TFAI (Territoire Français des Afars et des Issas) - mai 1976: Suite à la prise d’otages d’enfants à Djibouti effectué par des rebelles somaliens dont l’épilogue s’est terminé au poste frontière de Loyada au début du mois de février; la 13ème DBLE recevait de Métropole des compagnies dites « tournantes » affectées pour une période de quatre mois, un renfort très apprécié pour une mission de protection au profit des ressortissants français et des familles des militaires en séjour sur le territoire.

Sous commandement de la 13, les exercices étaient soutenus par de nombreuses manoeuvres d'entrainement opérationnelles  afin de ne pas être surpris par des éventuelles actions à caractère terroriste qui semblaient incontournables.

Témoignage: "C'est ainsi que la section protection de la 13, que je commandais, était programmée pour exécuter un exercice de transport par hélicoptère le mardi 25 mai 1976, il devait avoir lieu le lendemain même de celui organisé au profit de la 3ème section de la 6ème compagnie du 2ème RE (GOLE).

Ce lundi 24 mai, notre stupéfaction était à son comble quand nous avons appris l’horrible accident survenu à la section du GOLE au cours d’une rotation, où l’hélicoptère la transportant venait de s’écraser dans le talweg « Djadjaboka » situé à 2 kilomètres du poste de Holl-Holl dans le sud de Djibouti.

C’était un vrai bouleversement, je perdais un ami : le sergent-chef Smajil Solic, un de ces camarades précieux qui vous font adhérer sans retenue à l’esprit de famille fraternel qui anime chaque légionnaire."

L’évènement était d’autant plus bouleversant que depuis la guerre d’Algérie, la Légion n’avait pas subi un événement aussi meurtrier. Malheureusement quelques années plus tard, une autre catastrophe devait endeuiller notre communauté, un nord 2501 devait percuter le mont Garbi situé à quelques kilomètres au nord-est du lac Assal.

Une plaque était érigée à la mémoire des morts de ce crash d’hélicoptère.

Lors des obsèques, le Chef de bataillon Michel Guignon, commandant le GOLE prononça une éloge funèbre émouvante:

« Il y a quelques jours nous étions réunis à Arta pour fêter, dans la joie, quatre mois de coopération exemplaire entre le Détachement A.L.A.T du TFAI et le Groupement Opérationnel de Légion Etrangère.

Deux jours plus tard nous devions vivre ensemble en quelques secondes le drame qui nous réunit cette fois dans la peine devant les cercueils de nos huit camarades.

La joie et la peine, la fête et la guerre c’était, vous mes légionnaires, ce que vous étiez venu chercher chez nous.

Vous, sergent-chef Zolic, légionnaire, parachutiste, voltigeur de grande classe, décoré au Tchad, sportif émérite, ancien champion du monde de pentathlon, sous-officier confirmé par douze ans de service, dynamique , enthousiate, vous qui aimiez la vie et l’action, vous qui prépariez à fêter bientôt la naissance de votre troisième enfant.

Vous aussi, caporal-chef Colett et légionnaire Gaumont, coureurs de brousse, rentrés depuis peu des Comores pour revenir de Bonifacio sur Djibouti, vous qui deviez repartir d’ici quelques semaines vers d’autres horizons encore plus lointains. Et vous les tout jeunes qui faisiez ici vos premiers pas de soldat, Bruner, Larier, Galiesier le benjamin du bataillon, frais émoulus de l’instruction, gamins de vingt-ans, venus vivre avec nous l’aventure exaltante des hommes des troupes d’assaut.

Vous êtes morts ensemble en soldat, soyez honorés ici ensemble en soldats.

Par tradition à la Légion, nous ne pleurons pas nos morts, nous les vengeons; il est difficile de se venger du destin, mais nous le ferons quand même en montrant que rien ne peut nous abattre, en poursuivant du même pas lent et assuré vers les tâches qui nous attendent encore; nous le ferons en continuant à servir partout et toujours avec honneur et fidélité, avec valeur et discipline, que nous soyons à Bonifacio, à Djibouti, à Mayotte, ou ailleurs.

Sergent-chef Zolic, caporal-chef Colett, légionnaires Gaumont, Brunet, Larier, Galiesier, nous resterons nous aussi les soldats irréprochables que vous étiez. Au-delà de l’adieu que je vous adresse aujourd’hui, ce sera notre façon à nous de vous rendre l'hommage permanent que vous méritez. »

C'était il y a 43 ans, souvenons-nous !