Histoire. 1883 : la conquête du Tonkin.

27 mars 1883 : prise de Nam Dinh dans le Tonkin.

  • Le capitaine de vaisseau Rivière et le lieutenant-colonel Carreau de l’Infanterie de Marine, à la tête d’une colonne comprenant les 27e (Capitaine Lancelot) et 30e (Capitane Martellière) compagnies du 4eI.Ma., les 21e (Capitaine Buquet) et 22e (Capitaine Jeannin) du 3e R.I.M. ; un peloton (Capitaine Penther) de la 23e compagnie du 3e R.I.Ma., appuyée par les canonnières Pluvier et Fanfare, prennent Nam Dinh.
  • Les Français ne déplorent qu’un tué, le lieutenant-colonel Carreau, contre 200 tués et blessés chez l’adversaire.
  • Les Français sont présents au Tonkin pour protéger les populations annamites contre les exactions des Pavillons Noirs, ces brigands venus de Chine, et des montagnes du pays Thaï commandés par le célèbre Déo Van Tri.

26 avril 1883 : une nouvelle expédition française s’empare pour la deuxième fois de la citadelle d’Hanoï. Les Français sont présents au Tonkin pour protéger les populations annamites contre les exactions des Pavillons Noirs, ces brigands venus de Chine, et des montagnes du pays Thaï commandés par le célèbre Déo Van Tri.

19 mai 1883 : le commandant Rivière, chef du détachement français à Hanoï, est tué au ‘’pont de papier’’ avec 31 de ses officiers et soldats par les Pavillons Noirs.

  • Ce nouvel assassinat du chef de détachement français rend indispensable de régler le problème de la souveraineté chinoise sur l’Annam et le Tonkin. Le dossier indochinois prend de l’ampleur. Jules Ferry, chef du gouvernement, décide de réagir et d’envoyer un corps expéditionnaire vers l’Extrême-Orient, aux ordres d’un marin énergique, l’amiral Courbet, chef de la division navale du Tonkin.

Trois mois plus tard, à la tête d’un corps expéditionnaire français, l’amiral Courbet force l’entrée de la rivière d’Hué et impose la paix à l’empereur Tu Duc d’Annam qui accepte le protectorat de la France et lui cède le Tonkin.

25 août 1883 : le traité est signé par l’empereur TU Duc et l’amiral Courbet. L’amiral Courbet doit affirmer la présence de la France et les quelques pavillons tricolores plantés de-ci de-là ne sont pas suffisants.

  • Des renforts sont envoyés pour occuper et tenir cette nouvelle possession. Les Français tiennent Haïphong, Hanoï et quelques bourgades du delta. L’amiral décide alors de nettoyer le Tonkin. Et pour cela, de s’attaquer aux places fortes des Pavillons Noirs associés à des réguliers chinois, Son-Tay et Bac Ninh. La Légion est du voyage.

27 septembre 1883 : le 1er Bataillon de la Légion Etrangère quitte l’Afrique.

18 novembre 1883 : le 1er bataillon de la Légion Etrangère, aux ordres du commandant Donnier, débarque à Haiphong après deux mois de traversée maritime. Les légionnaires foulent la terre d’Indochine où ils vont demeurer près de soixante-dix ans.

  • Le Bataillon s’embarque à bord de navires plus petits pour remonter le Fleuve Rouge jusqu’à Hanoï, à 232 kilomètres.
  • L’amiral Courbet dispose d’environ cinq mille hommes.
  • L’amiral Courbet utilise les deux voies qui permettent d’aller d’Hanoï à Son-Tay : le Fleuve Rouge et la Route Mandarine. Un convoi pittoresque formé de sept canonnières, chargées d’assurer le ravitaillement et l’appui feu, et de quatre douzaines de jonques remonte lentement le fleuve tandis que le reste des forces, dont le Bataillon de la Légion Etrangère et les marsouins, aux ordres du lieutenant-colonel Belin, emprunte la Route Mandarine.
  • La garnison de Son-Tay comprend 10 000 Chinois, 10 000 Pavillons noirs et 5 000 miliciens annamites.

14 décembre 1883 : Les Français arrivent aux abords de Son-Tay et s’établissent à quelques centaines de mères de Phu-Xa, que l’artillerie écrase sous ses feux.

  • Les soldats se heurtent aux défenses avancées élevées par les Chinois ; ils sont accueillis par des fusillades nourries, plus ou moins bien ajustées. Les Chinois ne manquent pas de munitions.
  • Cette première journée voit des combats assez indécis. Les défenseurs de Son-Tay s’efforcent de briser l’encerclement qui s’amorce. La bataillon Donnier doit être envoyé en renfort sur un point particulièrement menacé, les légionnaires participent à la réduction de Phu-Xa.
  • En fin de journée, les turcos lancent de furieux assauts contre l’enceinte. Malgré leur héroïsme, ils sont deux fois repoussés. Son-Tay n’est pas une proie facile.

15 décembre 1883 : la journée est consacrée à panser les plaies et à compléter vivres et munitions. Les légionnaires en profitent cependant pour gagner du terrain et se rapprocher de la porte ouest.

16 décembre 1883 : à dix-sept heures, l’artillerie lève son feu ; les clairons des fusiliers marins et ceux de la Légion sonnent la charge. Coude à coude, légionnaires et marsouins se précipitent vers la porte ouest et les brèches provoquées par les batteries françaises. Dans les rangs de la Légion, la capitaine adjudant-major conduit la charge.

  • Postés sur les remparts, les défenseurs ajustent les assaillants. Les assaillants foncent baïonnette haute. Tués et blessés s’affaissent sans retarder l’avance. Dans le tumulte général, on tend des ‘’Vive la France !’’ et les coups de gong et de cornet des Chinois.
  • Une patrouille de légionnaires, au prix d’efforts inouïs, réussit à pratiquer une brèche dans la porte. Les pertes sont nombreuses au cours de l’assaut qui suit.
  • La citadelle est en fait une ville, faite de rues et de multiples recoins familiers aux défenseurs. Ceux-ci combattent avec un grand courage. Les légionnaires découvrent que les Chinois, intrépides sous le feu, sont affolés par l’arme blanche. Ils résistent rarement à une charge à la baïonnette. Le tir adverse est meurtrier. Le capitaine-adjudant-major Jean-Baptiste Mehl de la Légion Etrangère, tombe, touché au cœur.
  • La vague d’assaut fléchit et recule quelque peu. Des Pavillons noirs en profitent pour se glisser près des morts et des blessés gisant sur le terrain. Les malheureux sont décapités et leurs têtes fichées sur des bambous.
  • Ces actes de barbarie soulèvent un hurlement de rage. Barricades, obstacles divers, haies de bambous, rien n’arrête plus les légionnaires et les marsouins qui ne font pas de quartier en arrivant sur les retranchements.
  • Le légionnaire Minnaërt arrive l’un des premiers sur le rempart de la porte ouest. Sa haute carrure se détache, brandissant un drapeau tricolore.
  • L’enceinte forcée, l’ennemi se réfugie dans la citadelle. Les combats se poursuivent toute la nuit. Les Chinois profitent des dernières heures d’obscurité pour évacuer la place, profitant d’un bouclage trop lâche eu égard à la fatigue des attaquants.

17 décembre 1883 : Les Français pénètrent dans une position abandonnée. La prise de Son-Tay est une victoire incontestable ; mais elle coûte 600 hommes hors de combat dont 80 morts. Elle montre aussi l’ardeur des combattants.

  • Le 1er Bataillon de la Légion Etrangère du commandant Donnier s’illustre à la prise de cette première forteresse de Son-Tay, défendue par quelque 25 000 réguliers.

En 1883, au Tonkin, se dessine la silhouette du légionnaire d’Extrême-Orient : casque colonial modèle 1878, large cloche à carcasse de liège couvrant front et nuque, conçu essentiellement pour protéger des ardeurs du soleil. Pantalon de toile blanche, veste de drap bleu foncé. Cartouchière ‘’à la Négrier’’ plaquée sur la poitrine. Fusil Gras 1874, à cartouche métallique et longue baïonnette. Bidon réglementaire. Havresac carré avec le barda, la couverture roulée en U, les piquets de la guitoune, la gamelle métallique. Le légionnaire est un homme lourdement chargé. Au casque, il préfère toutefois sa coiffure traditionnelle avec couvre-képi tombant sur le sommet des épaules. Le képi est vraiment le couvre-chef du légionnaire.

De 1883 à 1930, excepté l’Algérie, l’Indochine est le seul pays où la présence du 1er Etranger est ininterrompue. La première est considérée comme ‘’son pays d’élection’’, la seconde comme ‘’le paradis des légionnaires’’. Quelque soient les circonstances, les unités du 1er Régiment étranger sont toujours implantées au Tonkin, position clé indiscutable pour l’ensemble des pays de l’Indochine.

  • Son-Tay occupée, le Tonkin n’est pas pacifié pour autant. Réguliers chinois et Pavillons noirs gardent encore des centres importants.
  • Les renforts augmentent le corps expéditionnaire, portant l’effectif à 17 000 hommes.

Jean Balazuc P.P.P.P.

 

Sources principales

La Légion, Grandeur et Servitude – N° spécial d’Historama XI-1967

La Charte, revue de la F.N.A.M.

Le 1er Etranger de Philippe Cart-Tanneur et Tibor Szecsko – Branding Iron Production 1986

Le 4e Etranger de Philippe Cart-Tanneur et Tibor Szecsko – Branding Iron Production 1987

La 13e D.B.L.E. de Tibor Szecsko – Editions du Fer à Marquer 1989

Histoire de la Légion de 1831 à nos jours du capitaine Pierre Montagnon – pygmalion 1999

Histoire de la Légion Etrangère 1831-1981 de Georges Blond – Plon 1981

Souvenirs de campagne du Soldat Silbermann – Plon 1910

Site du Mémorial de Puyloubier

 

Donnier, chef de bataillon, commandant le 1er bataillon de la Légion étrangère qui débarque à Haiphong le 18 novembre 1883.

Mehl Jean-Baptiste Joseph, capitaine adjudant-major du détachement de la Légion Etrangère au Tonkin, fin 1883. Tué lors de la prise de Son-Tay le 16.12.1883.

Minnaërt, sergent de la Légion Etrangère ; il s’illustre le 16 décembre 1883 lors de la prise Son-Tay au Tonkin et, en 1894, dans la région de Tombouctou. En juin 1894, le lieutenant Betbeder et le sergent Minnaërt commandent les légionnaires pendant une mission contre le roi Alikari. Le 1er juillet, la colonne arrive devant le village de Bossé. Bien abrités, les indigènes accueillent les légionnaires par un véritable déluge de balles et de flèches. Le lieutenant Betbeder est grièvement blessé et le sergent Minnaërt, qui a déjà fait parler de lui à Son-Tay au Tonkin, a une flèche dans le flanc gauche, ce qui ne l’empêche pas d’entraîner ses hommes. Il s’engage dans les rues du village et débouche sur la grande place, centre de résistance de l’ennemi. Les légionnaires sont décimés. Minnaërt est atteint une seconde fois par une balle qui lui traverse la cuisse. Mais rien ne saurait l’arrêter ce diable qui galvanise ses hommes. Apercevant quatre indigènes embusqués dans une ruelle, couvrant la place, il les abat après un court combat. A ce moment, le roi Alikari sort de la mosquée, un yatagan à la main. Entouré de ses guerriers, il s’élance en avant, mais il tombe sous les balles des légionnaires qui cernent la place. Au début de février 1895, à Sidi-Bel-Abbès, le sergent Minnaërt reçoit des mains du colonel de Villebois-Mareuil, commandant le 1er R.E., la Croix de la Légion d’honneur, fait exceptionnel à cette époque pour un sous-officier. Le sergent fait partie désormais de la garde au drapeau du 1er Régiment étranger.

                

Avec le confinement et le couvre-feu, je passe mon temps devant le poste de T.V. et mon ordinateur.

J'ai écris trois nouveaux livres édités par l'Harmattan en janvier 2021:

''Le 1er R.E.P. pendant la Guerre d'Algérie'' ''Les Parachutistes coloniaux pendant la Guerre d'Algérie'' et les Troupes indigènes ; ils sont morts pour la France''. Je vais demander à l'Harmattan d'envoyer un exemplaire du 1er livre à Képi Blanc, un exemplaire des deux premiers livres aux rédacteurs en chef de La Charte et de D.L.P. et d'envoyer un exemplaire du 3ème livre à des fédérations de harkis. J'espère de belles recensions.

Mais pour dépasser le niveau des 500 exemplaires vendus, et débloquer les frais d'auteur entièrement reversés à l'Entraide légionnaire et l'Entraide parachutiste,  j'ai besoin du soutien des grandes associations dont la F.S.A.L.E.

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 Amicalement.

Jean Balazuc