Marcus est un homme fier de ses origines suisses, c’est pour lui, un acte de guerre quand il lui faut aller à la recherche d’un renseignement, à chaque fois, il agresse ceux auxquels il pose des questions, il interpelle les gens comme d’autres braquent des banques, sans bonjour, ni merci !

Il fait partie des timides arrogants, cette espèce d’individu de plus en plus nombreux qui semblent ignorer qu’il est nécessaire, même, surtout dans un pays dit civilisé de ne pas choquer son interlocuteur. Malheureusement, Marcus est trop souvent dans sa vie ce qu’on peut appeler un « taiseux », de ceux qui ne savent utiliser le rituel du geste, du sourire et qui ont appris à leur dépend de se taire en beaucoup d’occasions…

Mais Marcus est quand même un cas bien particulier doté de qualités humaines méconnues et d’une sentimentalité à fleur de peau, c’est un peu le renard du « Petit Prince » de Saint-Ex, il nous faut l’apprivoiser avec au bout de l’effort, un sentiment puissant d’être bien heureux de l’avoir pour ami…

En fait, sous ses apparences d’ours mal léché, c’est un homme qui a beaucoup souffert dans son corps et dans sa tête. Marcus tout au long de sa vie n’a connu que la guerre et de ses participations aux guerres d’Indochine et de l’Algérie, il disait qu’elles lui rappelaient son enfance et qu’il se souvenait avec émotion des anciens combattants. Une scène l’avait beaucoup marquée, c’est la dispute de deux anciens :

-        « J’ai fais Verdun, moi, Monsieur, disait l’un, »

Ce à quoi l’autre répondait :

-        « Et moi, le chemin des Dames , Monsieur! »

Marcus expliquait que cette dispute était d’un autre temps et pourtant, au lendemain de la seconde guerre mondiale n’avait-il pas entendu cette autre altercation :

-        « J’étais résistant, moi Monsieur ! »

-        « On le sait, tous les Français ont été résistants ! »

Puis et arrivée une dispute plus près de nous : -

- « J’ai combattu en Indochine et en Algérie, moi, Monsieur ».

-        Monsieur! On dit que la mort ne survient réellement que lorsque l’on sort de la mémoire des vivants.

Marcus précise : « La meilleure façon de rendre un hommage publiquement aux anciens combattants est de participer aux cérémonies commémoratives."

Aujourd’hui, dit-il, « si les jeunes sont libres de ne pas être présents aux manifestations et ainsi de ne pas connaître un monde autoritaire, ils le doivent à ces morts qui ont servi la France dans la gloire et dans l’ombre afin de préserver cette liberté qu’ils affichent au pays des « droits de l’homme et du devoirs du citoyen !».

« Nous, anciens légionnaires nous avons pour notre Patrie d’adoption un idéal d’amour et nous affichons dans notre manière de vivre un indispensable respect pour les valeurs qui sont devenues les nôtres et pour lesquelles nous nous sommes battus. Et si je suis parfois quelque peu agressif dans ma manière de me comporter, je le dois à mes « compatriotes » qui me rendent souvent, en les regardant vivre un peu…« grincheux ».

Marcus a promis de faire un effort !

CM