En 1973, le général Marcel Bigeard, commandant les Forces françaises à Madagascar, faisant face au coup de force qui se préparait par l’état malgache de s’emparer des îles « Eparses » décida immédiatement d’implanter sur chacune des trois îles concernées un détachement militaire. Certains anciens légionnaires se souviennent de cette particularité de l’actualité au moment où le 3ème REI s’éclatait une partie pour la Guyane et l’autre aux Comores. Nous ne saurions rester indifférents aux rapports de force qui se présentent dans cette partie du monde…

Le Président malgache Andry Rajoelina ayant demandé la rétrocession des Iles Eparses situées dans le Canal du Mozambique à Madagascar, une commission mixte franco-malgache a été constituée. Une commission pour discuter de quoi ? Puisque ces îles appartiennent à la France. Les Iles Eparses sont cinq ilots de 1 à 30 km2, un, Tromelin, à l’est de Madagascar, les autres, Les Glorieuses, Juan de Nova, Europa et Bassas da India qui ne se découvre qu’à marée basse, dans le Canal du Mozambique.La France les a trouvées inhabitées et en a pris pos-session en 1896. Depuis, des tentatives d’exploita-tion, cocoteraie aux Glorieuses, guano à Juan de Nova, sisal à Europa ont été conduites par des Français et, avant qu’elles ne soient automatisées, la France entretenait une station météo sur cha-cune des îles.La demande des Malgaches est basée sur le fait que pendant la colonisation, les Iles Eparses avaient été reliées administrativement à Madagascar : « Madagascar et dépendances ». Les Comores étaient aussi des « dépendances de Madagascar » jusqu’en 1946, elles sont maintenant indépendantes et Mayotte est un département français.En 1960 quand la France donna à Madagascar son indépendance, les Iles Eparses furent détachées et rattachées à la Réunion. Elles relèvent maintenant de l’administrateur des Terres Australes. Jamais donc les Malgaches ne furent en charge des Iles Eparses.Cette revendication n’est pas récente : en 1973, époque où les relations entre les deux pays étaient tendues, le Commandant Supérieur, qui était à l’époque le Général Bigeard, dont l’état-major était à Tananarive, fut averti que les Malgaches prépa-raient un coup de force pour s’emparer de ces îles. Le général décida immédiatement d’implanter sur chacune des trois îles un détachement militaire de 13 hommes et un gendarme ; 47 ans après, régulièrement relevés, ces détachements manifestent toujours l’appartenance de ces îles à la France.Tromelin, l’île située à l’est de Madagascar a été l’objet d’une semblable revendication, mais par Maurice, un traité de cogestion était même en cours de négociation, jusqu’à ce que l’Assemblée Nationale fasse capoter le projet.Remarquons que ces îles n’ont en soi aucun intérêt, elles sont généralement d’un accès très diffi-cile par la mer, entourées de coraux, on y a construit des pistes qui permettent la desserte par avion. La seule ressource d’eau est la pluie. Elles sont de plus classées « réserves naturelles intégrales » et toute activité y est interdite. Signalons à ce sujet que les écologistes souhaitent curieusement le maintien des militaires, ceux-ci assurant la protection des tortues marines qui nidifient sur les plages. Seulement les Iles Eparses génèrent une Zone Economique Exclusive de 640 000 km2 couvrant la moitié du Canal du Mozambique, zone de pêche, et où l’espoir de trouver du pétrole est sérieux. Les prétentions malgaches n’ayant aucun fondement, on ne voit pas pourquoi une commission a été créée alors qu’il n’y a rien à négocier. Selon l’article 5 de la Constitution, le président de la République est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire et du respect des traités. Il lui appartient donc de maintenir la souveraineté sur ces îles, d’autant que si on cède pour les Iles Eparses, on va être amené à céder pour Clipperton revendiqué par le Mexique, les Terres Australes, et pourquoi pas pour St Pierre et Miquelon, et Wallis et Futuna si, comme on l’y pousse, la Nouvelle Calédonie accède à l’indépendance. Le 23 octobre 2019, le président Macron à l’occasion d’une visite à Mayotte, se rendait à la Grande Glorieuse pour une visite de deux heures. Il y faisait une allocution au cours de laquelle il affirmait que la France protégeait la biodiversité dans les Iles Eparses érigées en réserves naturelles intégrales, qu’elle s’opposait aux recherches pétrolières dans la zone très prometteuse de Juan de Nova et concluait en disant « c’est la France ». Dans ces conditions on pouvait croire l’idée de donner les Iles Eparses aux Malgaches abandonnée. Il semble qu’il n’en soit rien et que la commission mixte soit encore au travail. En dehors du fait que ces îles sont à l’évidence françaises, il faut savoir que si nous les abandonnons, ce seront les Chinois auprès desquels Madagascar est très endetté qui mettront la zone en exploitation, prospecteront puis exploiteront le pétrole et épuiseront les ressources halieutiques par la pêche industrielle. Il en sera bien fini de la préservation de la biodiversité que les Malgaches n’ont pas les moyens d’assurer, les îles seront livrées au braconnage et au pillage. A suivre…

 

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