Quelles peuvent bien être les raisons fondamentales pour lesquelles nous sommes si souvent portés à nier la réalité de la vieillesse. Quels sont les défis que l'âge nous apporte et comment est-il possible de vivre cette phase de vie d'une manière satisfaisante ?

C'est notre vie sociale et familiale qui nous force à en prendre conscience. En fait,  vieillir, c'est souvent vivre dans un ghetto; le fait de vieillir nous confronte directement à nos limites et nous lèse quant à la qualité de notre vie.

L'âge nous invite à faire face à un vrai défi qui consiste à reconnaître que chacun d'entre-nous est seul responsable de son existence jusqu'à ce qu'arrive le moment où notre avenir immédiat est lié à la décision des autres, choix guidé par votre état de santé dépendant. Passage obligé, grande solitude, heureusement il  existe  des gens qui se dévouent à rendre le dernier temps sur terre des vieilles personnes et des malades autre chose qu'un cauchemar horrible trop difficile à supporter.

Définir la vieillesse est complexe, car cela concerne beaucoup de domaines et cette expérience de vie est personnelle à chacun. On devrait considérer le vieillissement social et psychique autant que le vieillissement biologique, sans forcément parler d'âge ou d'apparence. Cependant, étant donné que les organes s'usent avec le temps, le vieillissement est inévitable, et même normal; il est inscrit dans le processus vital incontournable. Le corps se modifie et la perception de soi en est troublée.

Lorsque je passai le cap de mes soixante ans, quand je disais être dans la soixantaine, on me répondait aimablement que je ne faisais pas mon âge… aujourd’hui, pas d’étonnement,  je dois bien afficher le poids des ans ; je suis rattrapé par la vie, en quelque sorte...

L’égalité proclamée au fronton de nos mairies, est un mythe, en France comme ailleurs, et s’il est un domaine où les humains ne sont pas égaux, c’est bien celui de la santé. C’est, à mon avis, même précisément la seule injustice réelle  de la vie ; indéniable constat après plus de 18 ans au  service  des anciens légionnaires.  Cet emploi, de fait une véritable vocation, suscite en moi    une très grande admiration pour les œuvres sociales de la Légion étrangère et, plus précisément, pour leur mission exemplaire au profit de « l’Institution des Invalides de la Légion étrangère » à Puyloubier, et de « La maison du légionnaire » à Auriol.

Aujourd’hui, il faut combler le trou de la Sécu ! Alors, entre autres, on ferme des lits dans les hôpitaux  et le « grand âge » n’est pas une priorité. Entre les services saturés, les maisons de retraite aux séjours hors de prix et qui affichent pourtant « complet » et les structures de maintien à domicile au budget peau de chagrin, les familles sont priées de se débrouiller avec leurs vieux, tant pis pour l'héritage... Certaines les abandonnent, sans autre forme de procès, au bord d’un hôpital, comme elles abandonnent leurs animaux familiers au bord d’une route. Car elles estiment   indispensable de partir en vacances… On manque d’établissements d’accueil et, le plus souvent, une retraite même correcte, ne suffit plus à payer l’hébergement.

Les personnes vieillissantes voient disparaître tout ce qui faisait leur vie, qui pérennisait leur identité. La perception de leur vieillissement se trouve en liaison directe avec des alliances inconscientes et l'idée de leur appartenance à la condition humaine :  « Je serai ce qui me survivra ».  

Simone de Beauvoir se rebellait en écrivant si justement:   « Cessons de tricher […] nous ne savons pas qui nous sommes  si nous ignorons qui nous serons: ce vieil homme, cette vieille femme, reconnaissons-nous en eux. Il le faut, si nous voulons assumer dans sa totalité notre condition humaine ». (La vieillesse,   propos liminaire, 1970).

Vieillir…  un vrai problème de société ? il suffit de voir le prix mensuel demandé des maisons d'hébergement des Anciens.

CM