Au contraire de beaucoup d’hommes et de femmes politiques, notre ami Christian tient ses promesses. Le deuxième billet sur la bande dessinée est encore tout chaud. C’est qu’il ne fait pas cela en rigolant, pas de demi-mesure. On sent l’accro à la BD, il en connait des références…

Voici bien des années il m’avait emmené par les rues d’Aix en Provence pour me faire découvrir une librairie spécialisée dans la chose. Il ne s’en souvient probablement plus, mais moi très bien, tant j’avais été éberlué par l’addiction des tenanciers du lieu au monde de la BD, comme surpris par la lueur d’allégresse dans l’œil de Christian. C’est que ces BD ne sont pas une affaire de gamins, c’est très adulte et très sérieux.

J’avoue, humblement, n’avoir jamais pensé à élever à ce point mon esprit – comme dans l’échelle de Jacob qu’il mentionne – grâce aux bandes dessinées. Mais à bien y réfléchir… allez savoir !

Aujourd’hui il nous parle de Calvin, affublé de son tigre  et de son  célèbre carton. Il se sent littéralement hypnotisé par le contenu du carton.  Comme il le dit lui-même c’est une véritable boîte de Pandore où l’on trouve tout ce qui peut nous toucher dans la vie.

Merveilleux monde où l’on peut plonger tête la première sans pour autant être pris pour un vieux en crise d’adolescence.

Il nous en prépare d’autres l’ami Christian puisqu’il le promet  par un : à suivre !

AM

Suite à l’intervention intéressante de mon ami Antoine, je tiens à apporter une petite précision.

Mon propos touche  toutes les formes de BD et non seulement une catégorie, fut-elle classique ou moderne. La passion ne se raisonne pas, ce qui m’est apparemment difficile d’expliquer ou de transmettre et c’est ainsi, comme je le disais maladroitement, que l’absurde et le “non-sens”  par la vertu des infinies métamorphoses, permet au dessin d’offrir une sorte d’échelle de Jacob orientée directement vers nos angoisses existentielles. Comme le dit si bien dans un article consacré à la BD le philosophe Sven Ortoli: “Sauf que…regardez CharlieBrown, suggère le philosophe Julian Baggini, il n’est pas le portrait réaliste d’un garçon américain et pourtant il représente n’importe lequel d’entre-eux. C’est en abandonnant toute connotation réaliste qui fait de ce médium le meilleur moyen de faire de la philosophie”. Je partage.

   

Pour continuer et justifier mon “à suivre” précédent, j’aimerais vous faire connaître – pour certains -  et surtout  rester fidèle au fil conducteur expliqué ci-dessus :   “Calvin et Hobbes” une référence, un culte dans l’histoire de la BD.

Il est dit qu’une pincée de Calvin et un soupçon de Hobbes et nous voilà partis dans le monde où l’homme est un tigre pour l’homme et les sandwichs au thon l’ultime recours pour affronter l’absurdité de la vie. Le tout avec en filigrane, une philosophie: explorer le réel, mais rien de tel pour y parvenir qu’une bonne déformation…

Calvin est un gamin trop intelligent pour son âge, Hobbes un tigre jovial et anthropomorphe (*) capable de se tenir debout et de soutenir une conversation alors que le monde extérieur s’entête à le voir comme une simple peluche…

Cette BD représente trois mille et quelque  planches publiées en seulement dix ans, entre 1985 et 1995. Bill Watterson l’auteur, parle de tout: du conformisme de l’absurdité des usages, des turpitudes de la discipline domestique, de la méchanceté ordinaire en milieu scolaire, de la vague d’inquiétude qui taraude un monde matérialiste livré au cynisme du profit et à la médiocrité de la culture de masse, de l’angoisse et de l’ennui qui saisit les enfants le dimanche après-midi. Ouf, rien que cela dans une BD !

   

J’ai une réelle passion hypnotique pour la boîte en carton de Calvin. Cette boîte est mythique, c’est à mon avis le meilleur moyen d’explorer son propre monde. Grâce à celle-ci, Calvin avec ou sans Hobbes, fait de nombreux voyages. Ce carton qu’il peut tirer ou ranger dans son armoire à loisir, possède une réalité bien plus concrète qu’une soucoupe volante ou que celle de la silhouette d’un T.Rex.

Il représente tout ce que l’on emplit et vide dans sa vie: les cartons des cadeaux de Noël, ceux des jouets dont on ne se sert plus, les livres, cahiers, objets d’autrefois, les albums photos, les vêtements, les documents périmés qu’on a peur de jeter. Le carton de Calvin est un trésor, la boîte de Pandore de nos vies. Il contient nos images passées, nos rêves d’avenir, nos espoirs oubliés. Je viens de l’ouvrir avec mon très récent déménagement…

   

C’est un peu une boite crânienne qui contient nos cerveaux, il renferme un univers intérieur en constante expansion que la réalité ne pourra jamais égaler ni reproduire.

Ah! Les cartons du grenier de mon arrière Grand-Mère, redoutables aimants qui me sortaient de l’ennui préenregistré des dimanches après-midi !

A suivre si vous le voulez bien…

CM