Tout un programme, après les Anciens, les plus jeunes de quoi pour un tel changement se remettre en question... Décidément, la Légion mène à tout, ici l'opportunité d'une reconversion réussie ne fait aucun doute et le sentiment d'être utile domine largement la fonction magnifique "d'accoucheur"... La lecture de cette lettre est particulièrement intéressante, merci pour ce partage au CES (er) Michel Chardon et à notre Ancien directeur pour nous autoriser la publication de sa lettre.

 

 

"Il peut paraitre commun de se mettre au service d’un état souverain qui n’est pas sa patrie d’origine. Pourquoi commun me direz-vous ! Mais, n’est-ce pas ce que font tous ces étrangers qui viennent servir, avec honneur et fidélité, la France sous les couleurs verte et rouge de la Légion étrangère ?
Pour ma part, après avoir servi à la Légion étrangère, c’est bien ce que j’ai entrepris : me mettre au service d’un état souverain, en l’occurrence l’Ordre militaire et hospitalier de Saint Jean de Jérusalem de Rhodes et de Malte, une des plus anciennes institutions de la civilisation occidentale et chrétienne qui depuis ses origines au XIe siècle n’a jamais cessé de porter secours aux faibles et aux malades, afin que, là encore, personne ne reste sur le bord du chemin.
Etrange idée que cette initiative ! Non, puisque depuis des lustres l’Ordre et la France ont toujours entretenus des relations et que nombre d’officiers français se sont illustrés sous ses couleurs de rouge et blanche. Non, puisque tout récemment M. Philippe Pignon a été nommé représentant officiel de l’association française des membres de l’Ordre souverain auprès de la Légion étrangère, au terme d’une collaboration de plus de dix ans avec notamment l’institution des invalides de la Légion étrangère que j’ai eu l’honneur de commander.
Aussi, quant au terme de ma carrière militaire j’ai pensé à une activité au service de l’autre, c’est tout naturellement que je me suis porté candidat auprès des Œuvres hospitalières françaises de l’Ordre de Malte. Fait du hasard, coup du destin, œuvre de la Divine Providence, l’Ordre recherchait à ce moment-là un directeur pour sa maternité de Bethléem. N’y a-t-il pas mission plus sacrée que d’aider des femmes à accoucher dans les meilleures conditions dans cette ville de Judée ?
Après quatre années à la tête de Puyloubier, j’avais acquis une certaine expérience dans la gestion et le management d’un établissement à caractère médico-social. C’est pourquoi, je décidai en novembre dernier de mettre mon expérience au service de la maternité de la Sainte Famille de Bethléem. Un établissement hospitalier fondé en 1884 par les filles de la Charité et repris en 1989 par l’Ordre de Malte. Un établissement, transformé alors en maternité, qui verra sa 100 000ème naissance depuis le 26 février 1990 dans le premier trimestre de l’année 2023 (soit la moitié de la population de Bethléem). Un établissement d’excellence en Cisjordanie qui permet aux plus pauvres d’avoir accès aux meilleurs soins.

 


Aujourd’hui je suis donc à la tête de cet établissement qui compte 183 employés, tous Palestiniens et qui en 2021 a procédé à plus de 4500 accouchements."


Lcl (er) Gilles Normand