Tel un pitbull, je reviens sur l’enseignement de l’histoire de France.

C’est une véritable crise qui se lit à livre ouvert dans les ouvrages avec lesquels elle est enseignée. Comment pourrait-on faire en quelques années le tour complet de deux millénaires ?

Aujourd’hui, le constat qu’offre les manuels avec leurs devanciers, on ne peut qu’être frappé. Ils préfèrent laisser dans l’ombre les personnages qui ne correspondent plus aux modèles que l’école entend proposer. On privilégie l’étude des documents aux récits, l’analyse des faits sociaux sur l’influence de quelques individus exceptionnels. Les préjugés hostiles à tout ce qui pourrait nourrir le nationalisme ne sont pas absents.

Le premier touché: Vercingétorix, le “malet et Isaac” présentait ce dernier: “héros national gaulois”; avec lui tous les peuples gaulois s’unirent sous sa direction”. Les programmes actuels lui accordent moins d’importance: “En 52 avant JC, un jeune chef gaulois, prend la tête d’une récolte destinée à chasser les Romains”.

Clovis: Le “Malet et Isaac” met en avant ses talents de conquérant et de gouvernant qui sut se rendre maître de toute la Gaule. En comparaison aujourd’hui, les ouvrages s’attardent peu sur le personnage ne lui consacrant qu’un simple paragraphe, quelques lignes survolant la conquête de la Gaule et la collaboration du premier roi Franc avec l’Eglise.

Charles Martel: en 1937, un manuel prend le temps de mettre en lumière la figure charnière de Charles Martel: “C’était un prince guerrier. Il alla combattre les barbares jusqu’au milieu de la Germanie. Il protégea les missionnaires qui évangélisaient ce pays. Il rendit à la France un immense service en chassant les arabes. Les programmes de nos jours Charles Martel est privé de généalogie et de toute histoire antérieure à sa victoire sur les arabes, le personnage et ainsi réduit à la bataille de Poitiers en 732. Vainqueur d’une bataille dont l’issue aurait pu totalement bouleverser le destin de la France en faisant d’elle une terre musulmane. Charles Martel, grand-père de Charlemagne, n’a guère plus de place que celle d’une figure secondaire dans les cours d’histoire.

Charlemagne: le “Malet et Isaac” de 1958, un châpitre entier porte sur son mode de gouvernement: “restaurer de l’ordre, restaurateur des lettres, restaurateurs de l’Empire, il est aussi celui qui institua la féodalité et fit triompher la justice et le Chrisianisme”.

En 2008, Hachette est plus sommaire: Charlemagne mène des guerres pour étendre son royaume, gouverne en divisant. Nous n’en saurons pas plus sur le fondateur de l’Europe. Pas même la date de sa mort (le 28 janvier 814), la nouvelle génération considérant la chanson française passée de mode, il est à craindre que celle-ci ne sache pas qu’il: “a eu cette idée folle, un jour d’inventer l’école”.

J’en passe et des meilleurs en énumérant  ces illustres personnages: saint-Louis, Jeanne d’Arc, Richelieu, Louis XIV, Napoléon, Joffre, Pétain et Foch. Heureusement, il existe encore dans de nombreuses villes en France de nombreuses rues, avenues et boulevards, même…des impasses aux noms de quelques-uns des maréchaux de la “Grande Guerre”. Dans les nouveaux manuels, Joffre, Foch ont disparus, certains élèves pourront quitter le collège, seul verdun a droit à un ensemble de document. Les batailles de la Marne et de la Somme ont disparu avec les généraux qui commandaient l’armée française. Par contre on s’intéresse au concept de guerre totale, à la mobilisation de la population, aux retombées économiques de la guerre et à la propagande plutôt qu’aux détails de la guerre en mouvement. Polémique passéiste, un historien s’exprime au micro d’Europe 1: “on sait bien que l’histoire n’est pas que celle des grands hommes. C’est une vieille idée de droite, voire d’extrême droite, très réactionnaire. On peut très bien imaginer qu’un enseignant décide de raconter la bataille de Verdun du point de vue des soldats. On n’a pas forcément besoin de Pétain”. Le maréchal Joffre dont on mettait en cause les compétences répliqua: “Je ne sais pas qui a gagné la bataille de la Marne, mais je sais qui l’aurait perdue…”

Pauvres de nous…

CM