En droit : «  la laïcité est le principe de séparation de la société civile et celle de la société religieuse, c’est la neutralité de l’Etat à l’égard des confessions religieuses. »

Voilà pour le décor et l’amorce de cet article…

Ainsi, la loi du 05 décembre 1905, met fin au régime des cultes reconnus, c’est la proclamation de la liberté de conscience qui, néanmoins, garantit le libre exercice des cultes.

Neuf ans après cette importante décision, la Grande Guerre était déclarée, aujourd’hui, avant la commération un peu particulière de la Grande Guerre liée à la protection imposée par la pandémie , il est intéressant de mettre sous les feux des projecteurs ces « prêtres sac à dos » qui avaient un sacerdoce admirable, celui d’être présents aux côtés des poilus qui  étaient confrontés à une mort violente, chappe  inhumaine qui les frappait cruellement au quotidien.

Occasion idéale pour nous de présenter au cours d'un bref interview notre « prêtre sac à dos légionnaire», le père Lallemand qui reste pour beaucoup d’entre nous un exemple d’aumonier légionnaire apprécié de tous, croyants et non-croyants.

Dès septembre 1914, se met en place un nouveau corps de combattant dans l’armée française: celui des prêtres “sac à dos”…

Ils sont partout, dans les rangs, au combat, à l’ambulance, dans les villes conquises, dans les forts assiégées. Ceux qui ont passé l’âge sont tout simplement aumôniers.

Puis il y a les morts, les disparus dont la liste incomplète s’allonge… Pour combler ces vides, les demandent affluent de tous les diocèses. Ceux qui sont au front, écrivent de courtes lettres, des cartes, des billets, c’est une source intarissable de courage. Ces aumôniers volontaires sont sans solde et sans place déterminée, ils sont accueillis par tous, les soldats les appellent de tous côtés.

Les “prêtre-soldat” tel est le nouveau type du héros qu’aura vu naître la guerre de 1914. Résultat et succès imprévus pour les législateurs sectaires qui affichaient naguère des vexations envers l’Eglise, et qui avaient voté la fameuse loi des “curés sac à dos”. La formule voulait que nul ne devait être exempté de… l’impôt du sang en cas de guerre. Loi hypocrite, loi “anticléricaliste”, le prêtre soldat fut un soldat zélé, scrupuleux, accompli. Sourds aux railleries grossières, cuirassé contre les farces  équivoques et les pièges tendus à son innocence, il impose le respect en prêchant l’exemple !

Ainsi, bien des préjugés à l’égard des prêtres tel que: “Ce ne sont pas des hommes comme les autres”, se sont dissipés au contact des régiments.

Pour le soldat de 1914, la foi est un geste atavique pareille à celle du marin, c’est, malgré tout, quelque chose de très profond, une attitude de décence face au grand mystère de la mort.

Aucune prêtres ne figure dans la liste des morts, aucun n’est tombé et inscrit à l’ordre du jour de l’armée du pays laïque France.

Cependant une question s’impose: “le prêtre contraint de prendre les armes peut-il, en combattant, encourir une irrégularité vis à vis de la discipline ecclésiastique ?

Le père Yannick Lallemand!

Aumônier en retraite, le père Yannick Lallemand n’en continue pas moins ses activités au sein de la communauté militaire et la Légion étrangère en particulier Interview :

CM : Comment vous est venu votre vocation d’Aumônier militaire ?

Père Lallemand :"Ayant fait la guerre d’Algérie, j’ai vu les aumôniers militaires qui œuvraient magnifiquement dans des situations souvent difficiles au service du Seigneur. Etant moi-même, fils de militaire, l’armée est un milieu que je connais bien et c’est tout naturellement que la vocation militaire m’était venue d’être officier comme l’étaient plusieurs de mes frères. Quand j’ai pris la décision de devenir prêtre, je n’avais d’autre alternative que celle d’être au service d’autres militaires. C’est un milieu au service de Dieu et de la France que j’estime. J’ai ainsi baigné dans cette vie que nous devons donner à notre pays et dont nous recevons chaque jour les bienfaits sans que nous nous en apercevions. Mon père a donné toute sa vie au pays, à l’Armée et je l’ai toujours entendu dire : « Faire le sacrifice de sa vie est un honneur et aussi un service que chacun devrait rendre s’il le fallait » : mon frère aîné est mort en Algérie. Mon père qui à ce moment là était en Tunisie, a fait le déplacement pour déposer la Légion d’Honneur sur le cercueil de son fils .

Ayant aussi le désir de rester sportif, le fait d’être aumônier militaire c’était, pour moi, la possibilité de faire du sport, j’ai pratiqué beaucoup de cross, de skis, de montagne, de marches, de parachutisme, être prêtre aux Armées me permettait cette vie sportive.

CM : Parlez nous, mon Père, de votre aventure Tchadienne :

Père Lallemand : "De 1986 à 1996, j’ai vécu 10 ans au Tchad mais je revenais chaque année pour ma mère qui était très âgée, un peu malade et je me faisais un devoir de la revoir et de passer en sa compagnie 3 semaines à 1 mois, c’est moi même qui payais le voyage.

Alors pourquoi suis-je parti au Tchad ?

Il y a plusieurs raisons : quand j’ai décidé d’être prêtre, j’avais l’intention de devenir missionnaire mais je n’ai pu réaliser ce projet du fait que mon frère aîné venait d’être tué, je ne souhaitais pas m’exiler loin de ma famille à cause mes Parents. La deuxième raison vient de ma participation pendant 6 mois à l’opération « Manta », opération qui avait pour mission le soutien de l’Armée française aux combattants tchadiens contre l’envahisseur libyen. J’ai rencontré très souvent des chrétiens tchadiens perdus dans le désert surtout des fonctionnaires : soldats, instituteurs et infirmiers venus du sud du pays qui n’avaient pas vu de prêtres depuis une dizaine d’années, ils avaient d’importants besoins spirituels. Une troisième raison est que j’ai bien compris que l’Esprit Saint était là ! qu’il m’appelait à venir au Tchad, à tout quitter et en particulier ma situation privilégiée d’aumônier parachutiste avec son gros salaire pour retrouver la vie d’un religieux, coexistant avec  les tchadiens, vivant comme eux la pauvreté, la misère et le dénuement. Il y a peut-être une quatrième raison : celle d’avoir été témoin à Beyrouth de la mort de 72 parachutistes et de 4 marins. J’y ai trop subi une situation malsaine d’impuissance à voir ces jeunes gens mourir. J’étais bouleversé de devoir les accompagner dans leur dernier parcours terrestre. En fait, avec le recul du temps et celui de la réflexion, je souhaitais un peu de paix, mon choix était faussé, je retrouvais, malgré-moi un pays, encore et toujours, en état de guerre…

Le prêtre est un homme seul, il vit de solitude, de recherche de silence, éléments indispensables pour la place que tient la prière dans son quotidien, dans son face à face avec Dieu. Pour revenir à mon aventure tchadienne, il serait intéressant d’en parler et expliquer mon action sacerdotale à vivre la vie nomade de ces chrétiens Tchadiens".  

A suivre...

CM