Le 3 février 1976, dans les Territoires français des Afars et des Issas, qui deviendront la République de Djibouti 18 mois plus tard, des indépendantistes somalis prennent en otage un car d’écoliers français.
La prise d'otages, fera deux morts et plusieurs blessés graves.
"Il y aura 49 ans, commençait la terrible séquence des 3 et 4 février 1976.
Pour vous tous, victimes, blessés, otages, décédés des suites du choc, familles endeuillées de Nadine et Valérie, elle n'a jamais pris fin.
Je partage avec vous ce souvenir lancinant et je vous assure de ma solidarité et de ma fidélité pour soutenir votre droit à reconnaissance de victimes du terrorisme.
Avez-vous un souhait pour le cinquantenaire ?
Merci Paul de relayer mes fidèles pensées à tous ceux de votre association.
Bien à vous."
Général (2s) André Soubirous
La capture du bus:
Le 3 février 1976 à 7 h 15, un car militaire effectuant le ramassage scolaire de 31 enfants de militaires dans différentes bases françaises est détourné par des militants indépendantistes armés, dans le quartier d'Ambouli, au niveau de la cité du Progrès. Après avoir franchi le barrage qui ceinture Djibouti, puis 15 km de pistes, il parvient à Loyada, poste-frontière avec la Somalie. En fin de matinée, après de premières négociations qui ont permis la libération d'un jeune otage, les premiers ravisseurs font déplacer le bus dans le no man's land jusqu'à une dizaine de mètres du poste de frontière somalien. Selon Ahmed Dini, il y avait six ravisseurs qui cherchaient à sortir de la ville où ils étaient recherchés. Une fois à la frontière, les quatre premiers ravisseurs sont remplacés par d'autres qui se relaient dans le bus et présentent des revendications politiques inspirées par la République démocratique somalie. Les nouveaux ravisseurs sont originaires de Djibouti et de Somalie. Six d'entre eux auraient intégré la police djiboutienne après l'indépendance en juin 1977. Selon les ex-otages et les personnes présentes lors du démarrage de la prise d'otages à Ambouli, il y avait initialement quatre ravisseurs et d'autres seraient ensuite venus de Somalie.
Le car, avec à son bord 31 enfants, le conducteur, qui est un jeune appelé, qui seront rejoints par une assistante sociale aux Armées — qui se porte ensuite volontaire pour soutenir les enfants pris en otages —, est immobilisé dans le no man's land entre les territoires français et somalien, à une dizaine de mètres seulement du poste-frontière somalien.
L'opération militaire:
Les forces armées françaises sont aussitôt mises en alerte dès le début de la prise d'otages. La 2e compagnie du 2e régiment étranger de parachutistes, commandée par le capitaine André Soubirou, en mission de courte durée à la 13e demi-brigade de Légion étrangère, quitte Djibouti pour se déployer à proximité du poste-frontière. Elle est renforcée dans la soirée par les auto-mitrailleuses légères (AML) de l'escadron de reconnaissance. De l'autre côté de la frontière, des soldats somaliens ont pris position derrière les barbelés, conseillés par des agents du pacte de Varsovie. La nuit tombe sans qu'il soit possible de deviner les intentions des preneurs d'otages, hormis celles liées à leurs revendications, qui expriment leur volonté de tuer les enfants si elles n'aboutissent pas.
Le 4 février, tôt le matin, arrive de métropole un groupe de neuf tireurs d'élite du groupe d'intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN) dirigé par le lieutenant Christian Prouteau. Ils sont installés à environ 180 mètres du bus, en avant de la palmeraie proche du poste de frontière français, à proximité des tireurs d’élite de la 13e DBLE et du 2e REP déjà en place. À 300 m du car, la compagnie du 2e REP reste en attente dans la palmeraie à l'ouest du bus, autour du poste du groupement nomade autonome. Les AML de l'escadron de reconnaissance de la 13e DBLE sont à 500 mètres au nord de la position, où un escadron de gendarmerie mobile est également en attente.
Le car avec ses passagers est toujours immobilisé au même emplacement. Les preneurs d'otages auraient été renforcés par des éléments venus de Somalie. Des soldats réguliers somaliens sont installés de part et d'autre du poste-frontière.
Le général Pierre Brasart, commandant supérieur des Forces armées du territoire français des Afars et des Issas (TFAI), dirige les opérations depuis son PC situé entre la palmeraie et les autres positions militaires françaises.
15 h 45: les tireurs d'élite du GIGN ouvrent le feu et tuent cinq preneurs d'otages (dont un est tué au deuxième coup de feu), utilisant à cette occasion pour la première fois la technique du « tir simultané » mise au point en 1974: chaque tireur d'élite indique en code par radio lorsqu'il a la possibilité d'ouvrir le feu sur la cible. Quand chacun est prêt, l'ordre de tir est donné par le terme « zéro ». Chaque tireur compte alors trois secondes et déclenche le tir.
Dans la dizaine de minutes qui suit, le GIGN tue d'autres ravisseurs. Les soldats somaliens postés de l'autre côté de la frontière ripostent notamment avec des mitrailleuses MG42 positionnées dans la palmeraie. À partir du poste-frontière, d'autres soldats tirent aussi sur les gendarmes du GIGN et sur les légionnaires qui se précipitent vers le bus. Un sixième preneur d'otage, sans doute parti du poste-frontière somalien, réussit à entrer dans le bus, à s’emparer d'un enfant, avant d'être tué par un gendarme du GIGN et un légionnaire lorsqu'ils pénètrent dans le car. Dans sa chute, le ravisseur aurait vidé le chargeur de son arme au hasard et blessé plusieurs enfants, dont deux fillettes qui ne survivront pas7.
Selon les enfants et le chauffeur, le sixième terroriste, venu probablement du poste-frontière, a ensuite longé le bus avant de tirer en direction de l'angle arrière droit du car. C’est ce tir qui aurait tué la jeune Nadine Durand et blessé gravement le chauffeur du car Jean-Michel Dupont, ainsi que plusieurs autres enfants, dont la jeune Valérie Geissbuhler, qui décédera dans la semaine suivant son rapatriement à Paris.
Dans le même temps, la 2e compagnie du REP donne l'assaut tandis que les AML se déploient en ligne face à la frontière. Les légionnaires sont pris sous les tirs d'armes automatiques venant du côté somalien, qui sont rapidement neutralisés par les AML. Les sections de la 2e compagnie pénètrent dans le car et en extraient les enfants et les deux adultes qui sont mis à l'abri.
16 h 15: l'action est terminée.