L’armada française, forte de trente mille soldats avait traversé la Méditerranée, Alger était « tombée » le 5 juillet 1830. Cette initiative du roi Charles X était impopulaire. L’opinion demandait l’envoi de renfort, son successeur Louis-Philippe décide par ordonnance en date du 10 mars 1831 : « Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit : Article 1er , il sera formé une Légion composée d’étrangers ».

Ce rassemblement de « mercenaires » avait retenti dans tous les taudis et mauvais lieux, on sut de suite que cette Légion allait être employée en Afrique. C’est ainsi que les victimes de la répression des mouvements insurrectionnels de 1830 en Europe, ramassis d’hommes qui se ruait sur les bureaux de recrutement, voyaient la possibilité de s’engager au titre d’une troupe d’élite, parmi eux, de vrais soldats, les professionnels du régiment de Hohenlohe, des régiments allemands, suisses ; ils constituaient l’armature de cette Légion étrangère nouvellement créée…

Le premier chef de cette Légion était suisse, le colonel Stoffel, il avait la mission de faire briller en Afrique sept bataillons de différentes nationalités qui s’entre-détestaient, en venaient aux mains ; la répartition par nationalité avait été une erreur.

Lors de son baptême du feu aux avant-postes de Maison carrée, la Légion n’avait pas cessé d’augmenter sa réputation.

Au colonel Stoffel avaient succédé le colonel Combe puis Bernelle qui reçut en 1835, la lettre officielle précisant que son régiment était cédé, corps et bien à l’Espagne ! Le Gouvernement de Louis-Philippe considérait que c’était lui le « propriétaire » de la Légion étrangère et, de ce fait, pouvait en disposer à son gré. La même année, le 16 décembre, une ordonnance royale prononçait la création d’une nouvelle Légion.

En 1863, deux vaisseaux, le « Saint-Louis » et le « Wagram » appareillaient et faisaient route à destination du port de Vera-Cruz au Mexique, débutait l’aventure mexicaine… Pour Napoléon III, le Mexique représentait « la grande pensée de son règne… ». Mexique ! ce mot tintait curieusement aux oreilles des légionnaires. Arrivés à Vera-Cruz le 22 mars 1863, le colonel Jeanningros annonçait que la Légion ferait mouvement quatre jours plus tard, il avait appris, que sa mission ne se déroulerait pas sur les hauts-plateaux, mais sur les terres chaudes à escorter les convois de vivres, de munitions et d’argent qui s’acheminaient de Vera-Cruz à Puebla.

Le 29 avril 1863, le colonel Jeanningros reçoit le message l’informant qu’un précieux convoi venait de quitter Soledad, il apprit, également, qu’un colonel mexicain, le lieutenant-colonel Milan, disposant de 800 cavaliers et 1 000 fantassins se trouvait à cinq kilomètres au nord de Camerone. Jeanningros le soir du 29 avril donnait au capitaine Danjou la mission de protéger le convoi à la tête de la 3ème compagnie qui ne pouvait mettre sur les rangs que soixante deux hommes. Jeanningros autorise Danjou à prendre avec lui, les sous-lieutenants Vilain et Maudet.

La compagnie se met en marche le 30 avril à une heure du matin. <elle arriva à proximité du village de Camerone à 5 heures et stationne dans une sorte de clairière verdoyante pour une pose récupératrice.

C’est au moment où le café est prêt que la sentinelle postée dans la direction de Camerone, pousse un appel, des cavaliers mexicains se dévoilaient, l’alerte était donnée ! Danjou immédiatement compris qu’il devait attirer sur lui le principal effort ennemi.

Suit le récit officiel du combat de Camerone écrit en 1936 par Brunon du musée de l’emperle auteur du premier livre d’or de la Légion étrangère en 1931.      

Bien que Camerone soit le combat exemplaire de l’Histoire de la Légion, le rapport officiel établi après le retour des survivants tombés aux mains des Mexicains est resté ignoré pendant 44 ans, avant que le lieutenant François ne se souvienne par  une courte cérémonie du combat en Indochine en 1907 et ne se présente comme commémoration avec présentation de la main du capitaine Danjou lors des festivités liées au centenaire de la création de la Légion en 1931 à Sidi-Bel-Abbès.

Ainsi devrait s’expliquer pourquoi la fête de la Légion est Camerone et non la date de sa création le 10 mars 1831 !

Commandant (e.r.) Christian Morisot.