C’était un 17 janvier, jour de Saint Antoine, lors d’une de leurs réunions annuelles, les officiers qui ont porté le képi blanc, les T.E. - ainsi appelés à la Légion – avaient entamé un débat sur le bien-fondé de recréer ou non «L’Association des officiers anciens combattants de l’armée française à titre étranger».


Quelque temps auparavant, le colonel (er) Valérien Ignatovitch, m’avait demandé de redonner vie à cette amicale qu’il avait lui-même présidée et qui avait en son temps possédé un carré dans le cimetière russe de Sainte Geneviève des Bois. « Les officiers, me disait-il, qui reposent dans cette partie du cimetière côtoient le général Zinovi Pechkoff et la marraine du REC, madame Leila Hagondokoff Ladislas du Luart, - comtesse Leila – ainsi que bien d’autres personnalités toutes aussi prestigieuses ». Heureusement aujourd’hui ce carré reste la propriété des Anciens légionnaires ; c’est la FSALE qui paie son entretien et qui ne le réserve plus uniquement aux seuls Russes, de très beaux soldats ont été récemmen inhumés.
En ouverture de séance, après avoir présenté l’objet « phare » de notre réunion, je posais la question suivante : - Pensez-vous, très chers camarades et anciens, qu’il serait opportun de recréer cette Amicale prestigieuse et de ce fait, de nous mettre dans une bulle à l’accès réglementé réservée aux seuls officiers « étrangers » ? N’oubliez pas qu’une telle amicale nous placerait d’office dans une catégorie à part. Sans réelle intention, nous assumerions, inconsciemment, une forme de concurrence avec les autres amicales. Nous serions pressentis comme une élite satisfaite d’elle-même ne se mêlant pas au commun ; des ayatollahs, des vestales gardiennes du temple. La nature humaine étant ce qu’elle est, tous égaux mais si différents, nous pourrions oser nous comparer aux preux chevaliers d’une table ronde revisitée avec son code de conduite, ses devoirs et son droit d’entrée.
Modestes sont ceux en qui le sentiment d'être d'abord des hommes l'emporte sur le sentiment d'être soi-même. Ils sont plus attentifs à leur ressemblance avec le commun qu'à leur différence et singularité. Ils se confondent au nombre plus qu'ils ne s'en séparent!
D’un commun accord, nous avons pris l’orientation de nous inscrire, individuellement, auprès de l’amicale de notre choix ou du secteur géographique de nos lieux de résidence.
Nous nous disions sans hypocrisie mais plutôt avec enthousiasme qu’il fallait appeler un chat, un chat et que nous serions particulièrement bien inspirés de prendre à notre compte l’épitaphe gravée sur la stèle de la tombe du général – ambassadeur de France – Pechkoff: « Zinovi Pechkoff – Légionnaire. »
En conclusion, nous nous sommes accordés à dire qu’une amicale qui ressortirait d’une communauté particulière serait une erreur et marquerait un séparatisme de mauvais aloi vis-à-vis de nos camarades anciens légionnaires de tout grade et de toute singularité et serait contre l’esprit de solidarité qui doit nous unir quelle que puisse être notre spécialité, notre origine ou notre régiment de coeur.
CM