Présentation:

Depuis sa création le 2e régiment étranger d’infanterie, au même titre que ses régiments frères, maintient la longue tradition du recrutement étranger hérité de l’Ancien Régime. Sa riche histoire est offerte au regard du curieux, mais en premier lieu au légionnaire, par le mémorial édifié sur la place d’armes du quartier colonel de Chabrières qui rappelle le sacrifice des milliers de ses camarades morts au combat. Les noms qui défilent sous les yeux font aussi découvrir les campagnes et les théâtres d’opérations où le régiment s’est illustré. C’est ainsi que le mémorial contribue à perpétuer la filiation du 2e REI et à renforcer l’esprit de corps basé sur la fidélité au régiment et à ses chefs ainsi qu’aux engagements pris, garantie de l’unité. Cet esprit de corps, l’âme du 2e Étranger, inspire la fierté, appelle au dépassement de soi et à l’émulation qui contribuent à l’éducation morale du légionnaire introduite par le code du légionnaire au cours de sa formation initiale au 4e RE, l’École de la Légion étrangère.

Les travaux de recherches historiques pour permettre cette réalisation ont été menés durant plus de deux ans par des personnels du 2e REI sous la direction de votre serviteur, en compulsant les archives auprès de la DRPLE, du BALE de la DRHLE et du SHD. Ils ont été également menés en coordination avec feu le major MIDY de la FSALE qui effectuait un travail du même type.

Ces recherches ont permis de consulter des journaux de marche en opération (JMO) des documents divers et des registres matricules sur une période s’étendant de 1841 à nos jours. Plus de 700 documents et registres ont été compulsés pour en extraire les noms des personnels décédés.

Il a été recensé, au moment de l’inauguration de ce mémorial 16244 officiers, sous-officiers et légionnaires morts en service dans les rangs du 2e régiment étranger d’infanterie depuis sa création le 1er avril 1841 sous le nom de 2e régiment de la Légion étrangère, dont 6849 tués dans des circonstances liées au combat et dont le nom a été gravé dans les pierres du mémorial.

Sont également inscrits dans ces colonnes les noms des 458 personnels des RMVE décédés au combat et identifiés à ce jour.

Néanmoins, l’appartenance au 2ème Etranger de nombreux légionnaires, tués ou décédés au cours de campagnes lointaines n’a pas toujours pu être établie. De plus, les circonstances de certains combats, comme ceux désespérés de mai-juin 1940, ou tout simplement les négligences dans la tenue des journaux de marche n’ont pas permis de retrouver les noms de tous nos tués ou décédés.

Le long martyrologue inscrit sur ce mémorial est donc incomplet.

Ce mémorial a été conçu avec le concours de madame Marie Bazille pour les socles d’entrée, experte en valorisation du patrimoine. Il a été réalisé par les sociétés « PEDRASSEQUEIROS » de Ponte de Lima au et « FAMA » de Varzea Barcelos au Portugal.

Il n’aurait pas vu le jour sans l’aide précieuse de monsieur Armand PERREIRA, gérant de la société APS, lui-même ancien légionnaire.

Visible de la place d’armes, le monument est le point central de la vie du quartier ainsi que des journées portes ouvertes. Véritable espace de commémoration, il se veut également pédagogique au travers du planisphère localisant les théâtres d’opérations et des informations gravées sur la pièce basse.

Les colonnes disposées par opérations portent les noms, grades et dates du décès de chaque soldat.

Plus qu’un monument traditionnel, ici est mis en avant le contact visuel avec les noms des disparus sur les terrains d’opérations. Parcourir le monument, l’observer, le toucher pour rechercher le nom d’un soldat devient une quête accessible à tous.

L’aménagement

Ce mémorial est volontairement sobre et invite au recueillement, granits monochromes, lignes pures, arêtes saillantes et gravures simples en constituent les lignes directrices.

L’aménagement paysager protégé par une haie de Photinia Red Robin rappelant les couleurs verte et rouge de la Légion est composé d’un gazon ras[1] et parfaitement uniforme, permettant aux visiteurs et légionnaires le cheminement en son sein.

Il permet également d’effectuer sur cet espace des cérémonies comme les remises de fourragère par exemple inscrivant celles-ci dans la perpétuité de l’histoire du régiment et de ses valeurs.

Son entrée est protégée par un socle pyramidal semi-rectangulaire et un socle demi-sphérique. Le premier bloc, porte en son cœur différentes informations sur le régiment et son histoire. On trouvera donc, une plaque dédiée à l’historique des campagnes et opérations du régiment, une seconde reprenant l’ensemble des citations de l’unité, une troisième portant l’historique des différentes dénominations prises par le 2e REI au cours de son histoire et une dernière avec les inscriptions au drapeau. Au centre de ce bloc est repris le poème écrit par le capitaine de Borelli en 1885, A mes hommes qui sont morts.

Le bloc semi-sphérique placé au centre est surmonté d’un planisphère où sont réhaussés d’or les pays où le 2e REI est intervenu.

Le mémorial proprement-dit est constitué de colonnes de 45 cm de côté[2], isolées ou groupées de différentes hauteurs en fonction du nombre de personnels à inscrire pour chaque campagne. Pour exemple la plus petite reprenant la campagne de Crimée mesure 183.5 cm (40 cm dans le sol), les plus grandes sont trois colonnes d’une hauteur de 365.5 cm dédiées à la guerre d’Indochine. Les variations de hauteur de celles-ci permettent d’accentuer la solennité de l’ensemble en marquant physiquement le mémorial de leur stature pour les théâtres les plus meurtriers.

Chaque colonne recense sur ces quatre faces les morts pour un théâtre d’opérations considéré. Ces plaques en granit Negro Zwinbabwe, sont réhaussées de différentes gravures, une grenade à sept flammes de couleur or dans chaque angle et d’une gravure représentant un légionnaire du régiment dans une tenue de l’époque (chaque dessin est différent) . Les quinze colonnes portant les noms des légionnaires de tous grades, sont disposées suivant un ordre chronologique en tournant de la gauche vers la droite depuis la conquête et la pacification de l’Algérie de 1841 à 1882 à la dernière colonne dédiée à l’époque moderne et aux opérations extérieures de 1972 à nos jours. Cette ultime colonne permet au régiment de poursuivre l’inscription mémorielle des personnels décédés en service. Chaque personnel est commémoré en inscrivant son grade, l’initiale de son prénom, son nom et sa date de décès.

Une colonne de taille différente (plus ramassée et plus large), située en arrière-plan à gauche retrace l’histoire de l’édification de ce lieu de mémoire en reprenant le concept, les donateurs les plus importants, des personnels du régiment particuliers inscrits sur ces colonnes, les recherches et la réalisation technique.

La nuit un éclairage adapté vient entretenir le souvenir de ces hommes.

L’éclairage du mémorial accentuant encore son style élancé © major er HOUSSIN

Le montage financier

Pour permettre la collecte des dons il a été créé une association à loi 1901 « Mémorial du 2° Etranger ». C’est au total 120 964 € qui ont été collectés.

Les dons individuels ont représenté 41% du financement du projet et en ont permis sa concrétisation. Souvent constitués de sommes modestes, voire très modestes, ils ont été essentiels.

La réalisation des structures et plaques en granit, leur livraison et la mise en place ont représentées 67% des dépenses, l’aménagement paysager 15%. L’utilisation de la main d’œuvre militaire en provenance du 1er REG et du 2e REI et le soutien du 4e RMAT avec le prêt de chariots élévateurs et de grues ont permis de faire sensiblement baisser les dépenses d’aménagement et frais liés aux recherches.

Enfin l’exonération fiscale au titre de la TVA demandée après une lecture du code général des impôts (article 261 du CGI alinéa 10) fut accordée. Elle a permis d’économiser près de 16 000€, permettant ainsi une fois le mémorial édifié à l’association de disposer de fonds suffisants pour l’entretien et les inscriptions futures de ce mémorial.

Il est à noter que la FSALE au travers de ses actions avait à l’époque fait un don d’un montant de 5 000€ pour ce projet.

Le premier immatriculé du régiment :

Le sergent fourrier PLESSIS Jean, Xavier est incorporé le 1er avril 1841, sous le matricule N°1. Né le 1er août 1805 à Pontivy (Morbihan), cet ex-militaire s’engage tout d’abord au titre du 1er Régiment Etranger pour cinq ans le 1er janvier 1836. Il décèdera accidentellement en Algérie le 24 mai 1843

Le plus jeune personnel immatriculé :

Né le 5 avril 1887 à Arzew en Algérie, le jeune ROUGE Charles, Émile est incorporé dans les rangs du 2ème Régiment Etranger, le 1er octobre 1889 comme « Enfant de troupe de moins de quinze ans ».

Il portera les matricules N°11258 puis N°4792, il est alors âgé de 2 ans et 6 mois et décèdera le 13 février 1890 dans ses foyers de maladie.

Le premier légionnaire tué au combat :

Le légionnaire VANDOMMELEN Hugo, matricule 5251, du 2°R.L.E. - 2°BAT 5°CIE, tué lors du combat de Tébessa en Algérie le 1er juin 1846.

Le premier sous-officier tué au combat :

Le Sergent-major SEITZ du 2°R.L.E., tué au combat de Djidelly en Algérie le 20 mai 1842.

Le premier officier tué au combat :

Le lieutenant CLOUZET du 2°R.L.E., tué lors du combat de Tébessa en Algérie le 25 mai 1846.

L’Inauguration du mémorial le 30 avril 2014

Le mémorial a été inauguré le 30 avril 2014 en présence de nombreuses autorités civiles, de dix anciens chefs de corps et de glorieux anciens. L’un d’eux le général NOS était l’officier du 2e REI le plus ancien encore en vie en ce 30 avril et a donc procédé à l’inauguration au travers d’un discours qui a ému toute l’assistance. Il le termina ainsi :

"C’est un bonheur pour moi de parler ce 30 avril 2014, devant ce beau mémorial qui vient d’être inauguré. Je remercie le colonel OZANNE de l’avoir fait élever, en mémoire des 7.000 morts pour la France du régiment, depuis la fondation de la Légion, il y a près de 200 ans. Moi-même, et les anciens pourront se souvenir en lisant sur les colonnes de ce mémorial, les noms des officiers, sous-officiers et légionnaires, qu’ils ont connus, estimés et aimés." Général de division (2s) Jean Nos.

Sources

- Archives personnelles major HOUSSIN – ancien vice-président de l’association mémorial du 2ème REI

- Le gazon est synthétique permettant ainsi de garder sa belle couleur verte même sous les plus chaudes chaleurs du pays nîmois

Major (er)  J-M Houssin,