Nous savons tous combien notre camarade et ami Christian est attaché aux actions de solidarité et d’entraide. Directeur de « Puyloubier » pendant quatre ans et d’ « Auriol »   quatorze  années durant après une année au SMOLE ( !), il sait mieux que nous tous ce que cela veut dire. Il nous parle aujourd’hui d’une sorte d’abandon de nos valeurs par les chefs de tout bord. Politiques qui décident aujourd’hui ce que demain d’autres politiques aboliront, chefs militaires qui n’ont plus les moyens de résister, pour diverses raisons, bref, un monde ancien qui se délite sous nos yeux effarés. Christian n’est pas  spécialement conservateur ni passéiste, je ne l’ai jamais entendu prononcer ce lieu commun si répandu : « ah… de mon temps… ». Non. Moderniste, toujours tourné vers l’avenir, épris de toutes les nouvelles technologies, curieux comme un jeune homme, « son temps » est le vôtre et le mien, c’est le temps qui court. Néanmoins, il ne peut rester sans louer certains  bienfaits du passé, quand les chefs militaires pouvaient prendre certaines décisions seuls, sans besoin de blanc-seing  d’élus aux déterminations changeantes et avec le vent et avec les élections. C’est pourquoi je pense qu’il a raison de mettre en exergue ces deux œuvres majeures de la solidarité légionnaire, créées à l’ancienne mais toujours d’actualité : l’Institution des Invalides de Puyloubier et la Maison du Légionnaire à Auriol. Ce sont des réalités tangibles qui nous invitent à suivre son amicale prescription, pour nos justes causes.

Restons solidaires et unis.

AM

Réflexions:

J’ai en mémoire quelques   courriels   bien trempés (dans l’acide, le vinaigre, la colère…) qui émettent  une opinion sur un événement et qui me prennent à témoin en souhaitant me rendre solidaire d’une  action, ou bien  me demandent de signer une pétition,  de  prendre parti  pour une prétendue noble cause, contre un horrible scandale, une insulte inadmissible et j’en passe et pas toujours des meilleures…

J’ai, bien entendu, une opinion sur ces événements qui transforment notre société (mariage pour tous, vote des étrangers, loi du 19 mars, etc...).

Mais ce que je souhaite exprimer par mon propos d’auteur responsable, c’est que je serais plutôt  à l’image de l’ancien légionnaire en général, détaché de certaines contraintes, pouvant prendre le recul nécessaire à une certaine réflexion.

Mon engagement à la Légion était une forme de rupture avec une société civile trop décevante. Aussi, j’avais décidé que les réactions spontanées, les défenses des belles causes ne me concernaient plus. Tel était le cas pendant la durée de mon service actif, du fait même que j’étais conscient de renoncer à toutes actions politiques, religieuses ou autres… pouvant mettre en péril la neutralité exigée de tout militaire dans et en dehors de ses fonctions. En revanche, cela ne m’obligeait pas à me départir de mon sens critique, ne m’interdisait pas de penser et d’être suffisamment lucide pour me sentir entouré de beaucoup de haines ;  j’ai ainsi appris à mes dépends que tout le monde est loin d’être gentil. La malveillance, même au sein de l’Armée, fait partie du mode de vie de bon nombre  de citoyens qui, bien qu’honnêtes, sont dotés d’une formidable  puissance  de nuisance  et, l’actualité de nos sociétés, civile et militaire, démontre - si besoin était- la justesse de ces propos.   

Sans vouloir faire la leçon, ce qui ne saurait être de mise, il est grand temps de prendre conscience que nous subirons dans un temps très proche, l’accentuation des effets d’une mondialisation galopante, et que nos petits soucis nationaux seront confrontés aux difficultés d’un monde en évolution accélérée, auquel nous ne saurions échapper. A la Légion nous avions, avant tout le monde, compris qu’il ne nous fallait compter que sur nous-mêmes. Après ce constat, des solutions furent imaginées puis concrétisées par les réalisations des hébergements  pour anciens légionnaires à Auriol et Puyloubier. Par précaution, nous n’avons pas souhaité mettre tous nos « œufs dans le même panier » en donnant à la Maison du légionnaire d’Auriol un statut d’indépendance à l’abri de l’association-loi   1901. Nous avons fait le choix, pour ces deux maisons, d’imposer un but commun inscrit dans les statuts: « apporter un soutien moral aux anciens légionnaires en difficulté » en les plaçant dans un environnement de confiance à l’abri d’une société  où la parole n’a plus de sens ni de valeur, puisqu’elle est donnée ou reprise au gré des lubies d’hommes politiques changeants, faisant de ce qui est vrai aujourd’hui, un mensonge de demain.…

Même ensemble, nous ne serons jamais assez forts pour faire face aux changements qui se préparent,  dans les domaines  politique, religieux, financier… aussi bien au plan national qu’international. Nous avons  parfaitement compris, doux euphémisme de bienséance, que des changements importants sont clairement amorcés, visibles par tous, qui nous conduiront inéluctablement vers des destins pressentis, devinés, connus, avenir  effrayant pour une société en pleine transformation. 

Tout nous échappe, nous ne pourrons que constater les dégâts d’un naufrage annoncé. Pour notre malheur, les décideurs restent ces personnages que les Français ont mis en place conformément aux règles d’un suffrage universel intouchable.  L’Armée n’est indiscutablement plus ce qu’elle prétend encore être, c’est un fait qui ne souffre plus aucune discussion. Les temps changent, elle doit,  probablement,  rester en phase avec son temps, mais elle a tellement subi de changements, de réformes et de délocalisations que ce ne sont plus les guerres auxquelles elle est confrontée, qui marquent encore et toujours la grandeur de servir aux yeux d'une opinion française à majorité indifférente et préoccupée par bien d'autres soucis !

Tout ceci démontre bien la prescience légionnaire, que j’évoquais plus haut, avec cette intelligence et ce sens de l’opportunité à bon escient,  de se doter de structures d’accueil pour les anciens en difficulté.   Nous n’échapperons pas à l’ogre mondialiste qui avance  en avalant tout sur son passage, mais ce sera pour nous, à notre cadence, à la cadence Légion, à quatre-vingt-huit pas à la minute et pas un de plus.

Un jeune ancien légionnaire  me disait tout récemment: « la Légion m’a fait homme libre, il est temps que j’en profite. Certes, je suis depuis enchaîné d’honneur et de fidélité, mais je serais trahi si cette fidélité honorable ne s’appliquait que dans un sens…

Restons solidaires et unis ! 

CM