Le Président et l'Amicale de la Légion Etrangère de la Réunion se battent pour que l'on n'oublie pas Evariste Berg dont seule une modeste rue au Chaudron perpétue le souvenir.
Le Caporal Evariste Berg, né le 13.01.1834 à Saint-Benoît dans l’Ile de la Réunion ; sergent dans l’artillerie de marine, rengagé comme homme du rang puis à nouveau sergent aux Zouaves en Crimée, en Italie et en Syrie ; promu sous-lieutenant au 1erZouaves; il s’est présenté discrètement le 27.12.1862 à Sidi-Bel-Abbès pour une nouvelle carrière à la Légion. Blessé le 30.04.1863 lors du combat de Camerone, il est fait prisonnier vers dix-sept heures trente. Promu Sergent. Il est nommé Chevalier de la Légion d’Honneur.
Voici l'histoire passionnante de la bataille de Camerone, raconté par le Caporal Maine, l'un des cinq survivants de cette boucherie :
« La phase prononcée par le caporal Evariste Berg, gravement blessé, à l'adresse de l'un de ses camarades, juste avant l'assaut final de leurs ennemis : "Tu sais... jusqu'au dernier...”
Camerone, c'est la bataille emblématique de la Légion étrangère, un fait d'arme d'exception qui a vu soixante-cinq braves résister pendant onze heures à une armée de 2000 hommes (800 cavaliers et 1200 fantassins).
En avril 1863, le corps expéditionnaire de l'armée française au Mexique assiégeait Puebla. La Légion, que commandait le colonel Jeanningros, assurait la sécurité des convois. Le 30, la 3ème Compagnie du 1er Régiment forte de trois officiers, le capitaine Danjou et les sous-lieutenant Maudet et Vilain, qui encadrent 62 hommes, se met en route pour protéger un gros convoi qui transportait trois millions en numéraire. A 7 heures, près de Palo-Verde, alors que les légionnaires préparent le café, les soldats juaristes lancent leurs premières charges de cavalerie. En carré, les légionnaires repoussent les assauts, et établissent leur camp retranché dans une vaste bâtisse, l'auberge de Camerone. Un officier mexicain propose au capitaine Danjou de se rendre... Il refuse. "Nous avons des cartouches et ne nous rendons pas”. Il fait alors serment de lutter jusqu'à la mort, une promesse reprise par tous ses hommes. En dépit de la soif, de la chaleur et de la souffrance, ils vont résister de très longues heures aux troupes adverses leur infligeant même de lourdes pertes. A midi, le capitaine Danjou est tué d'une balle dans la poitrine. A 2 heures c'est le sous-lieutenant Vilain qui tombe touché en plein front. L'auberge est en feu mais les légionnaires résistent toujours. A 5 heures, autour du sous-lieutenant Maudet, il ne reste que douze hommes en état de combattre. "Ce ne sont pas des hommes, ce sont des démons”, disent les mexicains. Parmi eux, Evariste Berg, né le 13 février 1834 à Saint-Benoît, île Bourbon, neveu du général Émile Rolland. "L'assaut reprit, plus terrible que jamais, a raconté l'un des survivants. L'ennemi se précipitait par toutes les ouvertures à la fois. A la grande porte, le caporal Berg, seul, restait debout. Il fut entouré, saisi par les bras, le cou, enlevé...
Brave parmi les braves, Le Réunionnais était fidèle à sa bravoure déjà saluée par le général Brincourt après la bataille de Solférino, alors qu'Evariste Berg était zouave, "Il peut y avoir dans l'armée des sous-officiers aussi braves que le sergent Berg, mais il n'y en a pas de plus braves”. L'assaut final va être donné par les juaristes. Autour de Maudet, il ne reste plus que cinq hommes, le caporal Maine et les légionnaires Catteau, Wensel, Constantin et Léonard en état de combattre. Berg, grièvement blessé, s'est glissé près d'eux, les encourage et leur rappelle le serment de Camerone : "... jusqu'au dernier...” Maudet et deux légionnaires sont tués. Les cinq survivants dont Berg sont capturés.
Le caporal donnera à l'Histoire l'essentiel du récit de la bataille, par courrier au colonel Jeanningros d'abord depuis son camp de prisonniers, "La 3ème du 1er Régiment Etranger est morte, mon colonel, mais elle en a assez fait pour que, parlant d'elle, on puisse dire : elle n'avait que de bons soldats.”
Fin du récit
Volontaire, j'ai servi avec Honneur et Fidélité
Jusqu'au sacrifice ultime. Pour la Légion qui est ma patrie...
LEGIO PATRIA NOSTRA
Récit proposé par Horst Schuster.