Chers Légionnaires,
Depuis le silence éternel du désert mexicain, je vous écris avec l’émotion d’un homme que vous n’avez pas laissé tomber dans l’oubli.
Cela fait 162 ans que mes camarades et moi avons livré ce combat disproportionné, absurde pour certains, héroïque pour d'autres — mais surtout légionnaire. Nous n’étions que soixante-trois, et pourtant, nous avons tenu tête à deux mille. Non pour vaincre, mais pour tenir parole. Pour rester debout, ensemble. Pour l'honneur.
Et voilà qu’aujourd’hui, dans vos tenus impeccables et vos regards résolus, vous continuez à faire vivre l’esprit de Camerone avec la même force et la même fierté que ceux qui nous ont précédés.
Vous portez notre mémoire comme on porte son fusil : avec respect, avec force, avec amour.
Merci à vous, mes enfants d’adoption, mes héritiers de cœur et de képi.
Merci de faire battre encore le vieux cœur de la Légion.
Merci de nous faire vivre, non dans la poussière des livres, mais dans la fierté de vos pas.
Merci de rester fidèles, dans ce monde où tant de choses s’effacent trop vite.
Camerone n’est pas un souvenir figé.
Camerone est un flambeau que vous tenez à bout de bras, dans le vent de l’histoire.
Et tant que vous le porterez, aucun de nous ne tombera jamais vraiment.
Avec toute ma reconnaissance,
et ce salut qui ne s’oublie pas :
Par Saint-Antoine ! Vive la Légion étrangère !
Capitaine Jean DANJOU