et cela pour des Altesses qui, vous à peine enterrés, se feront des politesse pendant que vous pourrirez..."

« Depuis six mille ans la guerre

Plaît  aux  peuples  querelleurs, Et

Dieu perd son temps à faire Les étoiles

et les fleurs. Les conseils  du  ciel immense,

Du  lys  pur, du nid doré n'ôtent aucune démence

Du cœur de l'homme effaré Les carnages, les victoires,

Voilà notre grand amour; et les multitudes noires ont pour

grelot le tambour. La gloire, sous ses chimères et sous ses

chars triomphants,met toutes les pauvres mères et tous

les petits enfants. Notre bonheur  est  farouche C'est

 de  dire : Allons ! mourons ! et  c'est  d'avoir  à  la

 bouche la salive des clairons. L'acier luit, les

bivouacs  fument ; Pâles,  nous  nous

 déchaînons ; Les sombres âmes

 s'allument  Aux lumières des

canons. Et  cela  pour des  

Altesses qui, vous à

 peine enterrés, Se

 feront  des  politesses

Pendant que vous pourrirez,

Et que, dans le champ funeste,

Les chacals et les oiseaux, Hideux,

 iront voir s'il reste de la chair après vos

os !Aucun peuple ne tolère, qu'un autre vive

à côté et l'on souffle la colère dans notre imbécilité.

C'est un Russe! égorge, assomme. Un Croate! Feu roulant.

C'est juste. Pourquoi cet homme avait-il un habit blanc ?

Celui-ci, je le supprime et m'en vais, le cœur serein,

puisqu'il a commis le crime de naître à droite

du Rhin. Rosbach! Waterloo! Vengeance !

L'homme, ivre d'un affreux bruit, n'a

plus d'autre intelligence que

 le massacre et la nuit.

On  pourrait boire

aux fontaines,

Prier dans

l'ombre

à genoux,

Aimer, songer

sous les chênes ;

Tuer son frère est plus

doux. On  se  hache, on se

 harponne, On court par monts et

par vaux ;  L'épouvante se  cramponne

Du poing  aux  crins  des chevaux.

Et l'aube est là sur la plaine !

Oh ! j'admire, en vérité,

Qu'on puisse avoir

de la haine Quand

l'alouette  a

chanté.»

Victor Hugo - Liberté, égalité, fraternité I, Chansons des rues et de bois (1865)