Saint Antoine le Grand, patriarche chrétien était un ermite retiré dans les déserts de la Théhaïde et considéré comme le fondateur de l’extrémitisme chrétien créant pour tous ceux qui le rejoignaient les premiers monastères alors que lui-même obsédé par de violentes tentations menait une vie d’anachorète, moine ermite vivant dans la solitude retiré de tout.

En fait, fêter la Saint Antoine date d’hier et ce n’est, de ce fait, que récemment qu’il est devenu le Saint de la Légion étrangère.

Les officiers qui ont porté le “Képi Blanc” fêtaient la “Saint-Antoine” le 17 janvier 2018 et se retrouvaient, pour ceux qui le pouvait, ce jour là à Auriol et Puyloubier, lieux sacrés de la solidarité légionnaire.

Cette année, 21 légionnaires-officiers participaient à cette réunion fraternelle, une magnifique occasion d’évoquer des souvenirs et de partager la joie de l’instant présent en fortes émotions amicales. De quoi renforcer les liens d’une communauté particulière.

Pour marquer cette année le centième anniversaire de 1918, les écrits du général Zinovi Pechkoff, un des nôtres, issu du rang des légionnaires nous semble une très bonne conclusion qui fût la nôtre à l’issue de cette brillante fête de la Saint-Antoine du désert:

 

Clin d’oeil à un des nôtres qui vient de nous quitter:

le Camerone du lieutenant (te) Isidore Anzanel.

 1957: Les 3° et 4° REI, 13°DBLE et 2°REP, se partagent les willayas, cités austères qui sont les points de passage obligés vers l’Aurès, bloc montagneux, dominé par le plus haut sommet de l’Algérie, le Chélia qui culmine à 2328 mètres.

Dans ces djebels arides burinés par l’érosion, dans leur rocaille, les comptes se règlent au PM et à la grenade.

El-Milia, au coeur de la petite Kabylie, est le domaine des lentisques, des bruyères, des chênes verts masquant la vue. On se fusille à bout portant. L’embuscade peut surgir à tout moment.

Le 15 avril 1957, deux sections de la 2°compagnie du 3°REI, soit une quarantaine d’hommes, partent en reconnaissance dans le M’Chatt, au nord d’El-Milia. Un renseignement annonce une concentration de trois katibas au djebel Tamasere, près d’une ancienne mine de kaolin.

40 hommes pour trois katibas ! A priori, c’est peu. Le commandant de compagnie étant souffrant, le lieutenant Anzanel, ancien légionnaire d’origine italienne, engagé à dix-huit ans en 1947 et entré sur titre à Coëtquidan a pris le commandement. Un FM par section. Liaison radio assurée par le pesant SCR 20.

A onze heures trente, alors que des hommes en treillis viennent d’être aperçus sur une crête voisine, les éclaireurs de la 2° section se heurtent à des tireurs dissimulés dans la broussaille. Presque aussitôt, le feu éclate de tous côtés. Le détachement est tombé dans une large souricière.

Deux ou trois gourbis en ruine sont à portée. Dans un réflexe, Anzanel crie “Aux mechtas” afin de s’y retrancher. L’alerte est donnée. Le liutenant-colonel de Vaugrineuse, arrive sur les lieux en hélicoptère. Les légionnaires entendent l’appareil mais ne le voient pas, cette présence est bonne pour le moral. Brusquement de Vaugrineuse s’affaisse sur son siège, atteint par une rafale de FM, le pilote se hâte vers El-Milia, trop tard, la blessure est mortelle.

Au sol, le combat fait rage. Les gourbis, étagés sur la pente n’offrent qu’un abri précaire. Celui du haut est occupé par le caporal Meyer et quatre légionnaires. Anzanel et une dizaine de défenseurs sont barricadés dans celui du centre. Pour ne pas être compris des assaillants, les ordres sont hurlés en allemand. Dans la Légion de 1957, la langue de Goethe se pratique couramment. L’ennemi est tout près. Ils somment les légionnaires de se rendre, proposition rejetée. Un blessé resté à la traîne est affreusement massacré.

Le sergent-chef Holzendorff, vieux baroudeur d’Europe et d’Indochine mortellement touché ne cesse de répéter à son chef: “Mon lieutenant, il faut tenir, il faut tenir !”

Les légionnaires tiennent. A dix-sept heures, enfin, la “4 portée” du capitaine Jaluzot et du lieutenant Selosse, font liaison, l’ennemi décroche.

Le lieutenant-colonel (er) Isidore, Piétro, Luigi Anzanel né le 1er février 1929 était commandeur dans l’ordre de la Légion d’honneur, il vient de nous quitté à l’âge de 91 ans.

 

Référence: Récit du colonel (er) Anzanel pour le livre “histoire de la Légion” par Pierre Montagnon.