Chapitre 2 : Réduction d’effectifs

Situation particulière.

Je ne sais quelle mouche a piqué notre COM Terre, mais il trouvait que les Forces françaises de Djibouti étaient beaucoup trop nombreuses, surtout les aviateurs et… la légion. Suivi du chapitre 3: une planification bancale...

L’affaire.

Un jour de l’automne 1993, le second de la base aérienne 188, avec lequel j’entretenais d’excellentes relations, (entre seconds il faut s’entraider… !) m’appela au téléphone: « Salut Simon, peux-tu m’envoyer un chameau coureur pour récupérer un document qui va sûrement t’intéresser, surtout pour la Légion… ».

Aussitôt demandé, aussitôt fait.

Le document en question n’était certes qu’une étude prospective, de quelques 20 pages, à l’état d’ébauche (mais assez avancée pour servir de base à un dossier complet), faite par le COM Terre; elle consistait à une refonte des unités des FFDJ (Forces françaises stationnées à Djibouti), vue du côté de l’Arme (entendez la Coloniale).

Pour résumer :

1 - les effectifs de la BA 188 étaient surdimensionnés donc inutiles au vu de la menace extérieure ; si cette dernière se précisait, il suffirait de quelques jours pour les augmenter par transfert d’éléments de la Métropole.

2 - La Légion n’avait pas sa place à Djibouti ; seul le 5ème RIAOM avait une présence légitime : ne gardait-il pas les traditions du bataillon somali qui s’est illustré à Verdun en reprenant le fort de Douaumont avec le RICM ?

3 - D’autres considérations, que j’ai oubliées, parsemaient ce dossier sensible pour certains d’entre nous.

La menace était sérieuse, le coup de Jarnac imprévu, surtout de la part du COM Terre, et la suite incertaine.

Comment le second de la BA 188 avait eu ce document ? Je ne peux que supposer qu’un aviateur, servant à l’EM en avait eu connaissance et en avait fait une photocopie.

Je téléphonai au chef d’état-major du COMLE à Aubagne, que je connaissais très bien, pour l’avertir que je lui envoyai un document important pour le maintien de la 13 dans la corne de l’Afrique.

Quelques jours plus tard, je reçus un appel d’Aubagne. C’était le COMLE qui me demandait les modalités de ce document : comment je me l’étais procuré, qui était au courant etc…

D’après le peu de renseignements que j’ai eus sur la suite donnée à cette affaire, je crois que ce document a été lu par l’entourage du CEMAT, sinon par le CEMAT himself.

PS : si le COM Terre n’a pas eu la peau de la 13, le président Sarkozy lui l’a eue… Mais ceci est une autre histoire.

Chapitre 3 : Une planification bancale… !

 

Situation particulière.

  Après s’être attaqué aux effectifs des FFDJ, le COM Terre étudia en profondeur les plans de défense du territoire, arrêtés depuis longtemps.

L’affaire.

Toujours à l’automne 1993, Il demanda à l’état-major des FFDJ, d’étudier l’interversion des missions respectives des deux régiments, et de faire avaliser ces modifications par les instances supérieures à Paris.

De plus il était prévu que 3 ou 4 des VAB qui étaient mis à la disposition du dispositif des forces pour renforcer leurs missions en Somalie ne soient pas rapatriés en métropole, mais affectés définitivement à la 13 à Djibouti, avec l’assentiment de l’EMAT, pour justement cette mission d’évacuation éventuelle… ce qui mettait en colère le COM terre, car il voulait les faire affecter au 5.

Le 3ème bureau se mit donc au travail : le chef a dit, on exécute…

Ayant eu vent de cette nouvelle orientation, j’allais voir le chef d’EM, un ami, qui me confirma la véracité de cette permutation de missions et du changement d’affectation des VAB… mais aussi de son opposition à la mise cul par-dessus tête de cette planification.

Quand je vous parlais de guéguerre de boutons…

Le dossier partit à l’EMAT… où il fut accueilli, étudié et traité par un officier supérieur qui, hasard, devait être le futur chef de corps de la 13… moins d’un an plus tard.

Pas de pot…, c’est ballot n’est-ce-pas ?

Le dossier n’eut pas la suite escomptée par le COM terre.

Epilogue : le CEMAT vint en inspection en novembre 1993. Par dépit, le COM Terre posa 1 ou 2 journées de permission. Il n’avait pas vu son nom apparaître sur la « liste qui n’existe pas » parue quelques jours auparavant.

Comme moralité de ces deux affaires, celle-ci et celle de la réduction d’effectifs, je citerai la phrase que j’ai vue dans ma jeunesse sur le bureau d’un officier blanchi sous le harnois qui en avait vu d’autres.

Sur une petite pancarte, cet avertissement :

« J’ai suffisamment d’emmerdes, épargnez-moi les vôtres ».

Pourquoi poser des problèmes à un état-major de haut niveau quand il ne vous le demande pas, hein ?

Je vous le demande… !

Simon Terrasson