Histoire: 1844 - La Légion en Algérie

1844, Sidi-Bel-Abbès est la maison-mère depuis un an.

·       La localité est le fief de l’état-major du 1er Etranger entouré de la compagnie hors-rang et de la prestigieuse musique. Exceptionnellement, elle abrite un bataillon actif.

·       Sidi-Bel-Abbès remet dans ‘’le Creuset’’ ces hommes modelés à la vie du bled.

·       Là, une machine inflexible malaxe les frondeurs, rajuste le col des vareuses, redresse les képis, redonne un pli d’uniforme.

·       Mais les légionnaires sont fiers du développement de cette ville car ils sont chez eux.

 

 

Charles du Barail

Février 1844 : le sous-lieutenant Charles du Barail passe à Sidi-Bel-Abbès. Il se souvient fort bien de l’endroit : ‘’Le poste se composait d’une redoute en terre à peine ébauchée. Comme unique construction, il y avait une boulangerie dont le propriétaire avait annexé à son industrie un bazar, aussi fructueux pour lui qu’agréable pour la troupe, ravitaillé par un convoi hebdomadaire d’Oran’’.

Début 1844 : le vainqueur de la smalah d’Abd el-Kader, le duc d’Aumale, réunit plusieurs régiments en une colonne expéditionnaire devant réduire les Chaouias des Aurès. Un bataillon de marche du 2e Etranger y participe sous les ordres de l’adjoint au chef de corps, le lieutenant-colonel Mac-Mahon.

4 mars 1844 : un bataillon du 2e Etranger, conduit par le lieutenant-colonel de Mac-Mahon, entre sans coup férir dans Biskra après avoir franchi les célèbres gorges d’El-Kantara, véritable porte du désert. Tenir Biskra et sa palmeraie n’est pas contrôler l’Aurès. Là est pourtant l’objectif que s’est assigné le duc d’Aumale, nommé commandant de la province de Constantine

·       Biskra est occupée par le duc d’Aumale, accompagné de son jeune frère, le duc de Montpensier, Dellys par le général Thomas Bugeaud.

15 mars 1844 : de rudes montagnards aurésiens tiennent ferme dans la partie méridionale du massif. 3 000 d’entre eux se sont retranchés dans l’important contrefort de l’Ahmar Kraddou qui domine le canyon de l’oued Abiod. Au débouché de la gorge, ils ont transformé en forteresse le village de M’Chounech, à 20 kilomètres au nord-est de Biskra.

·       Le duc d’Aumale dirige l’opération, avec son cadet, le duc de Montpensier. Ils disposent d’environ 2 500 hommes dont les légionnaires du 2e Etranger.

·       Après avoir pris le village berbère de M’Chounèche, les Français sont bloqués par un dernier bastion, Les éléments des 2e et 31e de ligne, engagés en tête, sont vite pris sous un violent feu ennemi. Laissant à Mac-Mahon la garde du camp installé en contrebas, le duc d’Aumale se place à la tête du bataillon de la Légion.

·       Le bataillon de marche du 2e Etranger, entraîné par le prince, s’illustre lors de l’attaque de l’un des derniers bastions de la résistance, un escarpement rocheux où se sont réfugiés les adversaires, enlevé de haute lutte à la baïonnette. Leur assaut brutal apporte la victoire en limitant les pertes. Le capitaine Espinasse compte parmi les blessés.

·       Cet exploit rapporté au roi Louis-Philippe par son fils, le duc d’Aumale, qui avait pris la tête des légionnaires, vaut un drapeau au 2e Régiment de la Légion.

·       Le récit de cet exploit reste longtemps dans la mémoire des légionnaires.

·       L’assaut de M’Chounèche, nid d’aigle de rochers rouges au-dessus d’un canyon ; là, le duc d’Aumale, descendant de cheval devant Mac-Mahon, avait enlevé ses houseaux : ‘’Je me mets moi-même, à la tête de vos légionnaires !’’.

·       Le duc d’Aumale s’exprime avec éloges sur le compte du 2e Etranger : ‘’Le service est fait avec régularité et une précision remarquable ; l’esprit de corps et la discipline se sont développés sous l’impulsion toute militaire de Monsieur le colonel de Mac-Mahon’’.

11 septembre 1844 : une ordonnance royale donne au 2e Etranger son premier drapeau.

Fin 1844 – début 1845 : révolte de Bou-Maâza dans le Dahra.

·       Les bataillons du 1er Régiment Etranger sont en marches continuelles, à la poursuite du Chérif Bou-Maâza, qui vient de se faire proclamer sultan du Dahra par ses partisans. Ce chef de partisans, Mohamed Ben Abdallah dit Bou-Maâza, l’Homme à la chèvre, jeune chef arabe de 25 ans, surgit et soulève sa région ainsi que l’Ouarsenis. Pour mettre fin à ses manœuvres auprès de tribus ralliées, il faut frapper un grand coup. Le 1er Régiment Etranger participe à une expédition énergique dans les Zibans, commandée par le colonel de Saint-Arnaud. Les combats entre les légionnaires et les Flittas ont lieu sur les hauteurs de Sidi-Ben-Abbed. Placé à l’aile droite, le 2e bataillon débusque l’ennemi de ses positions et le disperse dans les bois. Le 3e bataillon se distingue à son tour au combat d’arrière-garde dans le défilé de Méhab-Gharboussa et contient le feu des Arabes jusqu’à l’épuisement des munitions. Les légionnaires qui se battent à la baïonnette se croient perdus, lorsque les renforts arrivent. Au cours de cette action, Bou-Maâza est blessé par un sergent-major du 3e bataillon. Sa blessure refroidit ses partisans car il avait annoncé qu’il était invulnérable.

·       La répression par le général Aimable Pélissier est impitoyable.

·       Ce combat reste dans la mémoire des légionnaires.

·       L’Affaire du défilé de Mehab-Gharboussa fut un combat exceptionnel d'arrière-garde, digne de la légende du Maréchal Ney à l'arrière-garde de la grande armée en Russie.

Jean Balazuc P.P.P.P.

Sources.

L’Algérie, l’œuvre française de Pierre Goinard – chez Robert Laffont - 1984.

L’Algérie e J.H. Lemonnier – Librairie centrale des Publications Populaires – 1881.

Histoire de la France en Algérie de Pierre Laffont chez Plon - 1980.

La Légion, Grandeur et Servitude – Historama – N° spécial N°3 – XI 1967.

Pieds-Noirs d’hier et d’aujourd’hui.

Histoire de l’Afrique du Nord du Général Edmond Jouhaud – Les 2 Coqs d’Or – 1968.

Les grands soldats de l’Algérie du Général Paul Azan – Cahiers du Centenaire – 1930.

La Légion Etrangère, voyage à l’intérieur d’un corps d’élite de John Robert Young et Erwan Bergot – Editions Robert Laffont – 1984.

Le 1er Etranger de Philippe Cart-Tanneur et Tibor Szecko – Branding Iron Production – 1986.

Histoire de la Légion de 1830 à nos jours du capitaine Pierre Montagnon – Pygmalion – 1999.

Histoire de la Légion Etrangère 1831-1981 de Georges Blond – Plon 1981.

d’Aumale duc, Henri-Eugène-Philippe-Louis d’Orléans, fils du roi Louis Philippe d’Orléans ; né le 16.01.1822 à Paris ; Grand Croix de la Légion d’Honneur le 28.04.1842 ; général de division le 03.07.1843 ; officier de la conquête de l’Algérie ; chef de bataillon au 4e Léger à l’Oued-Djer le 27.04.1840 et à l’attaque du col de Mouzaïa le 12 mai ; lieutenant-colonel au 24e de ligne en 1841 ; colonel en juillet 1841 ; rapatrié ; de retour en Algérie fin 1842 comme maréchal de camp ; commandant de la province du Tittéri, il réside à Médéa ; dans sa folle imprudence, à la tête d’un escadron de six cents hommes, il s’illustre lors de la prise de la smala de l’émir Abd el-Kader, le 16.05.1843 ; lieutenant-général en novembre 1843, commandant de la province de Constantine ; il dirige la campagne contre Biskra et les Aurès en février-mars 1844 ; Gouverneur Général de l’Afrique du 30.10.1847 au 03.03.1848  ou du 11.09.1947 au 25.02.1848 ; il s’exile en Angleterre ; il revient en France après 1870 ; élu à l’Assemblée Nationale comme député de l’Oise du 08 .02.1871 à décembre 1874, et à l’Académie française. Décédé à Zucco en Sicile en 1897 ; à sa mort, le duc d’Aumale fait don de son énorme patrimoine, dont le château de Chantilly, à l’Etat.

 

comteFrançois Charles du Barail,né le 25.05.1820 àVersailles ; à dix-neuf ans, il s’engage dans lesspahisd’Oran, se signale par sa bravoure devantMostaganemen février 1840 ; il est cité à l’ordre de l’armée en 1842 et nommé, cette même année,sous-lieutenant. Décoré pour sa conduite à laprise de la smala d'Abd el-Kader, il obtient le grade de lieutenant après labataille de l’Isly, où il est blessé, et, à la suite des combats devantLaghouat, il est promuchef d’escadronsau5erégiment de hussards. En 1854, M. du Barail estlieutenant-colonelet appelé au commandement supérieur du cercle de Laghouat, qu’il quitte pour passer aux Chasseurs dela Garde. Nommécolonelau1erRégiment de Cuirassiersle 30 décembre 1857, il revient en Afrique, en 1860, à la tête du3eChasseurset prend part, avec deux escadrons de ce régiment, à laguerre du Mexiqueen 1862. Lors de la déclaration deguerre à la Prusse, le 16 juillet 1870, Barail reçoit le commandement d’une division de cavalerie comprenant quatre régiments de Chasseurs d’Afrique. Sa conduite lui valut le grade degénéral de brigade, et le 23 mars 1871 celui dedivisionnaire. Durant laCommune de Paris, il commande le3ecorps d'armée de l'armée régulière dite versaillaise. De mai 1873 à mai 1874, sous la Présidence du Maréchal de Mac Mahon, il estministre de la Guerredans le gouvernement d'Albert de Broglie. On lui doit notamment la loi sur l'organisation générale de l'armée. C'est là que se termine sa carrière. Au moment de la chute de Mac Mahon (1879), les amis deGambettalui signifient sa retraite et il se consacre à la rédaction de ses mémoires. Mort le 30.11.1902.

 

Bugeaud Thomas-Robert, marquis de la Piconnerie, né à Limoges dans la Haute-Vienne le 15.10.1784 ; vélite de la Garde impériale à 19 ans, caporal à Austerlitz ; il combat en Espagne de 1808 à 1814 ; colonel en demi-solde en 1815 ; la Révolution de 1830 lui permet de rentrer dans l’Armée ; promu maréchal-de-camp le 02.04.1831 ; député de la Dordogne du 05.07.1831 au 23.04.1848, hostile à la colonisation ; il arrive en avril 1836 pour dégager le poste de la Tafna et Tlemcen ; il repart d’Algérie en juillet 1836 ; nommé lieutenant-général ; il revient en avril 1837, prend le commandement d’Oran, pour combattre l’émir Abd el-Kader ; Gouverneur Général de l’Algérie et commandant en chef de l’Armée en Afrique du 29.12.1840 au 28.06.1847 ; vigoureux et coloré ; il organise la conquête de l’Algérie avec une pléiade d’officiers appelés ‘’les Africains’’ ; il a le temps d’accomplir une grande œuvre colonisatrice ; Grand-Croix de la Légion d’Honneur le 09.04.1843 ; Maréchal de France le 31.07.1843 ; il bat les Marocains sur l’Isly le 14.08.1844 ; nommé duc d’Isly par le roi Louis-Philippe ; député de la Charente-Inférieure du 26 novembre au 10 juin 1849 ; parlementaire à la parole abrupte et parfois brutale ; mort du choléra à Paris le 10.06.1849.

 

de Mac-Mahon Edme Patrice comte, né à Sully en Saône-et-Loire en 1808 ; il se distingue lors de la prise de Constantine en octobre 1837 ; capitaine, aide de camp du général Nicolas Changarnier en 1840 ; chef de corps du 2e Régiment de la Légion Etrangère en 1843-1844 ; en Algérie en 1852 ; il commande une division pendant la campagne de Kabylie en 1857 ; il se signale pendant la guerre de Crimée avec la prise de Malakoff, et pendant la guerre d’Italie, commandant du 2e Corps d’armée,  avec la prise de Magenta le 04.06.1859 ; duc de Magenta et Maréchal de France en 1859 ; Gouverneur Général de l’Algérie et commandant en chef de l’Armée d’Afrique du 01.09.1864 au 06.07.1870 ; pratiquement vice-roi d’Algérie ; fait prisonnier par les Allemands, après l’humiliation de Sedan, pendant la guerre de 1970 ; libéré pour former l’armée de Versailles, il écrase la Commune en mai 1871 ; élu Président de la République en juin 1873, il démissionne le 16.05.1877 ; réélu, il démissionne à nouveau en janvier 1879 ; mort en 1893.

 

de Montpensier duc, fils du roi Louis Philippe d’Orléans ; il accompagne son frère, le duc d’Aumale, lors de l’expédition sur Biskra en février-mars 1844.

 

Saint-Arnaud Achille comte, né Jacques Achille Leroy, né le 20.08.1801 ; petit-fils de pâtissier ; roturier, il s’invente un patronyme ; sous-lieutenant à 32 ans ; capitaine de la Légion Etrangère, il participe à l’assaut sur Constantine en octobre 1837 ; il gagne la Légion d’Honneur ; il se distingue lors de l’expédition sur Miliana en 1840 ; officier de valeur sous les ordres du général Robert Bugeaud  en Algérie ; colonel, il reçoit la reddition de Bou-Mâaza en avril 1847 ; général avec deux étoiles en 1850 ; après la campagne de Kabylie, il reçoit sa troisième étoile ; commandant les troupes de Paris en 1850-1851 ; ministre de la Guerre le 26.10.1851 ; il organise le coup d’état du 02.12.1851 ; il fait arrêter ses anciens supérieurs, Bedeau, Cavaignac, Changarnier, Charras, Lamoricière et Leflô ; Maréchal de France en 1854, il est nommé commandant en chef de l’expédition de Crimée ;vainqueur des Russes à l’Alma le 20.09.1854 ; mort du choléra sur la Mer Noire le 29.09.1854.