Hommage aux Bénévoles :

Ce n’est pas chose aisée que d'être bénévole, il faut faire abstraction de beaucoup de choses qui font que la vie puisse être respectable et supportable. Il s’agit toujours de prendre du temps, celui de préférence accordé aux loisirs, un temps libre consacré aux plus faibles d'entre nous.

Donner, avec comme seul récompense un regard de reconnaissance, un regard d’impuissance de ceux qui n’ont plus rien et surtout pas la santé, c’est surtout, sortir un être humain de sa solitude par un geste généreux et gratuit qui n'attend rien en retour.

Le bénévolat c’est avant tout une forme de volontariat, pratiquement inconnue du grand public. Notre société, pour les malades et les anciens n’est pas à la hauteur des besoins, tout est à reconstruire dans l’action humanitaire, trop souvent, le moteur qui l’anime tourne au ralenti, l’essentiel étant invisible pour les yeux comme le dit si bien le petit prince de Saint Exupéry, il y manque l’amour de son prochain, mot trop souvent galvodé, utilisé pour tout et son contraire… les sentiments sont souvent canalisés par une forme d’éducation, de moralité, mais où l’instinct prend toujours le dessus dès qu'une  situation de crise apparaît. C’est alors chacun pour soi, loi immuable de la nature qui fait périr les plus faibles sans émotion particulière et qui reflète une hypocrisie alimentée de bonnes paroles qui trompent même ceux qui les prononcent…

J’ai en tête une réelle admiration et beaucoup d’estime pour un homme exceptionnel qui n’a jamais ménagé, ni son temps, ni sa peine, au profit des plus déminus d’entre nous. Je pense à Jean-Jacques Basile, cet ancien adjudant-chef, infirmier d’état de profession, qui était à la fin de son service légionnaire, responsable de la santé sanitaire des pensionnaires de « l’Institution des Invalides de la Légion Etrangère à Puyloubier » et qui s’était retrouvé adjoint au Directeur de la « Maison du légionnaire » à Auriol. Retraité, notre Ancien ne pouvait rester « l’arme au pied »; ses compétences lui offrant l’occasion d’offrir le meilleur service à la tête de la Banque alimentaire du Secours Catholique d’Auriol et de continuer d’être toujours disponible pour la « Maison du légionnaire » qui ne manque jamais de faire appel à lui, lors de situation délicates où ses compétences sont sollicités. C’est l’exempe même du bénévole qui ne cherche aucune reconnaissance. Atteint d’un problème de santé parfaitement métrisé, il avait dernièrement offert ses services d’infirmier à un Ehpad, l’établissement était « asphyxié » par manque de personnel. Ses enfants, se sont rapidement manifestés pour qu’il cesse cet acte généreux, lui demandant, entres autres et avec insistance, qu’il prenne le temps de penser un peu à lui, tout un programme, qu’il serait bien inspiré de mettre enfin à exécution… Il est tellement vrai que nous avons encore et encore tant besoin de lui !

Nous n’avons malheureusement pas la liste de ces Anciens légionnaires bénévoles pour les mettre sous les feux de la rampe de notre reconnaissance. L’abnégation est chez eux incontournable et la discrétion de mise. Ces Anciens, en nos temps difficiles de lutte contre une pandémie mondiale prennent de leur temps et de leur tranquillité pour partager un peu de la détresse des gens qui hurlent dans leur tête un mal-être, ils peuvent être l’image de ce que nous seront demain.

Demain ? C’est à dire tout à l’heure, mais, aurons-nous la chance de pouvoir compter sur un bénévole qui s'occupera de notre insignifiante personne à nous sortir d’une solitude envahissante, source inépuisable de désoeuvrement ?

Nos Anciens ont pensé aux plus démunis d’entre nous, ils ont créé avant tout le monde un système de solidarité active qui a pour nom Foyer d’Entraide et maisons d’hébergements. Cette générosité pure est ce qui fait la force de notre fraternité et solidarité légionnaire, c’est ce qui fait toute la différence avec le monde qui nous entoure. Cet aspect de la solidarité légionnaire mal connu concrétisé par Puyloubier et Auriol n’existe plus que rarement dans notre cité moderne où les maisons de retraite n’hébergent que ceux qui peuvent payer une pension exhubérante qui marque une absence d’égalité, parfaitement inadaptée aux budgets de la majorité des français. Le respect pour nos ainés n'est plus ce qu'il était, peut-être sommes nous devenus trop modernes, au point que les derniers moments de nos vies sont loin d’être vécus de la même manière selon que nous sommes riches ou misérables…

Appelons cela le progrès !

CM