Devoir de mémoire: le 24 juillet 2021, la 207ème promotion de l'Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr a été baptisée: "général Robert Caillaud". Une rue de son village natal à Aubiat en Auvergne porte son nom. Qui est donc le général Robert Caillaud ?

 

Saint-cyrien de la promotion Charles de Foucauld [1941-42], et alors qu’il vient tout juste d’obtenir sa « ficelle » de sous-lieutenant, Robert Caillaud retrouve son Auvergne natale et rejoint la Résistance. C’est ainsi que, au sein de son maquis, il prendra part aux combats de la Libération, dont celui du pont de Décize, lequel se soldera par la reddition de la colonne du général Botho Elster.
La « division Auvergne » étant intégrée à 1re Armée du général de Lattre de Tassigny, le jeune officier prend part aux campagnes d’Alsace et d’Allemagne, au cours desquelles, selon la Fédération des sociétés d’anciens de la Légion étrangère [FSALE], il fait preuve d’un « goût certain pour les solutions originales » qui marqueront la suite de sa carrière. L’un d’elles aura consisté à former une section de reconnaissance dans la profondeur avec des Jeep.
La Légion étrangère justement… Promu lieutenant à la fin de la guerre et comptant trois citations sur sa Croix de guerre, Robert Caillaud décide de rejoindre ses rangs. Après un court passage à Sidi Bel Abbès [Algérie], il est affecté au 2e Régiment Étranger d’Infanterie [REI], avec lequel il débarque à Saïgon. Pendant deux ans, il va se distinguer par ses qualités militaires mais aussi par sa capacité à sortir des sentiers battus, en créant, par exemple, un peloton à cheval. Cela lui vaudra quatre citations de plus et la Légion d’Honneur, à 27 ans.
De retour en Algérie en 1948, l’officier se voit confier la mission de former la 1ère compagnie du 2ème Bataillon Étranger de Parachutistes [BEP]. Puis il retrouve à nouveau l’Indochine avec sa nouvelle unité en février de l’année suivante. En décembre 1949, à la tête de la 1ere compagnie, il saute, de nuit et dans des conditions difficiles, sur la garnison de Tra Vinh, alors encerclée par trois régiment Vietminh. Au prix de trois tués parmi les légionnaires, l’attaque ennemie sera repoussée.
Lors de ce second séjour en Indochine, le capitaine Caillaud
M est blessé à deux reprises. En 1954, et après avoir été chargé de l’instruction du 3ème BEP, il retrouve l’extrême-orient. Là, il se porte volontaire pour faire partie de l’état-major du groupement aéroporté du colonel Langlais à Dien Bien Phu. Au côté du commandant Marcel Bigeard, il organise les contre-attaques. La suite est connue : le camp retranché français finit par tomber. Commence alors une longue période de captivité dans les camps Vietminh. « Sa conduite en captivité au camp n° 1 sera exemplaire, marquée par son soutien aux plus faibles et son refus de toute compromission avec l’adversaire », souligne Jean-Pierre Simon, son biographe.


Une fois libéré, l’officier est affecté au 2ème REP et
prend part à de noubreuses opérations en Algérie. Il y gagne trois nouvelles citations. Resté à l’écart des événements d’Alger [putsch des généraux en avril 1961] en raison de son affectation à l’état-major des Troupes aéroportées [TAP], il est nommé officier de liaison et instructeur parachutiste en Allemagne.
Mai 1963, promu lieutenant-colonel, il devient le chef de corps du 2ème REP, alors installé à Bou-Sfer, afin d’assurer la sécurité de la base de Mers-el-Kébir. Commence alors la « révolution Caillaud », qui donnera le visage que cette unité: « Il est l’acteur principal de la course à l’innovation du régiment et de la spécialisation des sections qui permet aux compagnies de pouvoir remplir immédiatement les missions les plus diverses », écrit la FSALE.
« Jamais, peut-être, Robert Caillaud n’aura eu à ce point le sentiment d’avoir aussi abondamment semé. Jamais, sans doute, n’a-t-il pu autant tester, inventer, créer, exiger et recevoir de cette troupe de valeur, qu’il a su faire vibrer. Depuis toujours, il portait en lui cette pierre qu’il voulait tailler et sculpter à la mesure de ce qu’il était, clef de voûte de toute une vie, œuvre magistrale qu’on laisse derrière soi en trace indélébile », abonde Jean-Pierre Simon.
Après un passage [bref] à l’état-major des forces alliées en Centre Europe, puis au bureau des troupes aéroportées et amphibies de la direction technique des armes, le colonel Caillaud prend le commandement de l’École des Troupes aéroportées [ETAP] en 1972. Il y passe son brevet de saut opérationnel à haute altitude. Il a alors 52 ans [ce qui en fera le doyen des chuteurs opérationnels]. Promu général trois ans plus tard, il prend les rênes de la 1ere Brigade parachutiste [BP], avant de terminer sa carrière militaire à l’état-major de la 11e Division parachutiste [DP], en 1978.
Le général Caillaud s’est éteint en 1995. Il était Grand-Officier de la Légion d’honneur, titulaire de la Croix de Guerre 1939-1945 avec trois citations, de la Croix de Guerre des T.O.E. avec huit citations dont trois à l’ordre de l’armée, de la Croix de la Valeur militaire avec trois citations dont deux à l’ordre de l’armée.

 

Aubiat est un petit village auvergnat de 900 habitants … C’est ici qu’est né en 1921 le général Caillaud, parrain de la 207ème promotion de l’Ecole Spéciale Militaire.
Les saint-cyriens de cette promotion sont venus rendre hommage à leur parrain par une cérémonie simple et très émouvante au cœur du village, en présence du Préfet, du général délégué départemental, de la famille et des amis du général Caillaud.
Les anciens saint-cyriens étaient invités. Chantal Claude, veuve de Jean, avait tenu à venir d’Issoire. Nous représentions tous les camarades de la promotion qui, capitaines au 2ème REP, avaient servi sous les ordres du Lieutenant-colonel
Caillaud : Michel de Courrèges, Bernard Peigney, Raoul Forcin, Robert Guicherd, Claude Jambel et Jean Claude, Maurice Roux de Montlebert.