Editorial du général de brigade Denis Mistral, commandant la Légion étrangère :

Les 14,15 et 16 juin aura lieu le « Congrès international de la Fédération des Sociétés d’Anciens de la Légion Etrangère (FSALE) à Nîmes, organisé avec l’appui du 2ème REI. Ce rassemblement d’ampleur, qui a lieu tous les trois ans, est un moment important dans la vie de nos anciens. Mais pas seulement. C’est un évènement de taille pour l’ensemble du monde légionnaire.

 

La FSALE, héritière de l’USAL est reconnue d’utilité publique depuis 1957, entretient des liens forts avec la Légion dite « d’active ». D’abord, parce qu’elle cultive dans ses rangs les mêmes valeurs que la Légion d’active, car chaque ancien de la Légion les emporte avec lui lorsqu’il retourne à la vie civile. Ensuite parce qu’elle n’a cessé d’œuvrer concrètement depuis sa création en 1960, pour le rapprochement entre cette dernière et les anciens en favorisant le reclassement et l’entraide. Enfin, le COMLE est membre de droit de son conseil d’administration. Lors de son congrès international, elle procèdera au renouvellement des membres de ce conseil d’administration, à la tenue de son assemblée générale et réaffirmera ses valeurs.

La Légion étrangère restera fidèle à l’idée initiale du général Rollet qui batailla ferme dans les années 30 pour que les sociétés d’anciens se regroupent : il savait qu’ensemble et fédérées, elles seraient plus fortes pour défendre les droits des anciens légionnaires que la société avait du mal à reconnaître. Ainsi la FSALE est et restera la seule fédération nationale que la Légion reconnaît et soutient. Les valeurs qu’elle affirme ne se décrètent pas, elles s’entretiennent et se cultivent. Ce sont, entre autres, la solidarité, le souci de l’intérêt général et l’exigence de cohésion.

La solidarité ne s’épanouit que dans la durée. Le légionnaire n’est pas un homme de « coups » : il cultive la constance et la continuité dans la fraternité d’armes. La mise en œuvre de la solidarité légionnaire est la première mission d’une amicale d’anciens : apporter un soutien pour des démarches administratives, aider à reclasser ou soutenir les veuves et les orphelins de légionnaires. C’est aussi grâce à cette solidarité que l’on accompagne, malgré tout, à sa dernière demeure un compagnon d’armes disparu trop seul, sans famille et parfois loin d’une amicale. Dans « amicale », n’y a-t-il pas avant tout le mot « ami » ?

L’intérêt général, qui doit nécessairement passer devant les intérêts particuliers. Derrière la solidarité, il faut s’oublier pour donner plus de place aux autres, pour avoir la volonté de jouer collectif. Des efforts de chacun doit naître le bien-être de tous. Le souci de l’intérêt général se manifeste aussi par le refus de l’instinct de propriétaire, des manifestations excessives de l’ego, de voir la Légion étrangère et ses valeurs être récupérées ou instrumentalisée pour des causes qui lui sont éloignées voire totalement étrangères. Pour cela, les présidents de la FSALE et des amicales sont aussi les garants de la stricte neutralité de leur fédération et associations. C’est d’ailleurs ce que stipule entre autres l’article VII du code d’Honneur de l’ancien légionnaire : « je m’interdis d’impliquer la Légion étrangère dans toute action politique ».

La cohésion, enfin, qui assure l’unité indispensable de la Légion étrangère. L’ancien légionnaire, fier de l’adage « légionnaire un jour, légionnaire toujours », arbore dignement son béret vert et son blazer brodé de l’insigne de son amicale. Il représentera toujours, où qu’il soit, cette Légion à laquelle il est fidèle et qui ne peut aller que d’un bloc, dans l’attachement à l’ensemble de ses valeurs, au premier plan desquelles se trouve cette solidarité étroite qui unie les membres d’une même famille. C’est d’ailleurs comme cela que la Légion étrangère doit savoir d’où elle vient. C’est pour cela que les liens qui unissent la Légion d’active et ses anciens doivent être forts, visibles, au service de l’ensemble comme de chacun. Des liens forts, réaffirmés dans le prochain recueil des traditions de la Légion, car plus que jamais, la FSALE et les amicales qui lui sont affiliées prolongeront dans les années qui viennent l’action de la Légion étrangère. La devise « More majorum », inscrite sur le mur du musée de la Légion étrangère, parfaitement visible depuis l’entrée du quartier Viénot à Aubagne, est là pour nous le rappeler.

Le général Denis Mistral, COMLE: