Militaire puis détective privé, le Montpelliérain Patrick Féré, devient finalement chanteur lyrique à 53 ans.

Récit.

J'ai "commencé à chanter à l'âge de 6 ans. Mais ma mère me disait de me taire car elle trouvait que je chantais mal", confesse Patrick Féré. Alors, persuadé qu'il n'avait aucun talent, ce Montpelliérain de 53 ans s'est longtemps éloigné de son vieux rêve : devenir un baryton reconnu !

 

Il s'engage dans la légion à 18 ans

Pourtant... "Mon grand-père était prestidigitateur et ma grand-mère voyante", explique-t-il de sa voix grave et puissante. Dès l'âge de 13 ans, il foule les planches du théâtre du Chemin vert, sous la direction de Robert Hossein. "Un monument." Mais le manque d'enthousiasme familial aura raison de son engagement.

"À 18 ans, je me suis engagé dans la légion étrangère car, à l'époque, j'avais besoin d'un cadre et de quelqu'un qui me dise ce que je devais faire", explique Patrick Féré, qui tient à préciser que son "casier judiciaire était vierge".

Après s'être fait tatouer l'intégralité de ses deux bras, ce dernier quitte la carrière militaire et devient "agent de recherche privé". Comprenez détective.

Ses missions le mènent partout en France. Sa spécialité est la protection de personnalités mais il prend un malin plaisir à mener des filatures. C'est dans ces moments-là qu'il prend l'habitude de se grimer, pour échapper à la vigilance de ses cibles. "J'y prenais beaucoup de plaisir car cela me rapprochait de la comédie." Et, à la tombée de la nuit, il n'est pas rare que l'homme prenne des cours de chants. Histoire de prendre confiance en son talent. Histoire de ne pas renier son rêve.

Il démantèle un réseau pédophile

Patrick mène aussi des enquêtes au long cours. Comme celle qu'il conduit entre 2001 et 2006. "J'ai traqué un conseiller municipal d'une grande ville qui était suspecté d'être un pédophile." À force d'abnégation, il découvre que cet homme est en réalité "l'arbre qui cache la forêt" et qu'il est en face d'un réseau de pédophilie de grande ampleur, impliquant des hommes politiques et des magistrats. L'affaire fait à l'époque grand bruit. Et aujourd'hui, "toutes ces personnes dorment en prison". Une fierté pour le détective. Mais cette affaire a laissé des traces dans son esprit. Il décide de tout plaquer. Et de rouvrir la partition.

Ne pas renier son rêve

Dès 2009, Patrick Féré court les castings et les auditions. Au cours de l'une d'elles, une professeur de chant le repère et le présente à Richard Alexandre Rittelmann, l'ambassadeur du lyrisme français dans le monde. Ce dernier explique au chanteur débutant qu'il sous-estime sa voix. "Patrick était un diamant brut qui s'ignorait. Il a le même profil que Franck Ferrari, c'est-à-dire un baryton verdien", explique Rittelmann, qui ne croit pas que son âge soit un handicap. "Il n'est jamais trop tard ! Alain Fondary a commencé à 40 ans, après une carrière de souffleur de verre. Alors il faut qu'il y aille !" Tous ces compliments encouragent Patrick. "Je n'y crois toujours pas. Cela me donne une grande confiance", explique ce père de sept enfants, nés de quatre femmes différentes.

En 2013, celui-ci joue son premier opéra, à l'auditorium de Bordeaux, où notre baryton tient un rôle dans L'Odyssée de l'espace. "En posant le premier pied sur scène, j'ai pensé à ma mère, qui me mettait des tartes lorsque je poussais la voix", avoue l'artiste qui a enchaîné, depuis, une vingtaine de concerts. Et désormais, Patrick peut voir l'avenir avec optimisme, grâce à son entourage. Épaulé par un chef de chant et un coach vocal, ce dernier peut également compter sur les conseils de son amie, Marinelle Alagna, la sœur et agent de Roberto. Son ambition "d'intégrer l'Opéra de Montpellier" est donc à une corde de se réaliser.

 

Source : LE MIDI LIBRE