Dans cet endroit du monde, le cocotier, bien entendu est un rêve... qui a cependant été vécu !

Il peut paraître indécent, voire “malaisé” de s’inviter à ses propres funérailles, cette stratégie est à priori effrayante, mais il n’y a rien de tel pour distinguer ce qui compte vraiment dans notre existence.

 

Quand arrivés en bout de course, nous jettons un coup d’oeil au dessus de notre épaule pour contempler d’un oeil morose notre propre vie et la manière que nous y avons mis pour la gérer… Alors le constat est sans appel, nous aurions voulu nous adonner plus souvent à nos passions et consacrer moins de temps à nous tracasser pour des aspects de vie qui, tout bien considéré, ne sont pas si importants qu’ils paraissaient.

Le résultat ne se fait jamais attendre, c’est un électrochoc qui sera un excellent aiguillon pour se remettre sur le bon chemin et nous faire profiter enfin du temps que notre potentiel santé nous accorde encore au soir de notre existence.

Ces funérailles voulues en forme de jeu de rôle, m’entraînent dans la ville de mon enfance dans un quartier que je connais trop bien, où tous les talus et les recoins me sont familiers.

Ce coin du monde a un visage, une âme, une humeur vagabonde.

Quand j’arrive ici, plus que dans les ailleurs que j’ai fréquenté de par le monde, je me sens encore chez moi, même si le décor a beaucoup changé, j’enfile la peau de mon enfance, je me précipite, à droite, à gauche, je m’arrête, rite incontournable, devant la grande porte de l’église et je m’en vais admirer la mer, rituel presque religieux pour une mise en ambiance réconfortante.

 

J’ai ainsi mes habitudes, j’ai mon banc gris, face à la mer, toujours le même, celui sur lequel  personne ne s’asseoit jamais. Cet endroit insignifiant en apparence est pour moi le centre de la terre comme devait l’être la gare de Perpignan pour Salvador Dali, là où je peux me fondre en symbiose avec ce paysage où il n’y a ni ciel, ni mer, là où je peux me sentir seul face à l’éternité à la plage des eaux de la terre.

Des brassées de vent et de fines goutelettes d’eau éclaboussent mon visage et nettoient ma tête des pensées les plus sombres. J’ai toujours cru que Dieu, lui même, devait se baladait par ici.

L’ambiance est à la méditation profonde aidée en image, arrière plan, par une gamme originale  de gris qui s’assemblent aux verts les plus insolents, accouplements harmonieux qui affichent un lavis opaque et protège d’un soleil impuissant, caché, inopportun.

 

Endroit mythique, mal connu, où il m’est possible de mettre fin à un flot incessant d’idées, ombres nauséabondes d’un assaut de jugements que je suis toujours trop prompt à accorder à mes observations, intolérantes capacités de perceptions soumisent aux préjugés d’une civilisation égoïste qui n'offre qu'un hébergement malsain à une société marchande où tout est ruse et la loyauté combine.

J’applique une méthode inédite, celle de fixer mes pensées grâce à un cérémonial de marches et de contemplations, j’apprivoise ma respiration, je mets un filtre aux idées préconçues, je m’offre le pouvoir de changer mon rapport au monde qui m'entoure.

Je sais qu’un jour je m’arrêterais définitivement quelque part, n’importe où, guidé par le hasard, ce jour là, je viendrais hanter cet endroit où je prendrais la forme d’un tourbillon de sable fou qui viendra s’écraser sur le visage du promeneur solitaire, lui mettre en tête qu’il est grand temps qu’il prenne conscience de profiter du temps éphémère qui lui reste à vivre avant le grand saut pour un ailleurs inconnu.

Ici, j’assiste à mes funérailles, une manière originale et intime qui me fait vite profiter de ma vie… du précieux moment présent que je savoure à sa juste valeur, je partage !

CM