Jean-Claude Sarrazin devant le monument aux morts de Simiane.

« Le culte du souvenir et la solidarité entre légionnaires sont des traditions qui confirment notre fidélité aux valeurs qui sont les nôtres. »

Nous sommes en l’an 2003, à Simiane Collongue, paisible petite ville située entre Aix en Provence et Marseille.

Jean Claude Sarrazin, alors résident de cette ville et membre de l’AALE du Pays d’Aix et de la Sainte Baume, découvre une petite plaque, posée à même le sol, dans un coin isolé du cimetière municipal.

Sur celle-ci était inscrit un nom : Marius Donadelli et l’ébauche d’une photo jaunie par le temps, précisait la qualité militaire de celui pour lequel avait été réalisée cette plaque tombale.

Intrigué, notre ancien, part à la recherche de la tombe qu’il ne trouve pas et prend l’initiative de déposer la plaque devant le monument aux morts sans oulier de se renseigner auprès de l’ancien maire, monsieur Magnan, au sujet de la tombe de ce militaire.

N’étant pas le Maire aux moments des faits, celui ci se souvient, "vaguement",  qu’il s’agissait d’un ancien légionnaire, fils d’une famille italienne émigrée dans les années 30. La légion « aurait » ramené le corps à la famille qui, n’ayant pas de caveau familiale, aurait demandé à la municipalité de Simiane de l'inhumé sous le monument aux morts. Monsieur l'ancien  Maire ne croit pas du tout à cette version, précisant: "qu’il ne peut y avoir un  caveau secret sous le monument étant construit (selon lui) sur une dalle de plein pied et qu'aucun plan n'existe de ce monument à la mairie. Par contre, certains anciens de la ville se souviennent eux, que la mère du défunt légionnaire fit cette petite plaque qu’elle avait déposée au pied du monument. Cette plaque voyagea à divers endroits du cimetière, au grès des travaux, heureusement, sans jamais disparaître totalement …

 

Pour Jean Claude, l’énigme se transforme en mystère. Il décide d’en avoir le cœur net, d’autant plus qu’il s’agit d’un ancien légionnaire. Persistant dans ses recherches, il s’adresse aux anciens combattants et aux grands anciens du village afin de trouver les traces de la famille Donadelli et surtout retrouver la tombe de notre légionnaire.

Après des semaines de recherches ininterrompues, il apprend de vieilles femmes du village qu’elles gardent le souvenir d’un charmeur, qu’il était excellent danseur tandis que les hommes se souviennent d’un individu peu fréquentable, infatigable coureur de jupons...

Ainsi suivant le cours de ses recherches, il découvre un frère, ancien policier à Marseille, qui garde, comme seul souvenir de son frère, qu'il avait été légionnaire et qu'il avait bien été inhumé au cimetière de Simiane.

Fort des renseignements récoltés, Jean Claude rend compte de sa découverte au président de l’AALE, le capitaine (er) Louis Perez Y Cid.  Celui-ci  fait une demande de renseignements, auprès du Bureau des Anciens de la Légion étrangère à Aubagne, concernant le légionnaire Marius Donadelli. La réponse ne tarde pas et révèle que cet ancien légionnaire avait servi au 5ème régiment Etranger d’Infanterie au Tonkin, fut capturé par les Japonais et contacta la tuberculose dans un camp de prisonniers. Rapatrié vers la France, à l’issue de la guerre, il rejoint l’hôpital des Invalides où il décède. La légion ramena, selon ses propres souhaits, son corps à Simiane, lieu de résidence de sa famille. La boucle semble bouclée… Le temps passant, plus aucune personne ne gardait en mémoire l'endroit où se trouve le corps.

Faisant montre d'une obstination remarquée et remarquable, Jean Claude parvient à obtenir une réunion en mairie avec pour objet:

« Où donc, est passé le corps du légionnaire Marius Donadelli ? ».

 

Sont présents : le maire Madame Pétri qui préside cette réunion, monsieur Magnan, précédent maire, monsieur Decome, ancien conseillé municipal, monsieur Roussel, maire à l’époque de l’inhumation du corps de Marius et les anciens légionnaires Jean-Claude Sarrazin et Louis Perez Y Cid.

Le résultat est sans appel : « la légion a bien remis le corps à la famille, il fut bien enterré au cimetière du village, mais le manque de témoins vivants ne permet plus de recueillir d'autres renseignements ! Point !

Jean Claude, entreprend, néanmoins, de restaurer la plaque réalisée par la mère du défunt, rajoutant une petite fleur aux pétales vertes et rouges, une flamme Légion et la fixe solidement au pied du monument aux morts à l'endroit même où la Mère du défunt avait déposé la plaque à la mémoire de son fils.

Cependant, rien n'expliquait la balade de celle-ci à travers le cimetière. Il note dans un dossier factuel les données recueillies et communique l’ensemble de ses recherches à la Mairie ainsi qu'aux Anciens combattants. Malheureusement, son action devait s’arrêter là, Jean-Claude devait quitter la ville pour déménager ailleurs, par bonheur, une opportunité se présentait, avec l’arrivée au village du capitaine Ardhuin,  officier de Génie Légion qui accepta de poursuivre les recherches...

 

 

 Quelques quinze années plus tard, en 2018, le commandant en retraite Philippe Ardhuin,  élu maire de Simiane Colongue, n’oubliant pas sa promesse, fit procéder à des fouilles sous le monument aux morts et découvre le cercueil du légionnaire qui était bien là où sa mère avait déposé la plaque.

Ainsi donc, l’énigme Donadelli était enfin résolue, mais curieusement pour  monsieur le Maire, un vrai mystère s’imposait: Trois cercueils, de soldats inconnus, morts lors de la Grande Guerre, étaient également présents, une toute autre histoire s'ébauchait...

 

Conclusion heureuse d’une longue recherche effectuée avec constance et ténacité par Jean-Claude Sarrazin, pour retrouver le corps d’un de ses anciens qui avait comme lui, été affecté au 5ème REI, le hasard a voulu que le corps du légionnaire Marius Donadelli, soit retrouvé par un ancien légionnaire du fameux régiment du Tonkin, le 5ème: « Le plus beau, le plus chic, le plus chouette. »

Ce n’est, certes, pas grand-chose, rien qu'une simple et banale anecdote dont personne, peut-être ne se souviendra, mais comment ne pas applaudir l’aboutissement de cette belle histoire qui affiche que solidarité, fidélité et générosité ne sont pas, au sein du monde des anciens légionnaires, de vains mots… c’est cela aussi la Légion !

        

Jean Claude Sarrazin peut être satisfait du résultat de ses recherches, il restera pour nous tous un exemple à suivre.

Bravo Jean-Claude et merci !

                                                                                                                    Capitaine (er) Louis Perez Y Cid.