Géode surprise ouverte en deux à Obock (1982)

La 3ème Cie du 2ème REP est en renfort de la 13ème DBLE (demi-brigade de légion étrangère) en République de Djibouti pour une période de 4 mois. Le colonel V., chef de corps de la 13, confie la participation au recensement de la population djiboutienne à la 3ème Cie du 2ème REP. Elle se voit attribuer la moitié Nord du pays tandis que le 5ème RIAOM (régiment inter-armes d'outre-mer) se voit confier la moitié Sud du pays. La mission est prévue de durer deux semaines.

En tant qu'officier adjoint de la 3ème Cie, je suis entre autres chargé, comme à Beyrouth quelques mois auparavant, de reconnaître les lieux où les sections pourraient s'implanter favorablement. Avec mon conducteur de jeep, nous sillonnons les pistes en long et en large sur la partie Nord du terrotoire djiboutien, petit pays réputé pour sa chaleur de plomb dans cette partie aride et volcanique de la Corne de l'Afrique.

Nous roulons sur une piste dans le Nord du territoire quand, à un moment donné, on s'arrête près d'un jeune djiboutien, sorti de nulle part mais vendant des géodes. Je suis intéressé par ces gros cailloux à l'intérieur mystérieux. Combien la géode ? 05 francs djiboutiens ! Elle n'est pas ouverte. Peut-être est-elle pleine ? Je la prends quand même, ce qui le rend heureux dans ce désert de plomb.

Ma géode a le volume d'un petit ballon de football. Je me pose des questions sur son cœur. Je me renseigne à Obock pour savoir si quelqu'un serait capable d'ouvrir la géode pour admirer son intérieur. Oui, il y a bien M. Ahmed Dini qui posséde une scie circulaire à pierres. Je me fais indiquer sa maison à Obock. Je lui rends visite un matin vers 08h00 et lui demande s'il accepte de découper ma géode. Il prends la géode, la soupèse et me dit de revenir ce soir vers 18h00.

 

Comme indiqué, je reviens le voir en début de soirée et lui demande s'il a pu découper ma géode. Il me présente les deux parties de la géode finement découpée en deux. « Un travail de pro ! ». Son intérieur est beau à voir. Je ne suis pas déçu. Je lui demande combien je lui dois. Il me réponds : « rien » et m'avoue s'être découpé lui-même une tranche peu épaisse qui sera en quelque sorte ma participation. Je le remercie puis repars à la Cie sans vraiment savoir qui est cet homme d'une cinquantaine d'années, instruit, discret et installé à Obock, ville située sur l'autre rive de la baie de Tadjourah, en face de la capitale Djibouti.

Ahmed DINI, né en 1932 dans les Mablas (région Nord de Djibouti) était un homme politique afar de la Côte française des Somalis, puis du Territoire français des Afars et des Issas puis enfin de la République de Djibouti (indépendante en 1977). Il fut le 2ème Premier Ministre de Juillet à Décembre 1977 (démission puis entrée dans l'opposition). Avant de décéder le 12 Sept. 2004 à l'hôpital militaire français de Djibouti, il reprendra en 1992 la direction du FRUD (front pour la restauration de l'unité et de la démocratie). Après dix ans de guerre et d'exil, il déposera les armes en Mai 2001 du fait des scissions au sein du FRUD. Il entreprendra ensuite de réunir l'opposition djiboutienne, en participant aux élections législatives de 2003

PG