Certains ont porté le képi blanc. D’autres, sans jamais l’avoir porté, ont su, par la grâce de leur art, en saisir la grandeur, la rudesse et son âme.

Peintres, écrivains, musiciens, sculpteurs ou photographes : qu’ils aient été légionnaires ou qu’ils aient choisi de rendre hommage à la Légion étrangère, tous ont contribué à transmettre une mémoire vivante. Par leur talent, ils ont raconté l’engagement, exalté la fraternité, immortalisé les silences et les éclats d’une histoire faite d’hommes venus de loin pour servir ensemble.

À ces artistes, reconnaissants, nous disons : merci.

Vous avez donné à la Légion d'autres formes d’éternité.

Honneur à vous, témoins inspirés de l’esprit légionnaire.

Œuvre de André Marcy :

Aquarelle N°1 :

L’uniforme : Shako noir à galon garance et pompon du bataillon. Plaque de shako en cuivre. Habit bleu de roi, passepoilé garance. Bouton de cuivre avec étoile centrale et Inscription en exergue : Légion Etrangère». Pantalon garance. Guêtre de toile, souliers noirs. Buffleterie blanche. giberne noire. Havresac en peau de veau surmonté de l'étui à mille raies. Fusil modèle 1822 avec baïonnette

De Philippe Auguste à la Restauration, quelques quatre cents Régiments étrangers servirent la Nation Française. Ils furent, durant de longues périodes, la base des Armées nationales, le service militaire obligatoire étant alors pratiquement inconnu. Tant et si bien qu'en 1792, l'Assemblée Législative de la République ordonna la création d'une Légion Franche Etrangère. Elle ouvre la liste d'innombrables formations. étrangères qui serviront sous la 1ère République et sous l'Empire ainsi que celles levées pendant les Cent Jours. Toutes ces unités furent licenciées après Waterloo et réorganisées en une Légion Royale Etrangère qui devient par la suite Régiment de Hohenlohe. En même temps une Ordonnance Royale prescrit la création de quatre Régiments de Ligne et deux Régiments de la Garde, composés de Suisses.

Le 7 février 1830, un Corps Expéditionnaire Français de 37.000 hommes est prêt à embarquer à destination d'Alger pour mettre fin à la piraterie barbaresque dans la Méditerranée. Logiquement, le début de cette entreprise devait fournir un prétexte pour favoriser le recrutement des soldats étrangers. En réalité c'est le contraire qui va se produire puisque les formations suisses et le Régiment de Hohenlohe sont dissouts. Cependant. entre le débarquement à Alger et la disparition totale des troupes étrangères une révolution éclate à Paris qui embrase toute l'Europe. Les soulèvements échouèrent et des réfugiés affluent en France par toutes ses frontières. Malgré sa situation économique difficile, elle ne peut pas ignorer ces hommes qui cherchent en vain une patrie à leur convenance et des guerriers réduits au chômage et elle offre la possibilité de servir dans les rangs de son Armée. La Légion qui se forme est faite pour eux. Telles sont, en résumé, les origines de la Légion et les conjonctions historiques qui expliquent !'Ordonnance Royale de Louis Philippe en date du 10 mars 1831.

L'organisation de la Légion est calquée sur celle des Bataillons de l'infanterie de Ligne Française. Les sept bataillons prévus pour la Légion comptent 8 Compagnies à 112 hommes chacune, à l'exclusion des Compagnies délite. En effet, les grenadiers et voltigeurs d'élite sont choisis parmi les soldats confirmés. Les bataillons sont constitués d'hommes de la même nation, parlant la même langue. Quatre ans plus tard on se rendra compte de cette erreur et la formule sera abandonnée au profit du mélange des nationalités, qui sera une réussite étonnante. Placée sous le commandement du colonel Stoffel, d'origine Suisse, la Légion occupe ses cantonnements à Langres, à Bar le Duc, à Agen, à Auxerre et commence aussitôt l'organisation des unités et la formation militaire. Les hommes ayant déjà servi dans les Régiments Suisses et de Hohenlohe sont placés en majorité dans le 1er Bataillon. Les 2ème et 3ème Bataillons reçoivent les Suisses et les Allemands, le 4ème est réservé aux Espagnols, le Sème aux Sardes et Italiens, le 6ème aux Belges et Hollandais et enfin le 7ème Bataillon aux Polonais.

La préparation se poursuit tant bien que mal passant par l'école du soldat aux· corvées ennuyeuses et aux revues de paquetages inévitables. Quelques mois sont suffisants pour apprendre aux légionnaires les manœuvres en rangs serrés, le pas de gymnastique, le maniement d'arme compliqué, le tir et les secrets du fusil modèle 1822. Le chargement de celui-ci s'effectuait en douze temps décomposés ou à charge rapide à volonté. Le tir était bon jusqu'à 200 mètres avec vitesse possible de 4 coups à la minute pour !e fantassin entrainé, mais les ratés sont fréquents et la pluie pouvait rendre le tir impossible.

Quand les Bataillons sont considérés opérationnels-. ils sont envoyés à Toulon pour être embarqués à destination d'Alger. Le mérite de cette réussite rapide revient aux Officiers. Sous-Officiers et Gradés ayant déjà servi dans les rangs des Régiments Etrangers.

L'Aventure Légionnaire commence comma une parade de soldats de plomb sur les plages blanches d'Algérie. La tête comprimée par le lourd shako, l'exposant aux congestions cérébrales, le cou gonflé par le col rigide, le buste sanglé dans un habit bardé de buffleterie, spécialisés dans l'exercice de tir et Je pas de gymnastique en rangs serrés, ils arrivent en août 1831, sur le théâtre de leurs futurs exploits.

EVENEMENTS PRINCIPAUX DE 1792 à 1831

  • Août 1792, formation d'une Légion Etran­gère.
  • 6 Septembre 1815, licenciement des huit Régiments étrangers créée pendant les Cent Jours et création d'une Légion Roya­le Etrangère.
  • 18 Juillet 1816, création de quatre Régi­ments de Ligne et deux Régiment de la Garde Royale composées de Suisses. La Légion Royale Etrangère devient la Légion de Hohenlohe.
  • 14 juin 1830, débarquement du Corps Expéditionnaire à Sidi-Ferruch.
  • 27 à 29 Juillet 1830, les Trois Glorieuses. La révolution parisienne embrase toute l'Europe.
  • 11 Août 1830, licenciements des Régi­ments Suisses.
  • 5 Janvier 1831, dissolution du Régiment de Hohenlohe.
  • 10 Mars 1831, création de la Légion Etrangère.
  • 31 Août 1831, la Légion Etrangère dé­barque en Algérie.

Capitaine (e.r.) Jean-Marie DIEUZE

Source : Képi blanc 1991.