SERIE LES HEROS DE TOUTES LES GUERRES (INDOCHINE)

                                       L’adjudant  Bonnin  est  mort !

« La plus belle figure militaire que j’ai connue. » Extraits du livre « Mémoires des champs de braises. » du Commandant Hélie Denoix de Saint Marc.

AVANT PROPOS.

Lettre du commandant Hélie de Saint Marc, à un lecteur :

                                                                                   Lyon, ce 5 mai 2010.

Cher monsieur,

« Votre lettre très émouvante m’a profondément touché. Vous avez su trouvé les mots qui ont fait ressurgir en moi d’innombrables souvenirs. Et j’ai retrouvé sous votre plume, les questions que je me suis souvent posées. J’ai écrit d’autres livres après celui auquel vous faites allusion. D’abord « Mémoires des champs de braises », que je vous adresse ci-joint. Ensuite « Les sentinelles du soir », livre de réflexion. Puis « Notre histoire », dialogue avec un officier allemand. Enfin, « L’aventure et l’espérance », qui vient de paraitre. Vous excuserez la brièveté de ma lettre, car j’ai de sérieux ennuis de santé, (Parkinson), qui m’interdisent les efforts prolongés. Mais soyez certain que votre lettre  m’a remué au plus profond de moi-même, et je tiens encore une fois à vous en remercier du fond du cœur. Bien à vous. »

H. de Saint Marc.

                                          

Wolf  Middelmann- Gottingen- Allemagne.

Cher monsieur de Saint Marc,

« Je vous remercie chaleureusement de votre lettre du 5 mai, du livre « Mémoires des champs de braises », et des photocopies, y inclus la photocopie du « Déporté », de 2009. C’est toute une série des phases de votre vie, des propos de prises de position, et finalement un enrichissement pour moi. Je vous assure que tous ces textes m’ont profondément touché. Je suis pour vous un inconnu, malgré cela, vous m’avez confié les fruits de réflexion sur votre vie. Je vous en suis reconnaissant.

               Pour terminer, quelques remarques diverses :

Dans votre livre « Monsieur le Président… », jai lu vos passages sur votre Adjudant BONNIN, et son caractère droit, digne de confiance, le fait que tout le monde pouvait compter sur lui. Et après la catastrophe de l’éclatement de la mine, ses dernières minutes : un comportement héroïque et solennel. Et dans « Mémoire… » Je découvre la photo saisissante de son enterrement. De nouveau un individu qui mérite toute la vénération. »

                                        

                        Etats de Service de l'adjudant Bonnin:

Né le 21-09-1925 à Beaufort (Jura-39)

Rejoint le maquis du département (Jura-39) en été 1944.

En avril 1945, il s’engage pour 3 ans dans l’Armée de l’Air. Contrat qu’il ne respecte pas, car au cours d’une permission il ne rejoint pas son Corps, mais s’engage le 10 avril 1945, pour 5 ans, dans les rangs de la Légion étrangère. (Matricule 55178)

Bonnin est affecté au DCRE à Sidi Bel Abbés, où il effectuera son instruction, ses pelotons d’élèves gradés, et sera nommé sergent.

Volontaire pour l’Extrême Orient, il est cité à l’Ordre de la Brigade avec attribution de la Croix de Guerre pour son action du 26-10-1946 à An Phu Xa.

2ème citation à l’Ordre de la Division le 31-03-1947, grièvement blessé au combat de Tank au Cambodge.

 Breveté parachutiste, il est affecté au 1er BEP/2ème Cie-(CIPLE-compagnie Indochinoise Parachutiste de la Légion Etrangère), le 01-08-1948-

Le 20-04-1950, le Bataillon entier est engagé dans la région sud d’Ha Dang (Opex David), où avec sa section il réduit plusieurs résistances rebelles et récupère des armes individuelles. Il obtient une nouvelle citation.

 En septembre 1950, Bonnin participe aux combats sur la RC4. Grièvement blessé au bras gauche, il est fait prisonnier. Le Viet-minh l’estime inguérissable, et le livre à la Croix Rouge à That Khé. Il est évacué par avion à Hanoï, et hospitalisé à l’hôpital Lanessan.

Rapatrié, il rejoint Bel Abbés, où il effectue sa convalescence. Volontaire pour un 3ème séjour, il revient en Indochine, affecté au 2ème BEP, et chef de section à la CIPLE.        

Le 10 février 1952, l’Adjudant Bonnin saute sur une mine dans les lacets du col de Kem, sur la route d’Hoa Binh. D’ordinaire précis dans ces gestes, il fait un pas de trop, basculant en arrière. L’explosion a soufflé ses jambes et son bassin. Nous sommes restés autour de lui quelques minutes qui sont gravées en moi à jamais. Il a dit : « Il vaut mieux que ce soit moi, qu’un de mes hommes. » Il a demandé au Lieutenant de Saint Marc de « couvrir ses jambes, pour que ses hommes ne le voient pas dans cet état. » La piste était noire de sang.

            Sa dernière citation, à l’Ordre de l’Armée, du 28-08-1952 :

« Jeune sous-officier de Légion étrangère d’une valeur exceptionnelle. Chef de section qui n’a cessé durant son troisième séjour en Extrême Orient de conduire ses hommes au combat. Volontaires pour toute les missions de combat, méritant l’épaulette d’officier, pour laquelle l’avait proposé son commandant de compagnie. Le 10 février 1952, sa section était chargée de nettoyer une crête au sud de la RC6, a été blessé mortellement par une mine, alors qu’à la tête de ses hommes, il atteignait ses objectifs. Vient aussi de donner une dernière fois l’exemple du courage poussé jusqu’au sacrifice suprême. »

Décorations:

              -Chevalier de la Légion d’honneur.

            -Médaille militaire (JO N° 92 du 17-04-1952)

            -Croix de guerre des T.O.E. avec palmes du 12-01-1951.

            -Croix de guerre des T.O.E. avec étoile de bronze.

Au cours de ses 3 séjours en Indochine, a obtenu 16 citations. C’est à lui que De Saint Marc a dédié son livre : «  Les sentinelles du soir. »

                                      

                                         Lieutenant Hélie de St Marc en Indochine

Le commandant de Saint Marc, qui commandait la CIPLE, dira de lui 50 ans plus tard : « Maigre dans son short flottant, un sourire un peu triste aux lèvres, il semblait venir d’ailleurs. Maître de lui-même en toutes circonstances, en opération, il était indifférent aux sifflements des balles et aux ébranlements des mortiers. Il avait un courage sobre, contenu et d’autant plus impressionnant. Il dominait la compagnie de son aura. »

« Mince, racé, facies resté très juvénile, il donnait l’image d’un aristocrate égaré dans la Légion. »

Inscrit sur les monuments aux morts de Beaufort (39) et Montceau-les-Mines (71).

              Choisi comme parrain de la promotion d’élèves sous-officiers au 4 RE /CIC en 2001.

Sources:       Documentation de Monsieur Francisco Alvarez (SAMLE).

                     Extraits des livres du commandant Hélie de Saint Marc.

                     Wikipédia.

                                         Retranscription : Major (er) Hubert Midy (FSALE) .