« Tous trois qui avez tant combattu pour la France, vous êtes de la lignée de ces sous-officiers qui ont laissé un nom dans notre Histoire… dans son musée, la Légion étrangère perpétuera vos noms et gardera votre souvenir. »

Ainsi le 22 mai 1959 au cimetière de Sidi Bel Abbès, le colonel Brothier, commandant le 1er RE terminait-il son adieu à l’adjudant Tasnady, du 1er REP, tué au combat le 14 mai dans l’Ouarsenis. Il associait à ce mort de 33 ans deux autres adjudants au destin parallèle, les adjudants Valko et Szuts, « venus du même pays de notre Europe déchirée et presque au même moment » et tous les deux frappés, à quelques jours d’intervalle, dans la même bataille que Tasnady.

 

En treize ans de services légionnaires, les trois jeunes engagés hongrois, que rien ne distinguait au départ de la foule des nouveaux venus prêts à faire revivre la Légion exsangue de 1945, avaient parcouru tous les echelons de la hiérarchie jusqu’à ce grade d’adjudant, et connu toutes les batailles où pouvait s’illustrer le légionnaire, d’extrême-Orient en Egypte et en Afrique du Nord.

 

A eux trois, ils totalisaient à leur mort trente-quatre citations dont quinze à l’ordre de l’armée, trois médailles militaires, deux croix de chevalier et une rosette d’officier de la Légion d’honneur, huit blessures au service de la France.

 

Nul doute que leur éblouissante tenue au feu ait fait, pour une part importante, leur carrière et leur réputation. C’est en effet une nécessité dans une troupe dont la vocation est de combattre, que les cadres subalternes soient des hommes de terrain, mais le seul courage serait insuffisant à asseoir la confiance du commandement et l’estime des subordonnés, si ne s’y ajoutaient la rectitude dans le service, le goût des responsables et le sens du dévouement.

 

C’étaient aussi ces qualités profondes qui avaient marqué les trois frères hongrois, associés dans l’hommage du colonel Brothier, qui faisait le ‘symbole des vertus et de l’exemple des sous-officiers depuis la seconde guerre mondiale ».

 

Valko, Tasnady et Szuts continuent d’être honorés au Panthéon légionnaire.

 

Comment de tels hommes ne feraient-ils pas école ? Ils sont le levain de la Légion étrangère !