1955. Le retour de la Légion Etrangère en Afrique du Nord.

La Légion qui revient est bien différente de celle qui est partie en 1946. Si elle a souffert en Indochine, elle a retrouvé son unité. La fraternité des combats, l’arrivée d’une nouvelle génération d’officiers ont éliminé les vieux clivages. Elle forme un corps homogène, avec un encadrement de qualité. Les officiers de Légion de 1955 y sont désormais de leur plein gré. Les affectations systématiques de la période indochinoise n’ont plus cours. Quant aux sous-officiers, l’Indochine les a largement formés. Les vieux briscards sont les nouveaux Maréchaux de la Légion.

 

·

 

       La Légion change de look. Les légionnaires parachutistes portent la tenue camouflée. Pour les autres, le treillis de toile kaki est de rigueur. Le képi blanc est devenu réglementaire en tenue de sortie ou de parade. Si le chapeau de brousse subsiste, il tend à être supprimé par le béret vert. Les légionnaires parachutistes le portent déjà régulièrement.

·       L’armement reste sensiblement celui d’Indochine. Le PM Mat 49, qui a fait ses preuves dans les rizières, est l’arme de prédilection du combattant d’Algérie. Half-tracks et Scouts sont toujours présents ; par contre, des E.B.R. vont être affectés au 1er R.E.C. car les Crabes et Alligators n’ont plus de raison d’être dans les djebels d’Afrique du Nord.

·       Enfin ses effectifs ne vont cesser de diminuer. De 35 000 en 1954, ils chutent à 15 000 en 1962.

Utilisation de la Légion étrangère.

·       Si la Légion pèse peu au regard des chiffres, elle apporte ses professionnels aguerris à côté des recrues souvent mal formées et peu encadrés. Pour bien des raisons inavouables, le commandement s’efforce de ménager ce contingent. La Légion est appelée partout où il y a un coup dur. A elle de donner.

·       Cette Guerre d’Algérie, la Légion va la faire intensément, jamais ménagée, toujours sur la brèche, partout où les risques encourus la font préférer à d’autres.

·       Que de fois une unité de Légion interviendra à la rescousse, prenant à son compte une affaire plus ou moins bien engagée ! Devant un assaut bien mené, on entendra des cris admiratifs des petits gars cloués au sol par le feu ennemi : ‘’Bravo la Légion ; Allez-y la Légion !’’.

·       La Légion le sait. Elle ne l’affiche pas mais en tire fierté. Sa battre est son métier. La gloire est sa récompense.

 

 

 

Après les Viêts, les Fells.

·       Pendant huit ans, les légionnaires vont se battre contre les fellagha, contre les Fells. Rustiques, courageux, marcheurs infatigables, ces Fells n’ont ni l’organisation, ni l’ingéniosité, ni la masse du Viêt-Minh. Leur effectif opérationnel, en un point donné, excède rarement la katiba (compagnie). Les accrochages sont violents mais relativement brefs, deux-trois jours maximum.

·       Accrocher un détachement fell signifie, tout d’abord, trouver le contact, suite à une embuscade, à des renseignements, à une localisation aérienne ou autre.

·       Après quoi il faut le fixer et donner l’assaut. Si la résistance se prolonge, le bouclage de la position ennemi s’impose. Le Fell accroché fait tout pour résister jusqu’à la nuit, afin de profiter de l’obscurité pour s’éclipser. Dans un terrain avec le maquis méditerranéen en zone côtière, la rocaille et les falaises dans les djebels de l’intérieur, l’affrontement se règle au plus près. Le courage, le métier emportent la décision.

Jean Balazuc P.P.P.P.

Source : Histoire de la Légion de 1831 à nos jours du capitaine Pierre Montagnon chez Pygmalion 199.