Avant propos! Le principe est simple, notre bande dessinée affiche des anecdotes qui marquent notre société. Notre personnage « Cabé » est en retraite, rectifié d’état civil, il s’appelle aujourd’hui « Nono ». Plongé avec ses anciens compagnons légionnaires au sein d’une société, il regarde, fort de son expérience à la Légion, tout ce qui touche de près ou de loin ce qui fait le quotidien des discussions du "café du commerce"... Néanmoins...

Nono et ses amis sont tous inscrits à la même Amicale, mais, leurs aventures ne sauraient être à l’identique de ce qui faisait la joie des lecteurs de « Képi Blanc ». Ils traversent l’actualité au sein d’une société bien plus complexe que ne se présentait à eux la vie de légionnaire.

A chaque présentation mensuelle de la page BD de « Nono » (nom d’un moustique très fréquent du Pacifique), un article inédit sur les arts l’accompagnera, une manière de partager notre passion sur tout ce qui touche l’Art et la culture. A partir du mois prochain, Nono et ses compagnons seront toujours présentés en tenue d'ancien légionnaire.

Bonne lecture !

Actualité oblige:

Soyons raisonnables et regardons les choses en face telles qu’elles se présentent. Nous sommes confrontés à une sorte de guerre bactériologique qui a et aura des conséquences désastreuses sur notre société, c'est, à ne point douter, une guerre mondiale.

Nous ne pouvons aujourd'hui nous permettre de vivre en marge des recommandations d’usage actuel qui consiste avant tout à prendre des mesures drastiques afin d’enrayer une catastrophe humanitaire. Référence dans notre mémoire collective, la peste au moyen âge, responsable également de pathologies pulmonaires avait fait en France, en son temps, 7 millions de victimes pour une population de 17 millions d’habitants à l’époque. Aujourd’hui, le précautionnisme s’applique en règle d’or, on ne peut plus se réunir, nous allons édifier à nouveau des frontières que nous condamnions il n’y a pas si longtemps, ériger les remparts de la crainte, nous enfermer en attendant transis par la terreur de la contagion. Le monde est incapable de vivre dans l’incertitude, l’inconnu le terrifie. Ce qu’autrefois nous appelions "destin", ne nous laisse pas résigné, le spectacle est terrifiant et révélateur…

Bien entendu qu’il nous faut faire front, nous battre, qu'il nous faut survivre. Nous, militaires et anciens militaires, on nous a appris que plutôt que de faire la guerre, de nous agresser à coups d’attentats, qu’il était bien plus simple et beaucoup plus efficace de nous inoculer un microbe ou un virus pour nous faire disparaître.

Nono et ses compagnons vivent l’actualité à fleur de peau et réagissent comme au temps où ensemble ils faisaient face  aux évènements qui leur étaient imposés et qu'ils n'avaient pas choisi. Il est un principe qui dit que "l'on ne peut rire de tout", nos légionnaires le savent mieux que personne, ce qui ne les empêche pas d'utiliser l'humour comme arme de dérision souvent un moyen de chasser leur inquiétude, leur peur. Il ne fait, cependant, aucun doute que si d'aventure en devait faire appel à leur service, rien, ni personne, ne les arrêtera.

Le dossier qui accompagne notre BD:

« Roland Dorgeles, écrivain et héros de 14-18, une manière originale d’intervenir au profit de l’Art et de la culture…

Roland Dorgeles, c’est l’auteur de « les croix de bois », livre dans lequel il raconte l’horreur journalière des soldats dans les tranchées. Ce roman fut un grand succès dès sa parution en 1922 au point d’être proposé pour le « Goncour ». Malheureusement, il avait comme concurrent Marcel Proust qui présentait : « A l’ombre des jeunes filles en fleurs » et qui reçu ce prix tant convoité.

Mais ce qui caractérise Roland Dorgeles en dehors de ses écrits d’une qualité exceptionnelles, c’est le côté « potache » qui mérite d’être conté. C’est ainsi qu’il réalisa avec l’aide d’un ami sculpteur une tête de femme. Il se rendit au Louvre en dissimulant la sculpture qu’il déposa dans la salle de Maguésie du Méandre avec l’étiquette : N°402 –Tête de divinité – fouille de Délos.

Les jours qui suivent, Dorgelès attend avec impatience que la supercherie soit dévoilée et que celle-ci soit commentée dans la presse. Rien ne se passe, dépité il convoqua au musée même la presse pour révéler le scandale de cette supercherie précisant que les gens responsables n’ont rien vu.

Son intervention ne fut pas du goût des gardiens et conservateurs qui le sortir manu militari hors du musée…

Aujourd’hui encore, cet œuvre originale serait toujours présente au Louvre et laisse planer une multitude de scénario possible…

Cependant, les extravagances de notre héros ne s’arrêtent pas là.

Au salon des « indépendants », Dorgelès et quelques uns de ses amis s’exclamèrent d’admiration devant l’œuvre d’un peintre abstrait inconnu au titre évocateur : « Et…le soleil s’endormit sur l’Adriatique ». Toute la presse en parlait, admirant le ciel, évoquant la finesse du trait et le flou artistique des formes s’attardant sur les nuances du mélange des couleurs chaudes et froides…

On s’image leur embarras lorsque Dorgélès dévoila la supercherie : le peintre n’était autre qu’un âne qui avait un pinceau, trempé dans la peinture, placé sous son arrière train et qui s’amusait à remuer la queue à côté d’une toile vierge.

Le soldat volontaire Roland Dorgelès en 1914 reçu la croix de guerre et fut nommé caporal, ce n’est pas par hasard qu’il devint en 1954, président de l’académie Goncour, ( on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même) fonction qu’il occupa jusqu’à sa mort en 1973.

Un bien curieux personnage, qui ne se prenait pas au sérieux et qui mordait la vie à pleine dents. Un homme de culture et de fantaisie qui osait s’afficher dans des situations pour le moins curieuses et pas toujours du meilleur goût mais qui oblige à s'inquiéter sur la justesse des appréciations de ceux qui jugent une oeuvre fort de leur suffisance...

Voir dans la rubrique livres : « les croix de bois » de Roland Dorgelès."

CM et PYC (épique: héroïque, fantastique, extraordinaire)