Le traité du 19 mai 1868 a cédé à la France Cotonou et une partie du littoral de la Côte des Esclaves. Puis en 1882, le petit royaume de Porto-Novo s’est placé volontairement sous la tutelle Française. L’embouchure de l’Ouémé, principal cours d’eau permettant de s’enfoncer dans l’intérieur par voie fluviale, est ainsi insérée entre deux possessions françaises.

 

  • Dès le début de 1892, Béhanzin,successeur de Glé-Glé au trône du Dahomey (actuellement Bénin), à l’exemple de son père qui a déclaré nulle la convention bilatérale signée avec la France en 1868, multiplie les actes d’hostilité ; les comptoirs français de Porto-Novo et de Cotonou sont mis en état d’alerte et attendent les renforts.

  • En 1892, Ouidah, petit port de la côte dahoméenne, est l’un des quelques comptoirs français égrenés tout au long de l’Afrique. Jusque-là, leur installation est garantie depuis 1868 par un traité d’amitié avec le roi local. Conseillé par des Allemands, Béhanzin, le nouveau roi, menace les commerçants et se constitue une armée, équipée à l’européenne, avec des fusils Mauser et des instructeurs allemands.

    • La chaloupe du gouverneur ayant été attaquée, avec des blessés à bord, Charles de Freycinet, polytechnicien de la promotion X 1846, colonial ardent, ministre des Colonies, décide d’attaquer Béhanzin. Les Chambres le suivent et votent les crédits.

    • Le 30 avril, la France décide d’envoyer un corps expéditionnaire de 4 000 hommes, aux ordres du colonel Alfred Amédée Dodds, un mulâtre de Saint-Louis. Sur sa demande, un bataillon de 800 légionnaires, puisés en fractions égales dans les deux Régiments étrangers, aux ordres du commandant Faurax, lui est affecté. Le capitaine Drude commande une des compagnies.

    • Les 1ère et 3e compagnies de ce bataillon appartenant au 1er Régiment étranger, partent de Sidi-Bel-Abbès le 2 août ; les 2e et 4e compagnies appartiennent au 2e Régiment étranger. 22 officiers et 802 sous-officiers et légionnaires embarquent le 5 août à Oran, sur les paquebots Mytho et San Nicolas. Ils débarquent à Cotonou le 26 août.

    • La mission est de s’emparer d’Abomey et de contraindre Behanzin à la négociation. Mais la campagne ne s’annonce pas facile car le Dahomey est un véritable royaume, dirigé par son chef avec autorité. Le Dahomey possède une véritable armée.

    • Les quatre compagnies de la Légion sont ventilées dans les trois groupes constitués par le colonel Dodds, qui sont pour le reste à base de tirailleurs sénégalais levés à Dakar. Le commandant Faurax dirige le 3e groupe, comprenant les 2e et 3e compagnies.

    • Dès le 17 août, après une démonstration de présence vers Cotonou, les premiers éléments de la colonne Dodds quittent Porto-Novo et emprunte la rive gauche de l’Ouémé. Les deux canonnières Opale et Corail remontent le fleuve avec mission d’appui feu et de ravitaillement.

    • Le 26 août, le débarquement s’est opéré sans problème. Pendant dix jours, tout se passe bien. Les unités découvrent un pays couvert de forêts. C’est un fouillis inextricable de palmiers nains et de plantes aquatiques, coupé de rivières et de lagunes. Là où la forêt et les marécages ne règnent pas, pousse une herbe haute de deux mètres. Le climat est chaud et humide, les marais sont des foyers de fièvres.

    • Le 30 août, la colonne française pénètre dans le territoire du Dahomey, par la seule voie permise par la nature, l’Ouémé, fleuve navigable qui traverse le Dahomey du nord au sud.

    • L’armée de Béhanzin est là, forte de 12 000 hommes et 2 000 femmes ; elle couvre la route de la capitale, objectif de la colonne. Les Dahoméens sont animés d’un courage fanatique. Conseillers par des instructeurs et aventuriers européens, ils disposent d’armes perfectionnées à tir rapide et de quelques canons-révolvers, la mitrailleuse de l’époque. Les Amazones, femmes-guerriers, forment l’élite de l’armée qu’elles entraînent au combat en montrant l’exemple de courage, mais aussi de cruauté sauvage : elles ne font pas de quartier. L’expédition s’annonce périlleuse.

    • Des engagements sporadiques, les mesures de sécurité pour déjouer les surprises, échapper aux tireurs grimpés dans les palmiers ou dissimulés dans les forêts, avec les cadres pour cibles, les obstacles naturels ralentissent la progression. Chaque soir, le bivouac s’installe au carré. Au préalable, il est nécessaire de dégager les abords afin d’éviter les infiltrations.

    • Les légionnaires peinent car le pays est malsain.

    • Le 11 septembre, Faurax atteint l’Ouémé et opère sa jonction avec la première colonne.

    • Le 18 septembre, en fin de journée, le colonel Dodds ordonne la halte à hauteur du village de Dogba, sur un mouvement de terrain en forme de fer à repasser surplombant l’Ouémé, pour y installer le bivouac. Comme d’habitude, les approches immédiates sont dégagées afin d’améliorer les vues.

    • Le 19 septembre, un petit poste d’infanterie de marine, installé en avant-garde, distinguent des ombres noires et donnent l’alerte.

      • A 5 heures, la colonne est attaquée à Dogba par 4 000 Dahoméens, sortis de la forêt, conduits par un frère du roi Béhanzin ; alors que le clairon sonne la diane, de tous les buissons jaillissent des guerriers dahoméens ; quelques assaillants seulement pénètrent dans le camp, les autres sont fauchés. Mais nombre d’entre eux grimpent dans des arbres d’où ils tirent ; les tirs plongeants causent des pertes à l’expédition.

      • A 5 heures 10, les tirailleurs sénégalais ne lâchent pas ; le carré formé par les légionnaires reçoit un rude choc : le commandant Faurax fait sonner la charge ‘’ En avant, la Légion !’’ Les légionnaires montrent leur solidité habituelle, se portant sur tous les points où la défense a tendance à fléchir. Le commandant Faurax mène une de ces interventions à la tête d’une section lorsqu’il s’affaisse, une balle dans le côté. Le capitaine Drude, commandant une des compagnies de la Légion, le fait porté vers l’ambulance.

      • Très vite, la mêlée est indescriptible. Les Amazones ne sont pas les moins acharnées. Un moment, menacés d’être enveloppés, ils se replient sur le camp. Les canons tirent à mitraille, faisant un massacre des Noirs qui tentent de déboucher de la forêt. L’attaque prend aussitôt un caractère d’extrême violence et, après une fusillade intense, l’adversaire pénètre à l’intérieur du bivouac.

      • Mais la Légion réagit ; les contre-attaques à la baïonnette font partie de ses traditions. Finalement, les compagnies de Légion repoussent les Dahoméens. Quatre fois, les Dahoméens repartent à l’assaut. Quatre fois, ils sont repoussés. Mais les tireurs perchés dans les arbres sont beaucoup plus dangereux.

      • Jusqu’à dix heures du matin, le corps à corps ne faiblit pas. Et puis, d’un seul coup, les agresseurs s’enfuient. Ils abandonnent 132 morts, dont une vingtaine de femmes, sur le terrain. Mais les Dahoméens ont emportés de nombreux cdavres. Parmi les prisonniers, il y a aussi deux femmes.

      • L’expédition déplore 45 tués (5 légionnaires dont le commandant Marius Faurax) et 60 blessés (10 légionnaires).

      • Les Marsouins découvrent à l’orée de la forêt le cadavre de l’un des leurs horriblement mutilé. Après un bref interrogatoire, les prisonniers et les prisonnières sont fusillés.

  • Les blessés sont évacués par voie fluviale et un fort, appelé Fort Faurax, est édifié pour servir de relais. La colonne reprend sa progression vers le nord.

  • La colonne quitte le camp de Dogba pour continuer vers le Nord, le long du fleuve. Quatre kilomètres par jour, car il faut faire passer les canons. La colonne franchit la rivière à bord de pirogues et de chalands. Les canonnières continuent à accompagner la colonne en empruntant un affluent de droite.

      • Le 28 octobre, un nouvel accrochage oppose la colonne aux Dahoméens.

  • Le 2 octobre, la colonne traverse l’Ouémé afin de se retrouver sur la rive d’Abomey. La forêt s’éclaircit quelque peu.

  • Tous les jours, il y a un engagement car Béhanzin veut barrer la route de la capitale.

      • Le 4 octobre, à Poguessa, à neuf heures du matin, une fusillade à bout portant éclate en tête de colonne. Un bataillon d’Amazones tombe sur les tirailleurs sénégalais de l’avant-garde ; Les guerrières de choc sont enragées, excitées par l’alcool et les féticheurs. L’ennemi invisible est embusqué dans la brousse. Les légionnaires qui s’élancent au secours des tirailleurs, ont du mal à contenir les terribles Amazones. Le combat dure trois heures.Le combat coûte encore de nombreux morts dont le sous-lieutenant Amelot et de nombreux blessés aux deux compagnies de la Légion. Les pertes ennemies sont de 150 morts dont 17 Amazones.

      • La colonne quitte alors les rives de l’Ouémé et la progression se poursuit à travers une brousse épaisse : mais l’adversaire pratique un harcèlement incessant, envoyant notamment contre les Français le détachement des Amazones. Les Dahoméens se retirent après chaque combat pour aller se reformer ailleurs.

      • Béhanzin défend la forêt qu’il faut franchir avant d’atteindre la capitale ainsi que Kana, la ville sainte toute voisine.

      • Plus d’eau car la colonne s’est éloignée de la rivière. Hommes et animaux doivent se contenter d’eau boueuse. La forêt est de plus en plus épaisse. La colonne s’avance au milieu de nuées de moustiques, dans une chaleur torride.

      • 6 octobre : combat d’Adegon.

      • 12 octobre : combat d’Oumbouémédi. Les Dahoméens tiennent des tranchées que les légionnaires enlèvent à la baïonnette afin de poursuivre la marche.

      • 13 octobre : combat d’Akpa.

      • Le 14 octobre, l’avant-garde s’approche des sources du Loto tant désirées ; une fusillade éclate ; Béhanzin et les siens attendent la colonne autour de cet appât. Les hommes boivent, aplatis à plat vendre tandis que les copains font le coup de feu puis ceux-ci, relevés, boivent à leur tour. Pour la première fois, l’adversaire se manifeste avec de l’artillerie. Des conseillers européens, trois allemands et un belge, sont faits prisonniers et passés par les armes.

      • Pertes au combat, hommes indisponibles pour maladies. Le colonel Dodds sent que sa troupe a besoin de marquer un temps d’arrêt. Il effectue un léger repli afin de mieux se réorganiser. Au cours de cette phase délicate, la Légion assure la sécurité du mouvement.

        • 15 octobre : deux légionnaires sont tués en secourant un convoi de blessés.

        • 20 octobre : cinq autres légionnaires sont tués en dégageant un peloton encerclé.

        • Béhanzin continue à se replier vars Kana ; des membres de sa famille et plusieurs chefs de tribu lui conseillent de s’entendre avec les Français comme Tofa ; mais les féticheurs et les instructeurs allemands l’adjurent de ne rien faire.

        • Le commandant Audeoud arrive avec des renforts de 500 hommes ; le colonel Dodds en profite pour modifier son dispositif. Il constitue quatre groupes au lieu de trois, chacun comptant une compagnie de la Légion Etrangère. Le colonel sait qu’il dispose avec les légionnaires de son meilleur outil pour forcer le passage en direction d’Abomey.

        • La dernière semaine d’octobre, le colonel Dodds fait reposer ses troupes.

        • Les engagements se succèdent dès que la colonne reprend sa progression : 27 octobre, 2, 3 et 4 novembre.

        • Finalement, Béhanzin se décide à entrer en rapport avec les Blancs du Corps expéditionnaire français et lui envoie des émissaires avec qui le colonel Dodds palabre.

        • 6 novembre, après 3 jours de combats acharnés dans les faubourgs de Kana, la ville sainte, suite aux palabres, Béhanzin se retire, laissant la ville aux mains des Français ; il entend ainsi marquer son désir de poursuivre la négociation. Manifestement, les Français ont pris l’avantage sur leurs adversaires qui, à chaque rencontre, éprouvent des pertes terribles. Béhanzin ne peut sous-estimer la déconfiture de son armée décimée par le feu des Français.

      • Les légionnaires et les autres soldats découvrent avec surprise les sanctuaires fétichistes d’une tristesse indicible, poussiéreux, pleins d’objets de cauchemar et d’aspect inquiétant, que les porteurs de l’expédition refusent de regarder.

      • 7 novembre : des parlementaires se présentent. Mais le colonel Dodds n’est pas d’humeur à transiger car les pertes subies ne l’incitent pas à composer. Il exige le protectorat français sur le Dan-Homé, la cession du territoire en bordure du littoral ; une indemnité de guerre de 15 millions ; l’entrée dans Abomey pour bien signifier à Béhanzin et aux siens qui est le plus fort.

      • 15 novembre, les négociations sont rompues ;l’avant-garde sur la route de Kana à Abomey voit le ciel s’obscurcir : Béhanzin met le feu à son palais et à plusieurs autres constructions ; il vient de rompre les négociations.

      • Le 16 novembre, le colonel Dodds atteint Abomey qui est pris par la colonne sans combat ; Abomey est une ville assez étendue, faite de nombreuses constructions de terre couvertes de chaume. Au sommet de la ville, s’élève le palais entouré de muraille.

      • Le 17 novembre, à seize heures, le P.C. du colonel Dodds, protégé par une compagnie de la Légion Etrangère, s’installe aux pieds des murs calcinés du palais Simbadge.

      • Le 18 novembre, le colonel Dodds proclame la déchéance du roi Béhanzin qui prend la fuite en brousse.

  • Officiers tués pendant cette expédition : commandant Faurax (mort à la suite de ses blessures) et Marmet (officier d’ordonnance du colonel), capitaines Bellamy et Crémieu-Foa (mort à la suite de ses blessures), lieutenants Doué, Gélas, Ménou, Mercier, Michel, Toulouse et Valbrègue, sous-lieutenants Amelot, Badaire et Bosano, médecin Rouch.

  • Officiers blessés : commandants Lasserre, Riou, Stéfani et Villiers, capitaines Battreau, Combèttes, Fonssagrives et Roget, lieutenants Cany, Cornetto, Farrail, Jaquet, Gay, Mérienne-Luca, Maron, Rieffer et d’Urbal, sous-lieutenant Ferradini.

  • (S55’-43) (S82-2001 N°6) (S233-41) (S255-20 & 21) (S257-35 & 36) (S263-125 à 130) (S269-135 à 142) (Site du Mémorial de Puyloubier).

  • 3 décembre 1892 : le général Dodds proclame à Abomey le protectorat de la France sur le Dahomey. Le roi Béhanzin, vaincu, qui s’est retiré dans le nord du pays avec quelques centaines de guerriers et d’Amazones, est déclaré déchu. Il est remplacé par son frère Ago Li Ago.

  • Fin 1892 : le bataillon de la Légion Etrangère reçoit un renfort de 150 légionnaires avec les capitaines Brundsaux et Félineau.

  • Début octobre 1893, le général Dodds lance la traque contre Béhanzin. Trois groupes, analogues à ceux de 1892, sillonnent la région où il est localisé. Chacun s’appuie encore sur une compagnie de la Légion Etrangère. Le chef de bataillon Drude commande l’un de ces groupes.

  • Fin novembre 1893, le vide se fait peu à peu autour de l’ancien suzerain. Ses derniers dignitaires restés fidèles finissent par l’abandonner et se rallient aux Français.

  • Janvier 1894 : pour les légionnaires regroupés à Cotonou, l’heure du retour définitif a sonné.

        • Partis à huit cents, les légionnaires laissent derrière eux 37 des leurs tués au combat ; 200 légionnaires ont été blessés. Avec les malades, ils reviennent à 450 hommes valides.

        • 23 médailles militaires sont décernées. L’adjudant Haberer reçoit la Médaille militaire ; il sera fait chevalier de la Légion d’honneur en 1898.

  • Avant leur départ, le général Dodds tient à les saluer : ‘’Légionnaires, au moment où vous allez quitter de Dahomey, terrain de vos exploits, je tiens à vous remercier du fond du cœur de ce que vous avez fait. En 1892, vous avez montré vos belles qualités militaires en sachant vous imposer à l’ennemi, répondre à son feu, en n’hésitant jamais comme à Dogba à faire vaillamment votre devoir. Cette année, ce sont vos qualités de résistance que vous avez montrées et je puis vous assurer que ce sera pour moi un des meilleurs souvenirs de ma vie militaire d’avoir eu l’honneur de commander une troupe telle que la Légion’’.

  • Les deux compagnies du 1er Etranger qui ont pris une large part au succès de l’expédition regagnent Sidi-Bel-Abbès où elles sont accueillies triomphalement.

  • En 1894, abandonné de tous, Béhanzin finit par se rendre aux autorités françaises.

  • 1er février 1895, Béhanzin arrive à Cotonou, accompagné d’une petite escorte française et d’une quarantaine de ses femmes. Il sera exilé à la Martinique puis à Blida en 1906, où il décède.

  • 1900 : Ago Li Ago, homme de paille, est à son tour déchu. Le Dahomey devient une colonie.

 

Jean Balazuc P.P.P.

 

Sources

 

Histoire de la Légion de 1831 à nos jours du capitaine Pierre Montagnon – Pygmalion-1999.

La Légion Etrangère – 150e anniversaire – Historia N° spécial 2e trimestre 1981.

La Charte de la F.N.A.M.

L’Ancre d’Or des Troupes de Marine

Le Spectacle du Monde : Legio Patria.

La Légion Etrangère – Voyage à l’intérieur d’un corps d’élite – John Robert Young et Erwan Bergot – Robert Laffont – 1984.

Le 1er Etranger – Philippe Cart-Tanneur & Tibor Szecsko – B.I.P. – 1986.

Site du Mémorial de Puyloubier.

Site du Musée de l’Histoire militaire.

 

Amelot, sous-lieutenant de la Légion Etrangère ; tué au combat le 04.10.1892 à Poguessa au Dahomey.

 

Audéoud Marie Michel Alix René, né le 07.09.1854 à Buxières-sous-les-Côtes dans la Meuse ; saint-cyrien de la promotion La Grande Promotion 1874-1876 ; officier de l’Infanterie de Marine ; commandant, il arrive avec un renfort de 500 hommes en octobre 1892 pour la colonne du colonel Dodds au Dahomey ; colonel en avril 1898, il dirige les troupes lancées contre la ville de Sikasso au Mali et prend la ville le 1er mai 1898. Général, commandant supérieur des troupes françaises de l’A.O.F. au Sénégal. Décédé le 10.05.1909 à Paris.

 

Béhanzin (Gbêhanzin, Gbèhanzin) ou Bédazin Boaijéré Honu Bowelé, né en 1845 et mort en 1906, il est traditionnellement (si on ne compte pas Adandozan) le onzième roi d'Abomey. Roi du Dahomey du 06.01.1890 au 15.01.1894, date de sa reddition. Fils de Da-Da Glé-Glé Kini-Kini, mort le 30.12.1899, il est d’abord connu sous le nom d'Ahokponu puis de prince Kondo à partir de 1875. Il était l'ennemi du roi Toffa de Porto-Novo, territoire réuni à la colonie du Dahomey. Être sacré, il porte plusieurs titres : Dada (père de toute la communauté), Dokounnon (détenteur et dispensateur de biens), Sèmèdo (maître du monde), Aïnon (maître de la terre), Jèhossou (maître des perles), etc. Son totem est le léopard. Ses insignes de pouvoir sont le kataklè (tabouret tripode), les afokpa (sandales), l’avotita (pagne tissé et décoré de motifsappliqués), l’awè (parasol), le mankpo (récade), le so (fusil) et le hwi (sabre). Il a été marié à douze femmes et a eu probablement plus de cinquante enfants.  Il multiplie les actes d’hostilité contre les Français qui s’installent au Dahomey. Son combat contre les troupes françaises commandées par le colonel Alfred Dodds entre 1892 et 1894, prend fin le 15.01.1894 lorsqu'il signe sa reddition. Le 30.03.1894, Béhanzin est déporté par les autorités coloniales sur l'île de la Martinique où, avec sa famille et sa suite, il réside au Fort Tartenson. Il quitte la Martinique en 1906 et meurt d'une pneumonie à Blida en Algérie le 10.12.1906. Sa dépouille retrouve le sol ancestral : il est solennellement inhumé à Djimé, le 09.03.1928.

 

Brundseaux Paul, né le 04.10.1855 en Meurthe et Moselle ;il s’illustre comme capitaine lors de la campagne du Dahomey en 1892-1893 ; capitaine, commandant une compagnie de la Légion étrangère à Madagascar en 1895 ; il est promu chef de bataillon en mai 1897 ; son bataillon du 1er R.E. fait partie de la colonne Bertrand en 1900 ; le 01.07.1900, le commandant avec une de ses compagnies occupe Taghit ; en 1902, il est de retour à Madagascar ; il est promu lieutenant-colonel en décembre 1903 ; en juin 1905, il est réaffecté au 1er R.E. ; il est au Tonkin en 1906 et 1907 ; colonel le 23.03.1908, il est le chef de corps du 136e R.I. ; général de brigade en 1912 ; Gouverneur militaire de Paris, il finit sa carrière militaire en 1916, à la tête de la 136e brigade d’infanterie sur le front de France ; décédé le 02.01.1930.

 

Dodds Alfred Amédée, né le 06.02.1842 à Saint-Louis du Sénégal ; métis par ses deux parents ; saint-cyrien de la promotion 1860-1862 ; affecté aux Troupes de marine ;lieutenant à la Réunion en 1865 ; capitaine en décembre 11869 ; il se distingue pendant la guerre de 1870 à Bazeilles ; chevalier de la Légion d’Honneur ; il s’évade de Sedan et rejoint l’armée de la Loire puis celle de l’Est ; interné en Suisse ; affecté au Sénégal de 1871 à 1878, puis en Cochinchine en 1878-1879 ; chef de bataillon au Sénégal en 1879 ; il participe aux opérations en Casamance entre 1879 et 1983 ; lieutenant-colonel en 1883, affecté dans le delta du Tonkin ; colonel en 1887 ; il pacifie le Fouta Djabé en Guinée ; chef de corps du 8e colonial à Toulon ; commandant supérieur des troupes françaises au Sénégal à partir de 1890 ; commandeur de la Légion d’honneur en 1891 ; commandant le corps expéditionnaire envoyé en 1892-1894 au Dahomey. Il est nommé général de brigade en 1892. Inspecteur des Troupes de marine ; Grand officier de la Légion d’honneur ; nommé en 1895 commandant supérieur des troupes françaises en Indochine ; général de division en 1899 ; commandant supérieur des Troupes de marine de 1903 à 1907 ; Grand Croix de la Légion d’honneur et Médaille militaire en 1907. Décédé à Paris le 18.07.1922.

 

 

 

Drude Antoine Marius Benoît, né en 1853 ; capitaine, commandant une des compagnies de la Légion Etrangère au Dahomey en 1892 ; lieutenant-colonel, il participe à l’expédition internationale en Chine en 1900-1901 ; le 07.11.1900, il s’empare de Kao Pay, à la tête de ses trois compagnies d’infanterie et d’une section d’artillerie de campagne ; général de brigade, commandant les troupes d’Algérie débarquant au Maroc le 07.08.1907. Général de division en 1911. En 1914, il commande la division d’Oran. Grand Officier de la Légion d’honneur. Décédé en 1943.

 

Faurax Marius-Pal, né en 1849 à Paris ; engagé à 18 ans en 1867 au 77e R.I. ; sergent au début de 1869 ; blessé le 02.08.1870 ; son unité fait partie de la division du général Cremer qui combat le 18.12.1870 à Nuits-Saint-Georges ; promu lieutenant sur le champ de bataille ; son unité fait partie de la division du général Bourbaki ; interné en Suisse ; capitaine en mai 1875 ; en 1881, adjudant-major au 101e R.I. pour une campagne de pacification de la Tunisie pendant cinq ans ; affecté à 3e B.I.L.A. en 1887 ; commandant en 1889 ; affecté au 1er R.E. à Sidi-Bel-Abbès ; avec la Légion, au Tonkin contre les pirates ; de retour en France, il retrouve le 1er R.E. en 1890 ; chef du Bataillon de la Légion Etrangère envoyé au Dahomey en 1892, dans le corps expéditionnaire du colonel Dodds ; il dirige le 3e groupe de la colonne, constitué des 2e et 3e compagnies de la Légion Etrangère ; mortellement blessé au combat le 19.11.1892 à Dogba. Décédé à l’hôpital de Porto-Novo.

 

Félineau Henri François, né en 1853 ; capitaine, commandant une compagnie de la Légion Etrangère au Dahomey fin 1892-1893 ; général, commandant le 14e brigade lors de la Bataille de la Marne, à Ethe, en août 1914 ; décédé en 1943.

 

de Freycinet Charles, né le 14.11.1828 à Foix dans l’Ariège ; polytechnicien de la promotion X 1846 ; ingénieur du Corps des Mines ; sénateur de la Seine de 1876 à 1920 ; plusieurs fois ministre, plusieurs fois président du Conseil ; ministre des colonies en 1892, colonial ardent ; il lance l’expédition contre Béhanzin, roi du Dahomey. Décédé le 14.05.1923 à Paris.

 

Haberer Eugène, adjudant au 1er Etranger de la Légion Etrangère ; il participe à l’expédition au Dahomey en 1892-1893 : il est décoré de la Médaille militaire : il est fait chevalier de la Légion d’honneur le 25.02.1898.

 

Tofa, souverain d’un territoire aux limites mal définies, dont la capitale est Porto-Novo; ami de la France. Il fournit les moyens de transport de l’expédition du colonel Dodds.