Nuit blanche avec Serge Gainsbourg à Calvi en Juillet 1982:

C'est la première fois que Serge Gainsbourg (1928-1991) passe dix jours de vacances à Calvi, en compagnie de sa nouvelle compagne Bambou et de son garde du corps. Nous sommes en Juillet 1982 et la période estivale bat son plein dans cette cité touristique corse, bien connue pour sa citadelle génoise dominant une baie magnifique de plusieurs kilomètres.

Serge G. déambule dans la rue piétonne quand 2 légionnaires en tenue le reconnaissent et l'invitent à boire un coup. Serge G. leur dit « Venez plutôt avec moi, je suis attendu au Piano Bar ! ». Arrivés au « Piano Bar » sur le quai, le patron dit à Serge G. « Toi oui, eux non ! ». Le Piano Bar était en effet un bar connu pour ses sympathies nationalistes. Contre toute attente, Serge G. dit au patron « Si c'est comme ça, je ne viens pas et je vais voir ailleurs avec eux ! ». Le patron est dépité.

Nous étions plusieurs officiers et sous-officiers du 2ème REP à être déjà présents au bar « Les Palmiers » tenu par Emile Lucciani (dcd en 1994) quand nous voyons arriver Serge G, Bambou, le garde du corps et deux légionnaires. Il est environ 19h30. Nous accueillons les nouveaux venus et passons commande. Les heures passent ! Les discussions s'enchaînent avec Serge G. qui s'adapte à son auditoire. Le patron du Piano Bar, déconfi par sa décision d'aller voir ailleurs, relancera plusieurs fois Serge G. en le suppliant de venir jouer car ses invités l'attendent. Il refuse !

Vers 22h00, j'invite Bambou et le garde du corps à s'asseoir car c'est bien parti pour durer toute la nuit. Ils resteront cependant debout toute la nuit ! En effet, nous passons tous une nuit blanche à échanger sur de multiples sujets dont la Marseillaise à Strasbourg, objet d'une grande polémique.

Vers 07h00 du matin, nous sommes tous en terrasse et prenons notre café. Des touristes, étonnés et marchant sur la route du quai, nous regardent. On les entend dire « C'est Gainsbourg ! ». Nous payons la note. Serge G. nous dit que c'est bien la première fois qu'il ne paye pas lui-même la note. Il nous remercie. On se sépare, tous contents d'avoir vécu ensemble ces moments improvisés.

Deux mois plus tard, Serge G. est invité à une émission de TV animée par M. Drucker. Ce dernier lui demande où il a passé ses vacances. Il retourne alors son col de veste et montre l'insigne du 2ème REP. Plus tard, il publiera une chanson intitulée « Mon légionnaire ». Souvenirs !

PG