La guerre des tranchées est terminée, mais pour nos poilus, notamment ceux du RMLE en fin de contrat, la guerre continue dans les méandres de l’Administration !

 

                                                 Titre : Les revenants de Tlemcen-

                                   « OU  LE  REVERS  DES  MEDAILLES »

« Il est inévitable que les revenants de la Grande Guerre soient amenés à se liguer pour affirmer leur droit à la vie.

Comme il est triste de rencontrer des héros qui vous disent : « nous sommes malheureux, nous n’avons pas de place, pas d’argent. Nous avons faim.

C’est horrible n’est-ce pas, et ce peut devenir une honte pour notre patrie d’adoption.

Nous avons sauvé la France, nous avons repoussé l’agresseur, nous avons gagné la victoire totale : nous exigeons qu’on ne sabote pas notre victoire, nous ne voulons pas qu’on nous oublie.

Pour cela, il faut que les revenants de la Grande Guerre se groupent, et par leur nombre, leur cohésion, leur discipline, ne soient pas traités à leur retour comme des parias en devenant bafoués.

Nous les combattants, tant vantés par les discours à effet ; nous les braves, les forts, nous sommes obligés de nous entendre. Car si la guerre est finie, elle recommence pour ainsi dire dans la vie civile, puisque nous sentons la difficulté qu’il y a de se faire reconnaitre, de se faire accepter, de se faire estimer

                                                                                        

C’est beau de célébrer les héros, c’est beau d’écrire et de chanter leurs faits d’armes. Mais il est encore plus beau, qu’après avoir tout donné, comme nous l’avons fait pour le Pays, de nous permettre d’y vivre au lieu de nous en chasser, nous autres qui avons chassé les ennemis.

C’est ce qui nous attend, si nous ne sommes pas assez forts, si nous sommes incapables de nous entendre.

Il ne faut pas que le parasite nous chasse, il ne faut pas que nous soyons des dupes. Les démobilisés doivent former un groupe compact, imposant déjà, une ligne forte de revenants avec laquelle il faudra compter, lorsqu’elle demandera du pain pour ses poilus.

Formant une ligue, nous nous aiderons les uns et les autres ; le riche soutiendra le pauvre, l’industriel ouvrira la porte de l’atelier, le médecin soignera le malade, l’avocat plaidera pour celui que la guerre  a blessé.

Il faut que celui qui n’a pas de relation puisse se servir de ceux qui en ont.

Il faut maintenir le coude à coude de la vague d’assaut telle que nous l’avons fait au combat.

Il faut rester camarades de combat comme nous l’avons fait.

Il faut que ceux qui sont restés, qui n’ont pas souffert, qui ont prospéré, tandis que d’autres se faisaient tuer, ne nous regardent pas en intrus, mais comme des libérateurs.

Camarades combattants de l’arrondissement de Tlemcen, groupons-nous, serrons les rangs, alignons- nous, nous repartons à l’attaque !!!

Nous avons eu les Boches, nous aurons notre droit.

Nous n’acceptons pas, nous ne voulons pas voir, le poilu sur le pavé !

                                                                                                       Paul TERADE

                                                                                                                                                                                

 

« A Paris, on discute toujours. De temps en temps on remue l’air  par des paroles sonores, mais quant à la chose due aux poilus, elle est encore bien loin. Ce régime énervant dure depuis trop longtemps. L’opinion publique est inquiète, des doutes commencent à s’élever. On dit déjà tout haut que notre victoire si chaleureusement acclamée le 11 novembre, n’est qu’un leurre. Il est grand temps de prendre des mesures énergiques, s’ils veulent calmer cet état d’esprit et ramener la confiance dans les cœurs. »

Commandant DE PONGERVILLE

Major (er) Hubert Midy

Chargé de la Mémoire