Maksym Polejaka, un employé de la base Dream Yacht Charter de Thaïlande, était invité à l’Ambassade du Royaume de Thaïlande à Paris pour recevoir la « Fifth Class of the Most Admirable Order of the Direkgunabhorn », pour son courage et son dévouement lors de la mission qui a permis, en juin 2018, de sauver la vie de 12 enfants et de leur entraîneur dans une grotte inondée du nord de la Thaïlande.

Le fil d’Ariane

                                          « Un héros inconnu identifié, cesse de l’être »

C’est un événement dramatique que le monde a oublié. Il s’est déroulé entre le 23 juin et le 10 juillet 2018 dans la grotte de Tham Luang à l’extrême nord de la Thailande à la frontière de la Birmanie (Myanmar) et du Laos.

Ce 23 juin un jeune entraineur d’une équipe de football junior et les douze joueurs, adolescents âgés de 12 à 16 ans, se trouvent surpris à l’intérieur de la vaste cavité par les pluies de la mousson dont les eaux violentes les forcent à s’enfoncer de plus en plus dans la grotte, point de départ d’un vaste réseau souterrain que les spéléologues connaissent bien.

Une mère préoccupée par le retard de son fils donne l’alerte et les recherches débutent. Les vélos et autres affaires appartenant aux jeunes joueurs sont retrouvés aux abords de la grotte ce qui met les chercheurs sur la bonne piste. L’affaire suscite un tel émoi que le monde entier se mobilise pour aider au sauvetage des enfants. D’énormes moyens sont déployés. Des plongeurs-spéléologues convergent des quatre coins du monde vers cet infime point sur la carte : Tham Luang…

Voici 5 jours RMC Découverte a diffusé un long documentaire sur l’affaire. Mon ami Jean-Pierre Raoul, chef de bataillon (TE) en retraite, m’alerte et me dit que l’un des sauveteurs qui a joué l’un des rôles les plus importants du sauvetage, semble être un ancien légionnaire… il me donne un nom et me demande d’essayer d’en trouver la trace…

Mes recherches se portent sur la lointaine Thailande et un club de plongée situé à Phuket. Je prends contact mais il ne s’agit pas du bon interlocuteur mais il connait bien celui que je recherche et me donne ses coordonnées. Je prends contact et ai le plaisir de tomber sur Maksym Polejaka, d’origine ukrainienne, ayant servi au 2e REP / 3e compagnie pendant 8 ans avant de quitter nos rangs avec le grade de caporal-chef. Solide gaillard, marié et père d’un jeune enfant, notre camarade entame une deuxième carrière comme moniteur de plongée à Phuket dans le sur de la Thailande. Et c’est de là que lui et un autre moniteur de la même entreprise décident conjointement de se joindre aux équipes de sauvetage.

La mission qu’ils se donnent est de poser « un fil d’Arianne » qui guidera les sauveteurs à l’aller, mais surtout au retour avec les enfants qu’ils ne doutent pas de retrouver sains et saufs. Les deux plongeurs ignorent encore que les 13 personnes en danger se sont enfoncées de quatre kilomètres à l’horizontale dans les entrailles de la montagne… beaucoup de passages sur leur parcours sont complètement noyés, l’un des interstices dans lequel ils doivent se glisser mesure 72 centimètres de large et 38 centimètres de hauteur, les eaux troubles réduisent la visibilité à 30 centimètres et, outre leur propre équipement, ils transportent des bouteilles d’air comprimé dont ils jalonnent le parcours pour permettre aux enfants de respirer… le voyage aller-retour dure environ 11 heures ! En plus de ces équipements ils doivent aussi transporter les cordages qui deviendront un « fil d’Ariane » (cordes d’alpinisme) de façon qu’elles soient facilement transportables dans des sacs en plastique mais aussi de telle manière qu’elles ne s’emberlificotent pas dans les rochers et ne s’emmêlent pas elles-mêmes et c’est là que Maksyme a une idée de génie. Il s’est souvenu de la manière utilisée lors du ramassage d’un parachute après le saut : les suspentes nouées en « point de chaînette » qui permettent, en tirant sur un bout, de délover l’ensemble du fil sans qu’il puisse s’emmêler. C’est ainsi que peu à peu lui et son camarade, au prix d’efforts quasi surhumains, équipent le parcours offrant une totale sécurité aux sauveteurs et aux sauvés qu’ils ont découverts en perçant les ténèbres abyssales, juchés sur un petit éperon rocheux dans une des vastes « chambres » non entièrement inondées et contenant encore un volume d’air respirable maintenant les enfants et leur entraineur en vie.

Dix-huit jours, dix-huit jours c’est la durée de ce qu’il est convenu d’appeler une véritable épopée menée par des centaines de sauveteurs de plusieurs nationalités.

Maksym, modeste, est retourné simplement à sa famille et à ses activités professionnelles habituelles, sans donner de publicité à son acte altruiste et extrêmement courageux.

Le roi de Thailande lui a décerné une décoration ainsi qu’à son équipier belge en remerciement de leur action prépondérante dans ce sauvetage mondialement commenté.

La presse française, tout en aimant la Légion, ne se prive presque jamais de mentionner l’état d’ancien légionnaire, si c’est le cas, du moindre malfrat qui aura commis une action malveillante même s’il n’a fait que huit jours au centre de sélection… mais dans le cas présent, l’état d’ancien légionnaire de ce brave fut passé sous silence.

Cela redouble notre plaisir de louer et faire mieux connaitre la noblesse de l’action et le désintéressement de l’ancien Caporal-chef Maksym POLEJAKA, dit « Max » dont l’exploit avait été trop brièvement rapporté en août 2018 sur la page facebook « Anciens et Amis de la Légion étrangère ».

N’hésitez pas à le féliciter vous-mêmes sur sa page facebook.

Antoine Marquet