Aucune figure n’est d’avantage propice à la réflexion que la “silhouette d’un homme invisible” dont l’existence se manifeste uniquement par les effets qu’elle produit.

A mi-chemin de l’absence et de la présence, le modèle de l’homme invisible permet d’aborder des questions aussi différentes et importantes que le statut de la perception (que vois-je vraiment), la valeur d’une morale (que ferait-on si nous pouvions agir à la suite des autres et hors de leur regard ?), ou encore, le sens de la solidarité (l’homme invisible est-il un SDF ?), l’invisible social que les passants ne regardent plus !

C’est dire à quel point nous sommes tributaires de l’identité que les autres nous accordent.

En fait pour être invisible, il suffirait de ne pas être vu. Pour illustrer mon propos, je prends comme référence cet ancien film des années 1924 du réalisateur Murnau où un homme qui, de portier en uniforme qu’il était, subit un déclassement en devenant “homme-pipi”. Il est alors rendu invisible par l’indifférence et son invisibilité devient sociale. On le voit uniquement comme celui que d’habitude on ne voit pas…

Quand arrivera le temps de la retraite faites donc très attention afin de ne pas vous jeter dans la situation de ce portier en uniforme… incrivez-vous à l'Amicale la plus proche de chez-vous ! Vous n'y serait pas invisible !

CM