Il était une fois…un prince qui s’appelait Siddhârta, il vivait dans l’Inde du VI° siècle avant notre ère. Cet enfant princier avait tout ignoré du malheur jusqu’à l’âge adulte; il n’était entouré que d’individus jeunes et en bonne santé et son père avait interdit qu’il franchisse l’enceinte du palais afin que rien de désagréable ne vienne le heurter.

A quatre reprises, Siddhârta réussit à sortir , il vit ce qu’il ne devait pas voir: un vieillard, un malade, un mort et un ascète. Il en fut si interloqué qu’il interrogea son fidèle serviteur, lequel lui révéla que, quels que soient leur pouvoir et leurs richesses, tous les êtres vieillissent et ne sont épargnés ni par la maladie, ni par la mort.

Révolté par ce sort, il décide de le vaincre et s’enfuit pour rejoindre les ascètes des forêts. Mais il se rendit bien vite que lui aussi finirait par vieillir et mourir.

Alors, le prince s’en fut sous un arbre pour méditer; c’est à ce moment qu’il atteignit l’éveil et devint “le Bouddha” qui veut dire “l’éveillé”.

Qu’avait-il donc comprit ?

L’éveillé qu’il était devenu s’était auto-enseigné qu’il faut accepter la vie et chercher à éliminer le malheur par la connaissance de soi ainsi que par le travail de transformation profonde, c’est seulement dans l’aboutissement de cette recherche que nous pouvons atteindre une véritable sérénité.

J’aime beaucoup cette histoire ainsi que celle de Jésus.

Venir avec cet esprit de recherche s’engager au titre de la Légion étrangère comme serait-ce possible et surtout conhérent ?

Presque toujours, venir s’engager à la Légion est le résultat d’une crise personnelle ou familiale, politique ou sociale que le candidat légionnaire a subit.

Les uns ont été pris dans les remous politiques de leur époque, des renversements de situation.

L’appel de l’aventure en pousse les autres, incapables de vivre dans les cadres étriqués de la vie dite normale, ceux que les petits bonheurs confortables ne peuvent retenir, ceux qu’étouffent les brumes et les pluies incessantes, les ciels de suie des régions industrialisées, ceux qui ne résistent pas à l’appel lancinant des pays du soleil.

Il en est aussi qui viennent par goût des armes attrait du “baroud”. Ils ont le métier de soldat dans la peau, ils ne trouvent pas dans leur pays l’occasion de l’exercer.

Vient ensuite la catégorie des petits délinquants à l’exclusion des criminels. La Légion leur offre la possibilité du rachat par les dangers du combat.

Enfin, il reste ceux qui viennent chercher l’oubli. Pour eux, la tenue du légionnaire couvre une détresse orgueilleusement cachée. Le cafard du légionnaire source de débordements multiples trouve sa source dans un retour du passé chez celui qui pensait l’avoir oublié.

Tous ont en commun qu’ils n’ont pas fait le choix de la médiocrité.

Ils ont devant le malheur et la malchance réagi en hommes préférant l’aventure aux contraintes d’une vie sans intérêt pour eux. Ils sont venus chercher une liberté intérieur par le choix de règles rigides, l’absence de soucis et le pain quotidien assuré: “je souscris un contrat moral et d’honneur avec la France avec l’éventualité d’y laisser ma vie, je ne lui demande que de s’occuper de moi, contrat à durée indéterminé renouvelable par tacite reconduction jusqu’à la mort éventuellement, sans obligation...

Par les conditions de ce recrutement ouvert aux gens particuliers, la Légion serait très vite encombrés d’éléments suspects, indésirables, dangereux. Elle est un refuge et un asile, mais elle ne survivrait pas si dans ses rangs se rassemblerait le rebus de nos sociétés.

Il serait intéressant de prendre connaissance des écrits de Raoul Follereau qui loin d’être hors sujet peut être une conclusion possible: “Combat la misère, l’injustice sociale, le fanatisme quel qu’il soit… toute ta vie dénonce l’égoïsme de ceux qui mangent trois fois par jour et s’imaginent que le reste du monde en fait autant.

Personne n’a le droit ni le pouvoir d’être heureux tout seul.” 

CM