Hier, je communiquais et demandais: "de faire de ce site un outil à vocation première de communiquer entre nous..."

Aujourd'hui, la lettre du Capitaine" arrivé à point et nous parle "d'indigénisme"; une actualité qui ne saurait ne pas nous intéresser en cette rentrée des classes par la justesse du propos... Merci mon Capitaine !

« Indigénisme »:
Selon le dictionnaire, un indigène serait un individu « qui appartient à une population implantée dans un pays avant sa colonisation… ». La condition sine qua none pour être un indigène est donc de vivre dans le pays qui l’a vu naître et que ce dernier ait été quand même, peu ou prou, colonisé. On peut lui préférer plusieurs synonymes, comme : « aborigène » pour les ethnies autochtones de l’Australie. « Autochtone », justement, si cet indigène a également des ancêtres qui ont vécu dans ce même pays ou encore, plus poétique, « naturel », comme les naturels de Nouvelle-Guinée.
Ainsi, si un indigène est originaire du pays où il vit, il me semble donc, sauf à remonter jusqu’aux temps obscurs des Cimbres et des Teutons, qu’il ne devrait pas s’en trouver en France métropolitaine. Et nous ne maîtrisons quand même pas l’art de la fourberie, au point que nous nous serions colonisés nous-même tout en continuant de feindre de l’ignorer…
D’où sort alors ce ministre de l’Éducation Nationale et de la Jeunesse, partisan convaincu de l’indigénisme ?

 

Pour le néophyte, l’indigénisme fait soit référence à un mouvement d’Amérique latine visant à valoriser les cultures amérindiennes, soit à une mouvance intellectuelle qui met en parallèle des minorités visibles dans nos sociétés occidentales avec les traitements des indigènes dans les anciennes colonies.

Pour la valorisation des cultures amérindiennes, je ne sais pas trop, mais la nouvelle ministre de la Culture devrait pouvoir s‘en charger. Dans le cas contraire, il y a le musée du Quai Branly qui doit bien servir à quelque chose. Ensuite, je ne doute pas un seul instant, que notre ministre soit un intellectuel, ce serait quand même un comble pour celui qui a en charge ce ministère (encore que, par le passé…). Par indigènes nous devons, par conséquent, comprendre qu’il est fait référence ici aux « minorités visibles ».
Nous aurions ainsi en France, si je suis bien ce raisonnement intellectuel, la fâcheuse habitude de traiter les minorités visibles comme nos ancêtres le faisaient dans nos anciennes colonies. Pour remédier à ce défaut majeur de notre beau pays, il a été choisi par Jupiter en personne, attendu que ce nouveau ministre est un expert reconnu dans ce domaine. Pourquoi pas après-tout ? « A la base », comme le disent les jeunes en employant cette locution adjectivale à tort et à travers, un œil neuf, un angle d’approche différent, un autre regard sur notre système éducatif, ce ne peut être que positif. Quand on se classe 23e sur 79 pays au classement PISA, donc très loin derrière la Pologne et l’Estonie, ne faisons pas trop la fine bouche. Mais comment cet honnête homme va-t-il procéder ? Quels changements majeurs va-t-il imposer dans les programmes scolaires ? Qu’est-ce qui va changer (encore une fois) dans les manuels scolaires ? Quelles améliorations va-t-il apporter à notre très démocratique et envié baccalauréat ? Quels niveaux d’excellence dans les résultats au BAC, va-t-il atteindre lorsque « sa » réforme sera mise en place ?


À l’évidence, je ne pense pas que notre ministre va mettre en valeur les Arts premiers dans les programmes scolaires, tant pis pour la Culture, tant pis pour Jul et ses acolytes rappeurs, qui n’auront donc pas, malheureusement, leur « tronche » dans ce beau musée voulu par Chirac en personne, ni les textes de leurs œuvres lyriques données en étude du soir. Certaines matières par contre, vont sans doute se voir infliger un nouveau lifting, un déridage, un remodelage, voir un lissage sur le fond comme sur la forme. L’objectif, dois-je le rappeler, est de cesser de traiter les minorités visibles comme nos ancêtres le faisaient dans nos anciennes colonies.

 


Peut-être voudra-t-il rendre non obligatoire, l’enseignement des mathématiques, de la physique, de la chimie, bref de tout ce qui verse dans les sciences ? Petit, je faisais partie d’une certaine catégorie de minorité visible que l’on nommait les cancres et j’avoue sans honte que je détestais ces matières. Mes résultats scolaires étaient d’ailleurs en parfaite cohérence avec cette détestation. Ce n’était pas le cas pour tout le monde, car dans ces différentes classes où je me suis trouvé, quelques vilains représentants d’autres minorités visibles de l’époque, polonais, italiens, portugais, algériens, marocains et même congolais, plus quelques fayots exécrables, y excellaient. Ils étaient pourtant, d’origine tout aussi modeste que la mienne, habitant dans cette même cité minière de l’est de la France, donc plutôt pauvre, voire très pauvre, et où leur père, comme le mien, travaillait durement dans une mine de charbon. Au moins, grâce au combat de ce nouveau ministre dans le domaine des sciences et de la recherche, nous aurons fait quelques progrès et nous ne pourrons plus être accusés d’indigénisme dans l’enseignement de ces matières.
Sur sa lancée, peut-être éradiquera-t-il, une bonne fois pour toutes, ces maltraitances dues à l’enseignement de la langue française. Dont beaucoup trop d’enfants souffrent dans leur apprentissage, voire également et de plus en plus, de jeunes adultes que l’on oblige désormais, à en réapprendre les bases, dans leur cursus universitaire. Faisant d’une pierre deux coups, puisque les minorités visibles et la majorité invisible seront enfin sur un pied d’égalité. Plus d’orthographe, de grammaire, de règles de conjugaison, de ponctuation, chacun pourra « réinventer » comme il le souhaite, son propre français devenu « customisable », selon son envie du moment. Il est même souhaitable, qu’une autre langue puisse être choisie en lieu et place du français pour les minorités visibles les plus sensibles et donc les plus fragiles. Je ne sais pas si cela fera progresser la cause indigéniste, mais les incongruités, les solécismes et autres barbarismes issus de ce passé honni, car ancien et donc colonialiste, seront définitivement à jeter aux oubliettes dans les culs-de-basse-fosse du Quai Conti ou dans une fosse commune réservée aux membres de l’Académie française où tous ces Immortels, morts soudainement d’étouffement, auront été jetés.
Pourquoi s’arrêterait-il en si bon chemin, notre ministre humaniste et indigéniste, puisque sans coup férir, et à moindres frais, il pourrait d’un simple hochement de tête, supprimer purement et simplement l’enseignement de la géographie. En effet, à quoi bon maltraiter ces pauvres minorités visibles, avec des concepts comme : continents, pays, frontières, etc. Alors que notre avenir est dans ce mondialisme, indubitablement, indiscutablement, indéniablement rêvé, car sans frontière aucune. Un simple mot remplaçant toute cette science qui a pour objet la description et l'explication de l'aspect actuel, naturel et humain, de la surface de la Terre. Nul doute, que les minorités visibles se sentiront moins oppressées que par cette « géographie », source de souvenirs douloureux, avec ses relents colonialistes d’un passé honteux et qui, sans le savoir peut-être, n’allait déjà plus dans « le sens de l’histoire » voulu par ce nouveau monde de demain…
Mais ce bon ministre n’en aura pas fini tout à fait avec cet « indigénisme » de bon aloi. Son dernier effort et non des moindres devra porter sur l’Histoire de France en particulier, puis sur l’Histoire en général. Car s’il y a bien une matière qui va mettre à l’épreuve son courage, son opiniâtreté, sa ténacité, c’est évidemment celle-ci. Il suffit de lire le sommaire de certains livres d’histoire, pour voir que nous avons de sérieux problèmes d’indigénisme. Pensez donc, tout commence par des hommes dits « des cavernes », qui vivaient dans des grottes, qui mangeait de la viande crue et qui selon la croyance populaire, traînaient leurs femmes par les cheveux… D’où de tels hommes pourraient être originaires, d’Afrique ! Impossible, ce serait faire preuve d’intolérables préjugés racistes. Puis plus loin, « nos ancêtres, les Gaulois », il n’y a pas plus choquant comme titre, pour ces minorités visibles. Plus loin encore, « les Lumières », que de souffrance ici, car à nous entendre, nous aurions éclairé le monde par la raison. Et la colonisation, l’esclavagisme, le racisme, vous en faites quoi ? Non, c’est bien là, qu’il va falloir effectuer un lifting à la hache, un déridage au marteau-pilon, un remodelage à la batte de baseball, voir un lissage au bulldozer, sur le fond comme sur la forme. Deux maîtres-mots, simplification et repentance, car nous sommes d’abord et forcément coupable de tout ce qui s’est passé depuis Caïn et Abel. Voire depuis Adam et Eve qui n’étaient pas tout blancs non plus… (Pardon, pour cette connotation raciste…). Ensuite, nous devrons nous excuser de ce passé coupable, de ce présent honteux et par avance, de cet avenir, de ce futur quel qu’il puisse être pour ces minorités visibles. Un encart au bas de chaque page dans tous les manuels scolaires, écrit assez gros grand même, devrait suffire. L’Histoire enfin nettoyée de ces relents nauséabonds, de ces immondes arrangements, de ces contre-vérités, de ces mensonges historiques, marquera alors la fin de cette mouvance intellectuelle qui met en parallèle des minorités visibles dans nos sociétés occidentales avec les traitements des indigènes dans les anciennes colonies.

 


Il lui restera ensuite, après avoir fait table rase des scories malignes que la philosophie traîne dans son sillage depuis des temps immémoriaux et donc assurément injustes pour ces mêmes minorités visibles, à revoir l’étude des langues étrangères. En mettant enfin, un terme à ce scandale pédagogique, qui voudrait que les membres de cette majorité invisible, soient plus à même d’enseigner cette langue étrangère qu’est en passe de devenir le français, à des représentants issus, eux-mêmes de pays étrangers, et par le fait parlant parfaitement leur langue natale. Pour les langues « mortes », comme le latin, le grec ancien ou l'araméen, sans état d’âme, puisqu’elles sont mortes, qu’elles le restent…
Il me vient un doute. Lorsque toutes ces injustices seront enfin corrigées par cet homme providentiel et que son combat contre l’indigénisme sera fini. Ne faudra-t-il pas alors, aussi, changer cette définition du mot « indigène » par trop péjorative pour ceux-là mêmes que nous aurons, avec beaucoup de difficultés, débarrassés de toutes souffrances post-colonialistes, réelles ou supposées, vraies ou imaginées, ressenties ou revendiquées ? Car, à l’évidence, nous ne pourrons plus les nommer ainsi, sauf à leur rappeler notre honteux passé, qui immanquablement serait la cause de mauvaises rechutes pour ces minorités visibles, qui entre-temps seraient devenus une majorité visible. Je propose par conséquent, de remplacer cette définition, par celle-ci : « Qui appartient à une population qui se croyait implantée dans son pays d’origine… ».
Nous pourrions alors être moqués par notre président, qui en parlant de nous lors d’un de ces déplacements à l’étranger, pourrait nous faire la grâce d’un de ces bons mots dont il a le secret : « En France, il n’y a plus de Français, juste des indigènes réfractaires, de souche ou importés. Dire le contraire, c’est faire preuve d’indigénisme… ».
Quelqu’un pourrait peut-être aussi, souffler à ce brillant ministre de l’Éducation nationale avant qu’il ne s’attaque également à défendre avec la même conviction, l’acceptation du « Wokisme » au sein de nos écoles et à tous ces donneurs de leçon de la France d’en Haut, qu’ils devraient s’inspirer des méthodes, des outils, des moyens et surtout des critères de sélection de ces très belles écoles privées (1) dans lesquelles ils inscrivent leurs propres enfants. Sans aucun doute afin que ces derniers ne souffrent d’aucune de ces formes d’indigénisme que l’on trouve à foison dans l’école publique…

Capitaine (er) Jean-Marie Dieuze, ancien officier à titre étranger.
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