Vert et Rouge Info

Tout comme à la Légion étrangère l’année civile est rythmée par des commémorations ou des fêtes (Camerone, Noël, fêtes des régiments ou des saints patrons…), le calendrier national français l’est par des commémorations dites « nationales » qui entretiennent la mémoire de tous ceux, militaires ou civils, tombés durant les grands conflits du XXe siècle. A Paris, le Ministre des Armées prend en charge l’organisation de ces cérémonies, tandis que dans les départements et les communes leur organisation revient aux préfets et aux maires.
Ainsi, 11 journées nationales annuelles sont instituées par des textes législatifs ou réglementaires.


La prochaine cérémonie est celle du 11 novembre, dite « jour anniversaire de la victoire et de la paix », qui commémore l’armistice de 1918 - cet armistice met fin à la Première Guerre mondiale (1914-1918) -, rendant ainsi hommage aux morts de ce conflit.
Cet hommage est, depuis 2012, étendu à l’ensemble de tous les Morts pour la France des conflits du XXe siècle.
Le 11 novembre 1918, à cinq heures, français et allemands signent un armistice à Rethondes, en forêt de Compiègne (forêt située à 50 km au nord de Paris).
Cet armistice met fin aux hostilités de la première guerre mondiale sur le front occidental. Entrant en vigueur à onze heures, il est valable pour 36 jours et peut être prorogé. Sur le front alternent des scènes d'émotion, de joie et de fraternisation à l'annonce du cessez-le-feu. La liesse déferle sur la France tandis que retentissent les coups de canon que Georges Clemenceau (1841-1929), Chef du Gouvernement, a ordonné de tirer.
Malgré la victoire et l’explosion de joie qui accompagnent le retour de la paix, les anciens combattants revenus à la vie civile ne peuvent oublier l'expérience tragique qu’ils viennent de vivre et le message dont ils sont porteurs. Le courage et les sacrifices consentis doivent rester dans chaque mémoire, car pendant ces quatre années de guerre, une hécatombe s’est produite (près de 1,4 million morts et 3,9 millions blessés en France). Bientôt chaque Français ressent l'impérieuse nécessité que la Nation tout entière, pour se reconstruire, reconnaisse son malheur et s'y associe.
Plusieurs étapes, dont les anciens combattants sont souvent à l’initiative, favorisent cette résilience : l'inhumation sous l'Arc de Triomphe, le 28 janvier 1921, du corps d'un Soldat Inconnu qui symbolise tous les morts de la Grande Guerre, le vote par le Parlement, le 24 octobre 1922, d'une loi fixant au 11 novembre la commémoration de la « victoire et de la paix » , l'allumage, par André Maginot (1877-1932), Ministre de la guerre et des pensions ayant lui-même fait la guerre, le 11 novembre 1923, d'une Flamme sur la tombe du Soldat Inconnu, et enfin, la réalisation de monuments aux morts dans presque toutes les communes pour porter les noms de leurs enfants Morts pour la France auxquels s'ajouteront ultérieurement, ceux des victimes des autres conflits contemporains.
C’est le 11 novembre 1920, année du 50ème anniversaire de la IIIe République (1870-1940) que pour la première fois l'hommage à un Soldat Inconnu mort pendant la Grande Guerre, représentant anonyme de la foule héroïque des "Poilus", est associé à la date de la fin des combats.
Évoquée en 1916, l'idée d'honorer un Soldat Inconnu symbole de ses frères d’armes est adoptée en 1918. Le 12 novembre 1919, le Panthéon est choisi comme lieu de sépulture. En 1920, une campagne menée par des écrivains est à l'origine du choix définitif de l'Arc de Triomphe

L’Arc de Triomphe à Paris


Le Parlement vote ainsi à l'unanimité la loi suivante :
« Article 1er : les honneurs du Panthéon seront rendus aux restes d'un des soldats non identifiés morts au Champ d'Honneur au cours de la guerre 1914-1918. La translation des restes de ce soldat sera faite solennellement le 11 novembre 1920.
Article 2 : le même jour, les restes du Soldat inconnu seront inhumés sous l'Arc de Triomphe ».
Les députés adoptent le texte le 8 novembre, le Sénat le 9. Le 10, Auguste Thin, jeune engagé, blessé au combat et pupille de la Nation, désigne le Soldat inconnu en faisant son choix parmi 8 bières contenant chacune les restes d’un soldat français non identifié provenant des principales zones du front. Le cercueil arrive à Paris et après une cérémonie au Panthéon rejoint, accompagné par une foule immense, l’Arc de Triomphe où il est provisoirement déposé dans une chapelle ardente accessible à tous au premier étage du monument.


Auguste Thin vient de désigner le Soldat inconnu


Le 28 janvier 1921, le Soldat inconnu est inhumé sous la voûte de l’Arc. Sur la dalle de granit sont gravés ces mots : « Ici repose un soldat français mort pour la Patrie (1914-1918) ».
Tout au long de l'année 1922, les anciens combattants insistent pour que le Parlement déclare le 11 novembre fête nationale, ce qu'établit la loi du 24 octobre 1922.
Le 11 novembre 1923, en présence de nombreuses associations d'anciens combattants, André Maginot, Ministre de la guerre et des pensions, allume sous l’Arc de Triomphe sur la tombe du Soldat Inconnu, une « Flamme du souvenir » qui ne doit jamais s’éteindre et qui, même aux heures les plus sombres de l’histoire de France, ne s’est jamais éteinte.
C’est une association baptisée Comité de la Flamme qui a la tâche de la faire raviver chaque jour au crépuscule. Au fil des années, ce ravivage devient une institution : la Flamme est ravivée par les associations d'anciens combattants, les plus hautes autorités civiles et militaires françaises et la plupart des représentants des pays étrangers en visite à Paris. Le Livre d'or du Souvenir que tient le Comité est signé par de nombreux hôtes de la France. En quatre années seulement un cérémonial annuel naît qui devient vite une tradition.


Le ravivage de la Flamme sous l’Arc de Triomphe La tombe du Soldat Inconnu


En 2012, quelques années après la mort du dernier ancien combattant français de la Grande Guerre, le légionnaire Lazare Ponticelli (1898-2008).

Pour conférer une solennité encore plus grande à la célébration du 11 novembre et pour entamer une véritable reconnaissance des OPEX, le Parlement vote le 28 février, une loi qui en élargit la portée à l'ensemble des morts pour la France tout en conservant les autres journées nationales commémoratives.
Il est à noter que, cette année, la cérémonie du 11 novembre aura une portée particulière car un hommage spécifique y sera rendu au dernier des Compagnons de la Libération mort le 12 octobre dernier, Hubert Germain (1920-2021) avant que son corps ne soit transféré dans la Crypte du « Mémorial de la France Combattante » au Mont-Valérien (voir Appel du 18 juin). Remarque : les Compagnons de la Libération sont les 1038 personnes, 18 unités militaires et 5 villes titulaires de l’Ordre de la Libération, décoration créée par le Général de Gaulle (1890-1970) en 1940 pour distinguer les plus méritants de tous ceux qui se sont battus à ses côtés durant la Seconde Guerre mondiale (1940-1945).


Dernier des Compagnons de la Libération, Hubert Germain (1920-2021)
Hubert Germain est né le 6 août 1920 à Paris.
Il débute ses études secondaires à la mission laïque franco-arabe de Damas (1930-1932) et les poursuit au lycée Albert Sarraut à Hanoi puis au lycée Saint-Louis à Paris.
Bachelier, il prépare le concours de l'Ecole navale au lycée Michel Montaigne de Bordeaux au moment de la déclaration de guerre de septembre 1939.
Mais, dès juin 1940, écartant le concours, il cherche les moyens de continuer la lutte en pensant gagner le Maroc.
Après une discussion à l'Etat-Major général replié à Bordeaux avec un Officier Général ami de son père, Hubert Germain apprend que l'Afrique du Nord ne rentrera pas dans la guerre. Il prend alors la décision personnelle de continuer le combat.
Des troupes polonaises s'embarquant pour l'Angleterre à Saint-Jean-de-Luz, il parvient avec trois camarades à se joindre à elles et à monter à bord de l'Arandora Star qui appareille pour la Grande-Bretagne le 24 juin 1940.
Engagé dès l'origine dans les Forces Françaises Libres, il est affecté sur le cuirassé Courbet où il suit les cours d'Elève Officier de Marine. Alors qu'il étudie pendant la journée entre les alertes, Hubert Germain participe la nuit à la défense antiaérienne contre les raids allemands.
Au printemps 1941, il est affecté à l'Etat-Major du Général Legentilhomme, Commandant en Palestine la 1ère Division légère Française Libre destinée à intervenir au Levant.
Après la campagne de Syrie à laquelle il participe, il est envoyé comme élève à l'école d'Officiers de Damas en septembre 1941. Il en sort Aspirant pour être affecté au 2e Bureau de l'Etat-Major de la 1ère Brigade française libre du Général Koenig. En février 1942, il rejoint les rangs du 2ème Bataillon à la 13ème Demi-Brigade de Légion Etrangère (13ème DBLE) à laquelle il restera toute sa vie très attaché.
Hubert Germain participe dès lors à la campagne de Libye au sein de la 1ère Brigade. Chef de section antichars, il se distingue dans les combats de Bir-Hakeim du 27 mai au 11 juin 1942 et est cité à l'ordre de l'armée pour avoir « montré de très belles qualités de Chef » et avoir été « pour ses hommes un exemple constant de calme et de courage ». Il est promu Sous-Lieutenant en septembre 1942.
Il prend part ensuite aux combats de la 1ère Division Française Libre (1ère DFL) à l'Himeimat (El Alamein) en Egypte en octobre 1942 puis en Tunisie jusqu'en mai 1943.
En Italie, le 24 mai 1944, devant Pontecorvo, alors qu'il commande une section antichars en appui du 1er BLE, le Lieutenant Germain est blessé en dirigeant le tir des mitrailleuses lourdes de sa section pour continuer à appuyer le bataillon qui attaque le long du Liri.
Evacué sur Naples, il est décoré de la Croix de la Libération par le Général de Gaulle en Italie fin juin 1944.
Il participe au débarquement de Provence en août 1944 et à la libération de Toulon, de la vallée du Rhône et de Lyon. Il prend part ensuite aux Campagnes des Vosges, d'Alsace et termine la guerre dans le sud des Alpes, au massif de l'Authion.
Appelé comme aide de camp auprès du Général Koenig commandant les forces françaises d'occupation en Allemagne, le Lieutenant Hubert Germain est démobilisé en 1946.
Attaché de Direction dans une entreprise de produits chimiques, il est élu Maire de Saint-Chéron (Essonne) en 1953, mandat qu'il conserve jusqu'en 1965.
Chargé de Mission au Cabinet de Pierre Messmer, Ministre des Armées, de 1960 à 1962 puis, de nouveau, en 1967 et 1968.
Elu Député de Paris en 1962, il sera réélu en 1968 puis en mars 1973. Président de l'amicale parlementaire "Présence et Action du Gaullisme" (1969-1972) Hubert Germain est Vice-Président du groupe UDR à l'Assemblée Nationale (1971-1972).
De 1972 à 1974 Hubert Germain est Ministre des PTT puis Ministre chargé des relations avec le Parlement (mars-mai 1974).
Il fut également Président de la société française de télédistribution de 1975 à 1982.
Hubert Germain était membre du Conseil de l'Ordre de la Libération. Par décret du 25 novembre 2020, il est nommé Chancelier d'Honneur de l'Ordre de la Libération. Dernier Compagnon de la Libération, Hubert Germain a reçu le grade de Caporal-Chef honoraire de la Légion étrangère en septembre 2021.
Hubert Germain est décédé le 12 octobre 2021 à l'Hôtel National des Invalides à Paris.


   Amitiés légionnaires.
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