À diverses époques de l’Histoire militaire de la France, des volontaires étrangers se trouvèrent à servir dans les rangs de ses armées, soit par le biais du mercenariat — « volontariat contractuel et salarié » — comme ce fut le cas pour les Suisses, soit par engagement francophile, comme ce fut le cas des ressortissants américains de l’escadrille Lafayette au cours de la 1ère Guerre mondiale, ou pour des raisons politiques.


Depuis le Moyen Âge, les souverains français ont appelé à leur service des mercenaires originaires de diverses nations voisines pour former des unités qui étaient souvent parmi les meilleures de leurs armées. Des Génois sous Saint Louis, des Ligures et des Espagnols à la bataille des Éperons d’or (ou bataille de Courtrai, le 11 juillet 1302), des arbalétriers génois à la guerre de Cent Ans (1337 à 1453). Sous l’Ancien Régime, les armées du Royaume de France comptèrent dans leurs rangs de nombreuses troupes recrutées à l’étranger.

L’emploi d’étrangers perdure au XVe siècle, essentiellement pour la Maison du Roi, à commencer par la Garde écossaise de Charles VII, roi de 1422 à 1461. Cette tradition subsiste au XVIIe siècle, avec les Écossais, mais aussi avec les Suisses. Pour la Maison du Roi, on les appelait « les Cent-Suisses (ceux du dedans) et le Régiment suisse (ceux du dehors) ».

C’est sous Richelieu qu’une vraie politique des étrangers au service de la France est mise en œuvre, surtout en raison de la guerre de Trente Ans (1635). Il écrit d’ailleurs : « Les étrangers sont absolument nécessaires pour maintenir le corps des armées. » À cette époque, 21 % des troupes sont étrangères. On dénombre huit nationalités sous Louis XIII et onze sous Louis XIV.

Un jour, le 10 août 1792, au déclin de la vieille monarchie, l’émeute parisienne s’en vint forcer les portes des Tuileries. Il lui fallut passer sur le corps du dernier des gardes suisses. Du reste, au moment où disparaissait le dernier garde suisse, une véritable légion s’organisait. Elle fut créée par un décret du 26 juillet 1792.

Ainsi, l’Assemblée nationale, sous la Révolution, considérant que les circonstances nécessitaient une augmentation de force dans les armées, décida : « Il sera formé dans les plus brefs délais, sous l’autorité du Pouvoir exécutif, une nouvelle légion, sous la dénomination de “Légion franche étrangère”, dans laquelle il ne pourra être admis que des étrangers. ». Et peu à peu, on organisa une Légion batave, une Légion germanique, une Légion belge, ainsi que la Légion des Allobroges. La loi qui prescrivait la formation de ces unités précisait : « Si les rois coalisés déploient des armées nombreuses contre les peuples libres, il importe à ceux-ci d’admettre dans leurs rangs tous les hommes qu’un élan sublime appelle à combattre pour la cause sacrée de la Liberté».

Les premiers « réfugiés politiques » qui se mirent au service armé de la France furent les Jacobites irlandais. En 1688, le roi Jacques II d’Angleterre et d’Irlande est renversé, et une bonne partie de ses partisans se réfugie en France, se regroupant autour de la cour jacobite de Saint-Germain-en-Laye.

La conscription, obligation légale d’effectuer un temps de service dans les forces armées — et qui ne constituait pas une forme de volontariat — fut également, pour la France, un moyen d’intégrer les soldats étrangers dans les rangs de son armée. En particulier sous la Ire République, le Consulat et le Directoire.

Durant l’épopée napoléonienne, des régiments suisses, polonais, hollandais, hanovriens furent créés. La Belgique, l’Italie, la Dalmatie faisaient partie de l’Empire français et avaient leurs contingents. Une moisson de lauriers fut alors cueillie sur les champs de bataille de l’Europe par ces régiments étrangers au service de la France.

Après les Cent-Jours, pendant lesquels Napoléon avait réuni huit régiments étrangers, la Restauration fit un choix parmi ceux-ci et créa la Légion royale étrangère, qui prit le nom de Légion de Hohenlohe. Elle fut dissoute le 5 janvier 1831.

Quelques semaines plus tard, la loi du 9 mars 1831 organisait la Légion étrangère avec le statut qui est encore le sien.

 

Ecrits recueillis par le Commandant (e.r.) Christian Morisot.