Voilà un bien bel article qui ne saurait souffrir d'aucun  commentaire, si ce n'est  de dire très fort et bien haut que nous sommes en parfait   accord avec les écrits de son auteur qui précise et aide à organiser notre pensée sur un sujet qui mobilise notre communauté légionnaire. Antoine donne une possible  explication sur le motif qui nous pousse à réagir aussi nombreux tant il est vrai que depuis l'incendie de Carpiagne, nous n'étions plus habitués à une telle mobilisation.

Bonne lecture avec en filigrane un article qui sera malheureusement toujours d'actualité...

CM

Retour à Mythomanialand   

La chose est  impressionnante. En trois coups de cuillère à pot, si j’ose l’expression, « le colonel » a vu sa carrière arrêtée avant qu’il ne le soit lui-même, nous l’espérons. La police helvète s’y emploierait, paraît-il. Pays doté d’une armée de milice, sa police  ne badine  pas avec ça.  Les réseaux sociaux sont époustouflants qui permettent le meilleur comme le pire avec une fulgurance sans égal. Notre imposteur a été rapidement identifié, un de nos anciens, de même origine nationale, a même réussi à enquêter par l’intermédiaire du facteur, cousin de sa cousine, qui apporte le courrier à notre « officier supérieur », actuellement recherché dans son pays.

Mais dans le fond, ce qui m’a le plus interpellé est le fait que bien que beaucoup de mythomanes aient été retrouvés par nos anciens qui veillent, aucun comme celui-ci, n’a suscité une telle mobilisation de la communauté des anciens légionnaires. Ma lettre a reçu un unique commentaire que je vous livre tel quel, sans en retirer une quelconque gloriole : « Monsieur, tres bien ecrit ! en fin une reaction correct contre ce malades qui marche sur le sang, les blessés et nos morts ! mes Salutations Distinguées. Ancien (2èmeREP)». Ceci pour montrer comment des anciens peuvent être sensibles à l’imposture et se sentir atteints dans l’essence de leur être comme je l’écrivais précédemment.  On peut donc avoir l’impression que jusque-là,   les usurpateurs ne s’attaquaient qu’à l’excellence : l’image du légionnaire dans la pureté du soldat qu’elle suppose.  Mais avec l’affaire du « colonel », une autre dimension semble avoir été atteinte, une nouvelle limite franchie: Waridel mystifiait en se servant, par surcroît, de l’image d’un « chef légionnaire ». Cela semble avoir dépassé la mesure du raisonnable, de l’acceptable dans l’esprit des anciens, pour atteindre à une sorte de sacrilège ! L’amour du chef, qui n’est pas un vain mot dans nos rangs, a pris le pas sur les autres considérations. Je crois que c’est le motif de cette mobilisation sans précédent qui a si  heureusement abouti. Le « colonel » devra envisager  de donner une autre direction à sa future carrière après, je l’espère, un traitement vigoureux.    

Cependant, je le disais en début de lettre, les réseaux sociaux autorisent le meilleur comme le pire. Ces réseaux qui permettent de débusquer l’imposteur, le malfrat, le violeur, le pédophile, j’en passe… permettent également  à certains de déverser leur fiel par tombereaux, qui se traduit par la diffusion de  rumeurs  et propos haineux, vipérins, bref, de cracher sur les personnes par internet interposé. Il nous faut inviter tout un chacun à user de   mesure et de modération dans les propos tenus:

« La mythomanie peut revêtir plusieurs formes dont :

- la vaniteuse (le sujet se vante),

- la maligne (compensation d’un complexe d’infériorité par la médisance). »

Attribuer ses propres échecs connus ou inconnus à l’action d’un tiers, est une manière d’utilisation de la vanité : « j’aurais  pu car je suis bon, mais on m’a empêché… » et, de la forme maligne, par  la médisance. Ainsi, on s’auto-conforte dans l’idée que l’on s’est forgée que ce qui peut nous arriver de fâcheux est la faute de l’autre et jamais la sienne. A force de l’affirmer envers soi et envers son entourage immédiat acquis à la cause, on finit par s’en convaincre et oublier l’origine même des faits. L’enfer c’est toujours les autres !

Là encore, la vigilance des anciens et les témoignages de situations réelles, démontrées, doivent être remerciés et loués. J’ai pris acte de cette heureuse et réconfortante levée de boucliers.

La fidélité légionnaire,  je ne l’ai jamais  perçue   comme un sentiment à sens unique devant s’exercer uniquement du subordonné envers ses chefs, mais également dans l’autre sens ; je dirais même surtout dans l’autre sens, car la majorité d’entre nous,  gradés de tous  niveaux, devons une bonne part de notre position à nos subordonnés. C’est souvent en nous appuyant sur leurs actions  même si nous  sommes à l’origine de celles-ci et  sommes nous qui les commandons  que nous avons réussi nos missions. C’est en restant conscients de notre interdépendance,  fidèles à nos principes érigés en vertus cardinales, à nos subordonnés, à nos chefs, à nos frères d’armes de tous grades, que nous resterons dignes  et maintiendrons allumé le flambeau à sept flammes qui nous guide, fiers de l’honneur d’avoir été légionnaires et d’avoir servi la Légion et, par là, la France.

AM