Photo et rose CM

Dialogues sous la rose:

En me promenant à Tours, peu avant d’assister au dernier hommage à un de mes chefs décédé, j’errais dans une très vieille librairie à la recherche d’un livre qui devait me permettre de ne pas subir le temps  qui m’éloignait de l’heure de la cérémonie funéraire.

Je découvre et j’achète pour deux sous “les dernières pages inédies” d’Anatole France. Dès les courtes lectures faites au hasard des pages feuilletées rapidement effectuées pour me donner une idée sur le contenu du livre, je suis passionné.

Par la suite, je m’isole dans un magnifique jardin public très fleuri de gandes variétés de roses, hasard aidant, pour la lecture du livre qui commence par un titre évocateur: “pages laissées par Anatole France intitulées: Sous la rose”.

Je découvre un Anatole France inconnu qui aimait cette vieille expression et je livre bien volontiers mon souvenir à votre curiosité pour cette locution et le sens qui en est presque oublié, ignoré des grands dictionnaires modernes.

“ La fable dit que le Dieu de l’Amour fit présent au Dieu du Silence Harpocrate d’une belle rose, personne n’en avait encore vu d’aussi belle, elle était toute nouvelle. Afin qu’il ne découvrit point les secrètes pratiques et conversations de Vénus sa mère, il prit là, l’occasion de prendre cette rose, de la suspendre à un endroit isolé où “festinent” ses amis et ses parents afin qu’ils puissent dire tout ce que bon leur semble avec l’assurance que leur donne cette rose que leurs discours ne seront point éventés. C’est ainsi que la rose est le symbole du silence et que l’on est “sub rosa” quand on est en lieu sûr où l’on a point à craindre les faiseurs de rapports.

La rose devient pour le dictionnaire de l’Ancien Langage Français (ALC) l’emblème du secret et de la discrétion.

Au moyen âge, les dames qui avaient été discrètes de leur vivant étaient représentées sur leur pierre tombale une rose à la main.

                  

Anatole France prenait cette manière très particulière de dialoguer très au sérieux écrivant en automne 1917 un premier dialogue ainsi rédigé et qui devait être le titre d’un de ses derniers livres: “je voudrais écrire un dialogue sur Dieu où je développerais cette idée que si Dieu existe, c’est le plus abominable des êtres puisqu’il a permis les guerres et autres monstruosités”.

Il expliquait pourquoi cette forme dialoguée lui plaisait: “ Montaigne n’avait pas besoin d’écrire des dialogues pour présenter diverses faces d’une question. Lui seul suffisait pour cela, tant il était multiples, divers et fécond en contradictions. Mais moi, je ne suis pas plusieurs et j’ai besoin de vos contradictions.

CM